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Allo parents bobo : 5 conseils pour éviter l’épuisement parental

Pas besoin de résider à Matignon pour avoir un agenda de ministre. Prenez deux parents qui bossent à temps plein et vous obtiendrez des calendriers dignes d’une partie de Tetris. Au bout du jeu : de la fatigue, beaucoup trop de fatigue. Alors, comment se prémunir de l’état d’épuisement quand on est jeune parent pour rester au top au travail ?


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Pris en étau entre leur vie privée et professionnelle, les jeunes parents, quels qu’ils soient, sont des marathoniens. Ils courent, tout le temps. Et pour tout. “Leur activité est plus intense sur tous les fronts (voir notre article sur les jeunes parents plus productifs, ndlr). Leurs journées se rallongent en même temps que leurs temps de repos se réduisent comme peau de chagrin”, relève Sandrine Lévy-Amon, psychologue, coach et experte en santé au travail. Pour preuve, d’après un sondage Ipsos, 46% des jeunes parents déclarent ne jamais trouver le temps de faire ce qu’ils veulent.

La sentence ? Irrévocable. 34% des mères reconnaissent vivre un burnout maternel s’alarme l’IFOP, un chiffre qui, admettez-le, donne le vertige. Mais les pères ne sont pas exempts d’anxiété : “beaucoup se mettent la pression, notamment sur la question financière”, explique Boutayna Burkel, fondatrice de The Helper, une société qui accompagne la parentalité en entreprise.

SOS parents au bout du rouleau ?

Selon les statistiques avancées par la Sécurité Sociale, l’épuisement est l’une des cinq premières causes d’arrêt maladie en France. Et les jeunes pères et mères y occupent une part importante : “les parents peuvent facilement être envahis et stressés par les questions domestiques pouvant mener au burnout, à la dépression”, poursuit notre interlocutrice.

Pleinement engagés dans leur vie pro et perso, les parents - une population particulièrement loyale envers son employeur - ont paradoxalement cette étincelle qui les fait malheureusement souvent… craquer.

Ils correspondent d’ailleurs parfaitement à la définition historique de l’épuisement : un état de fatigue chronique et de frustration face à la dévotion à une cause. “Dans le cas des parents, cette frustration peut émaner tant de la vie pro que perso face à un manque de retour, de reconnaissance”, souligne Sandrine Lévy-Amon. Littéralement lessivés, les jeunes parents ne se reconnaissent plus, et finissent par ne plus savoir qui ils sont.

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1 - Parler de ses difficultés

"On peut être à la fois un jeune parent et un actif responsable"

Comme dans toute souffrance psychologique, il est nécessaire de pouvoir s’ouvrir sur ses difficultés de parent travailleur, y compris au travail. “C’est important de pouvoir poser les mots avec neutralité, c’est-à-dire en exprimant ses besoins (la base de la communication non violente, ndlr)”, avance Boutayna Burkel.

Car inutile de faire croire que rien n’a changé depuis que l’on est devenu jeune parent. Bien sûr, “que l’on ne se méprenne pas : on peut être à la fois un jeune parent et un actif responsable, capable de porter et assumer ses objectifs de manière posée”, insiste Boutayna.

Mais l’organisation du travail doit nécessairement évoluer. Le jeune parent a, à la fois besoin de plus de flexibilité dans l’organisation de son temps de travail (pour aller déposer son enfant chez le dentiste par exemple), tout autant qu’il doit bénéficier de prévisibilité dans son agenda (la petite réu surprise de 18H, c’est carton rouge).

2 - S’inspirer des jeunes papas

Quand un père fait ça, on trouve que c’est mignon, alors qu’une femme va sembler rabat-joie”

Savoir exprimer ses besoins, c’est aussi savoir dire non quand c’est nécessaire. Une compétence personnelle que les jeunes parents apprennent à développer au fur-et-à-mesure de leur expérience. Et sur ce terrain, les papas semblent plus doués ! Quand c’est non, c’est non. Vous ne les ferez pas rester au bureau s’ils ont décidé d’aller chercher leur bambin à la crèche.

Sur ce point, il y a ici une forme d’injustice sociale : “quand un père fait ça, on trouve que c’est mignon, alors qu’une femme va sembler rabat-joie”, remarque Boutayna Burkel. Un combat en cours mais qui semble encore subir un certain archaïsme sociétal.

Il n’empêche, notre experte encourage les mères à s’inspirer de leurs comparses masculins pour apprendre à poser des limites, déprioriser, déléguer, de manière franche et assumée. Bref, en faisant un pas de plus vers l’intégration de leur paternité en entreprise, les pères permettent par là même aux mères de déculpabiliser.

3 - S’autoriser le droit à la paresse

Se défaire de l’injonction du parent et travailleur idéal”

Si les jeunes parents craquent autant, c’est surtout parce qu’ils subissent un rythme insoutenable à long terme. Leur prescription urgente : le droit à la paresse. Car les pauses sont essentielles pour se réénergiser et éviter le burnout. Des moments de déconnexion qu’il faut savoir s’imposer car contrairement à la fatigue physique, la fatigue mentale n’engendre pas de signaux précurseurs facilement identifiables.

C’est pourquoi un devoir de lucidité s’impose : “avoir le discernement de se rendre compte de ce qui est possible et impossible à réaliser nécessite une prise de recul, et surtout de se défaire de l’injonction du parent et travailleur idéal”, estime Sandrine Lévy-Amon.

Bref, gare à ne pas se laisser embarquer dans le toujours plus ! “Le renoncement est une clef essentielle pour éviter l’épuisement. Cela va avec l’affirmation de soi évoquée plus haut. On se sent souvent beaucoup mieux après avoir accepté de baisser sa charge mentale à tous les niveaux”, ajoute la psychologue clinicienne.

4 - Ne pas s’oublier

Il faut protéger son temps personnel”

Pour un jeune parent, le lâcher prise peut être un cap difficile à passer. Pourtant, s’octroyer un moment pour soi devrait être une priorité. “Il faut protéger son temps personnel, c’est ce que Virginia Woolf décrit dans Une chambre à soi”, lance Boutayna Burkel.

Pour parvenir à dégager ces moments hors de toute contrainte, le jeune parent doit donc s’octroyer des moments personnels en bloquant en amont des créneaux dans son agenda (voir notre article sur le slack management, ou l’art de (se) donner du mou). Du temps que l’on convertira pour vivre une passion en dehors du travail, ou juste pour profiter de moments de silence.

Dans la vie pro, cela permettra de ne pas se concentrer uniquement sur les tâches urgentes. Autrement dit, sortir la tête du guidon et de l’opérationnel, prendre du temps pour développer ses compétences personnelles, se former, travailler son réseau, et donc ne pas oublier le rôle de la politique au sein de l’entreprise.

5 - Être honnête avec soi-même

Appliquer le modèle d’éducation auquel on croit, et pas celui des magazines “

Dernier point et pas des moindres : la recherche d’alignement tant dans sa vie professionnelle que personnelle. Car c’est souvent la dissonance cognitive qui ouvre la voie au burnout. Il s’agit sans aucun doute du travail le plus profond, et sans doute le plus difficile, à mener pour les jeunes parents.

Cela signifie se libérer des stéréotypes auxquels nous sommes confrontés en permanence, pour tracer notre propre voie. “En termes de parentalité, c’est appliquer le modèle d’éducation auquel on croit, et pas forcément celui promu par les magazines ou la société”, affirme Sandrine Lévy-Amon qui s’inquiète de l’injonction à la perfection qui touche particulièrement la nouvelle génération de parents.

Vous n’avez pas le courage de préparer un gâteau maison à 21H pour la boîte à goûter de votre chérubin ? Pas de raison de culpabiliser d’acheter du Brossard. Et si au contraire, c’est important pour vous, et bien prenez le temps de le faire en renonçant à autre chose. Il en va de même au travail : le désalignement est intimement lié à la fameuse question de la quête de sens dont on entend incessamment parler dans les médias, et qui peut particulièrement frapper un salarié quand il devient jeune parent.

Bref, au bout du bout, le plus important semble encore de se coucher chaque soir en ayant le sentiment d’avoir été suffisamment fidèle à ses propres valeurs.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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