RH Life : 3 solutions pour aider vos salariés aidants

“Il y a 10 ans, j’ai accompagné ma grand-mère en fin de vie ainsi que l’un de mes enfants atteint de troubles dys. Mais comme 70% des aidants, je ne me reconnaissais pas en tant que tel. Pourtant, concilier ma vie professionnelle et tous les aspects organisationnels était un défi quotidien. Il y a 7 ans, j’ai intégré un programme d'intrapreneuriat chez BNP Paribas dans le but de proposer un service pour accompagner les aidants.

Je suis partie du constat que les moyens financiers ne font pas tout pour aider un proche en difficulté : il y a les déserts médicaux, la pénurie de personnels dans le secteur médico-social mais surtout dans l’aide à domicile, sans compter les lourdeurs administratives… J’ai donc imaginé un assistant personnel dédié avec une expertise sociale, sur lequel l’aidant peut s’appuyer d’un point de vue organisationnel, être soulagé et ainsi gagner du temps”, raconte Christine Lamidel, Directrice générale et fondatrice.

Tilia est un dispositif d’accompagnement qui prend la forme d’une appli couplée à des conseillers sociaux et des assistants personnels dédiés à l’aidant et son proche. Les conseillers accompagnent au montage des dossiers administratifs et les orientent vers les demandes d’aides. Les assistants personnels apportent leur soutien sur des sujets pratiques comme identifier les professionnels qualifiés ou services pour son aidé, réaliser les devis, ou encore coordonner les différents intervenants. Tilia, c’est également un agenda, un carnet de vie et un carnet de contacts partagés pour que l’ensemble des aidants qui s’occupent de la personne vulnérable puissent avoir accès à toutes les informations et prendre le relais si nécessaire.

“Économiquement, une entreprise a tout à y gagner puisque les aidants représentent 20% des effectifs. S’ils venaient tous à s’absenter en même temps, cela aurait un impact réel sur l’organisation, surtout dans de petites structures”, affirme Christine Lamidel. Face à cet enjeu, Tilia a évolué ces dernières années pour intégrer un volet RH, car le maintien des aidants en situation d’emploi est crucial. Beaucoup se retrouvent isolés et voient leur propre santé se dégrader. Et si 64% des RH déclarent avoir mis en place une ou plusieurs actions pour les salariés aidants, ils sont 40% à reconnaître avoir des difficultés à se saisir du sujet. Tillia a donc développé d’autres prestations comme la réalisation d’un panorama de l’aidance dans l’entreprise, des cycles d’ateliers ou des webinars de sensibilisation…

“Peu d’aidants se signalent à leur entreprise par peur d’être stigmatisés et parce qu’ils ne savent pas forcément ce qu’ils ont à y gagner, c’est pourquoi nous commençons toujours nos accompagnements par une phase de diagnostic pour laisser les collaborateurs s’exprimer et mesurer les besoins dans l’entreprise”, précise Christine Lamidel. Et ça fonctionne :  près de 200 000 collaborateurs bénéficient du dispositif d’accompagnement proposé par Tilia !

Depuis sa création il y a 10 ans, Les béquilles du cognitif n’a qu’une seule raison d’être : innover pour accompagner les personnes atteintes de fragilité et leurs proches aidants. “La réflexion est partie autour du post-it qu’on laisse à sa maman dans la cuisine pour lui faire penser à boire de l’eau parce qu’il va faire chaud, ou celui qu’on colle sur le bureau de son fils atteint d’un trouble du spectre autistique pour qu’il n’oublie pas de préparer son sac pour le lendemain. Les fondateurs ont ainsi conçu un assistant mémoriel interactif (AMI pour les intimes) pour remplacer ce fameux post-it, et bien plus encore”, raconte Cybelle Stefani-Rosé, Directrice générale, qui a rejoint l’aventure en 2021 sans se rendre compte qu’elle était elle-même aidante de son mari atteint d’un Covid long.

Pour utiliser Les béquilles du cognitif, il suffit de se munir d’une tablette de n’importe quelle marque. On y installe ensuite le logiciel AMI qui permet de raccorder l’aidant à son aidé. En clair, l’aidant a une appli sur son smartphone et l’aidé utilise la tablette. Sans que son aidé ait à appuyer sur le moindre bouton, l’aidant va pouvoir entrer en communication avec lui qu’il s’agisse de faire une visio, ou encore d’enregistrer un message qui peut même se répéter dans le temps.

Par exemple, “va ouvrir à l’aide-soignante” ou “n’oublie pas ton pilulier”. L’aidé va voir défiler non seulement du texte, mais aussi une photo personnalisée (son pilulier sur sa table de chevet), ainsi que la voix de son aidant. “On complète tout cela avec une vidéo selfie, c’est important pour le lien affectif et pour stimuler l’aidé, surtout dans le cas de troubles neurodégénératifs” précise Cybelle Stefani-Rosé. Et si l’aidé peut toucher du doigt la tablette, il lui est possible d'appeler son aidant.

“Il existe des solutions visant à donner du temps et du répit aux salariés aidants, mais je suis convaincue qu’ils ont avant tout besoin de demeurer dans l’entreprise pour garder du lien social. Les béquilles du cognitif, c’est une solution pratique et pleine d’humanité”, souligne la Directrice générale. Après avoir été sélectionné en phase de test par un programme de l’Union Européenne, le logiciel a reçu en 2022 le prix international de la meilleure solution d’aide aux aidants, et a commencé à intéresser des assureurs comme Harmonie Mutuelle ou encore Malakoff Humanis. “Venant moi-même du monde des mutuelles, je sais que la branche professionnelle recherche des solutions concrètes pour maintenir en emploi les salariés aidants. C’est d’autant plus essentiel qu’un aidant sur trois meurt avant son aidé dans le cas de maladies comme Alzheimer”, ajoute notre interlocutrice.

À la sortie de ses études en 2002, Guillaume Staub crée une solution d’aide au maintien à domicile des personnes âgées et dépendantes. “Les familles que nous rencontrions nous sollicitaient souvent pour d’autres questions comme comment trouver un kiné ou encore quelles étaient les aides auxquelles elles pouvaient prétendre. Nous avons constaté qu’il y avait beaucoup de dispositifs informationnels, mais que les professionnels travaillaient souvent en silo, ce qui finissait par ressembler à un parcours du combattant pour mettre en place les bons dispositifs”, nous explique notre interlocuteur. Suite à ce constat, il lance Prev&Care avec un objectif clair : diminuer la charge mentale des aidants.

Prev&Care est une solution de care management proposée directement aux entreprises. Chaque aidant salarié peut bénéficier d’un care manager dédié qui va l’accompagner dans une notion de parcours de soin, en faisant pour lui, mais avec lui, l’ensemble des démarches. Le care manager apportera des conseils personnalisés, ira chercher les dispositifs adaptés à la situation du proche fragile et mettra en place la mission d’aide, la coordonnera et la supervisera le 1er mois. Des missions, comme la gestion de la sortie d’hôpital de l’aidé, la recherche d’établissements pour personnes âgées ou handicapées, la recherche des aides financières extra-légales… le tout avec une bonne dose d’empathie.

“Les aidants ont une charge mentale énorme qui peut les conduire à une situation de rupture avec leur employeur parce que le sujet est pris en compte trop tardivement”, analyse Guillaume Staub. C’est d’autant plus dommageable que les entreprises peuvent perdre de bons éléments, et que ces derniers auraient certainement préféré continuer à mener leur vie professionnelle, garante du lien social.

Pour les entreprises, l’aidance est un vrai sujet économique avec l’absentéisme, et un fort enjeu pour les RH en matière de fidélisation. Plus globalement, le sujet de l’aidance impacte la RSE, QVT, ou encore l’égalité H/F au sein des organisations. Aujourd’hui, c’est un sujet qui doit obligatoirement être discuté avec les partenaires sociaux. “Cela ne veut pas forcément dire qu’ils vont mettre quelque chose en place, mais il est certain qu’avec l’inversement de la pyramide des âges, l’augmentation des maladies chroniques, les questions d’équilibre vie pro/perso, les entreprises ne pourront plus faire l’impasse”, conclut le fondateur de Prev & Care.