Vous reprenez le travail dans 1 semaine, 3 jours, 1 jour : comment se remettre en route ?

Apéro à gogo, grasses matinées… alors que les journées et les soirées s’étirent pour notre plus grand plaisir, la perspective du retour au travail peut être source de tensions. “En général, plus on part longtemps en vacances, plus la déconnexion est importante”, pointe Lise Monnier, psychologue du travail au sein du cabinet Stimulus. Et le retour d’autant plus rude ?
Difficile de mettre tout le monde dans le même panier !
Pour autant, le retour au travail n’aura pas la même saveur pour tout le monde. Celui-ci est notamment dépendant du niveau de responsabilités : plus on monte en grade, plus la déconnexion totale est difficile (et dépendante du degré d’urgence de la tâche à effectuer et de la possibilité ou non de la déléguer).
Mais cette capacité à couper dépend aussi du rapport que l’on entretient au travail en son for-intérieur. “Il y a des profils plus ou moins anxieux. Donc il est très difficile de donner des conseils standardisés. Pour certains, regarder leurs emails en amont du retour ne va faire que les angoisser davantage. Nous souffrons tous du biais de disponibilité qui nous fait souvent sur-estimer notre charge de travail”, poursuit l’experte.
De plus, certaines périodes de la vie professionnelle nous exposent à plus ou moins d’appréhension à l’idée de revenir au travail : un changement de Direction, une montée en grade, un surplus d’activité, des relations tendues…
Se poser les bonnes questions
En clair, plus on entretient un rapport apaisé au travail, moins l’on aura d’appréhension à retourner au boulot. Pour certaines personnes, nul besoin de sas de transition : elles sont en mesure de reprendre sans avoir mis le nez dans leurs emails. “C’est l’idéal puisque les vacances sont faites pour se reposer. Cela permet de se prémunir de l’épuisement professionnel qui est un effet d’accumulation”, affirme Lise Monnier.
Même avis du côté de Julie Garel, psychanalyste, coach et conférencière qualité de vie au travail : “il n’y a pas besoin de sas pour ceux qui souhaitent simplement continuer sur la même lancée d’avant les vacances”. La vraie question à se poser à l’aube de la rentrée est donc : est-ce que je souhaite voir quelque chose changer ? Si tel est le cas, vous pouvez profiter de la fin des vacances pour vous remettre en ordre de marche.
Établissez votre plan d’action !
Une semaine avant la rentrée :
Écoutez votre corps et ce qu’il vous dit. “Quand on est parfaitement aligné, on ne ressent pas cette boule au ventre qui nous indique que l’on est en conflit intérieur, que l’on contrarie son naturel ou sa personnalité”, explique Julie Garel. Quand ces désaccords ne parviennent pas à la conscience, souvent parce qu’on les refoule, ils viennent s’imprimer dans le corps qui devient alors un précieux guide. L’idée n’est donc pas de rejeter ces signaux qui peuvent être désagréables, mais de chercher à comprendre ce qu’ils disent de manière sous-jacente.
Trois jours avant la rentrée :
Pour tenter d’éclaircir ce qui se trame au fond de vous, Julie Garel propose un simple exercice. Une petite liste de vos envies, ou plus précisément de ce que vous voulez conserver dans votre vie professionnelle, et de ce que vous ne voulez plus. Pour vous aider, replongez-vous dans votre dernière année de travail et posez-vous ces questions : quel est votre rapport personnel à votre job ? Est-il le fruit d’un héritage familial ? Votre environnement de travail vous convient-il ? Quelles sont vos relations avec vos collègues, votre hiérarchie ? Vous sentez-vous reconnu ? Avez-vous l’impression d’être au bon niveau de challenge ? Êtes-vous aligné avec les valeurs de votre entreprise ?
Un jour avant la rentrée :
Une fois cette liste établie, mettez sur pied un plan d’action. C’est clairement le meilleur moyen de lutter contre l’anxiété. Julie Garel propose un plan sur les 3 à 6 mois pour faire en sorte que tout change, si tel est l’objectif. Cela peut passer par différents leviers comme remettre du cadre sur sa disponibilité, que l’on soit manager ou collaborateur (la question du temps est souvent source de frictions). Peut-être aussi qu’une mobilité interne pourrait être mise sur la table. La rentrée peut également donner des velléités de départ, car on prend conscience que certaines fractures sont irréparables, comme un conflit de valeurs qui peut toucher à la raison d’être de l’entreprise. “Ce changement de posture permet de reprendre du lead sur soi. Se remettre en mouvement est précisément ce qui permet de lutter contre l’anxiété qui a tendance à nous paralyser”, analyse Julie Garel.
Faut-il se recaler comme les petits ?
Outre ces questions philosophiques, le changement de rythme induit par le passage “vacances > travail” n’est pas sans impact sur notre chronobiologie. “Il y aura forcément un décalage par rapport au rythme de croisière au travail”, reprend Lise Monnier. En outre, n’imaginez pas une seconde être capable de reprendre le travail comme si de rien n’était. Durant les deux premières semaines de reprise, cette cassure risque de provoquer de la fatigue, et parfois un sentiment d’échec pour ceux qui espéraient retrouver immédiatement leur niveau de performance habituelle.
“C’est pourquoi je recommande vivement de bien séquencer son travail à la rentrée en ne surchargeant pas sa to do list. Surtout, il peut être intéressant de se ménager des plages de concentration pour avancer sans se sentir submergé”, ajoute la consultante Stimulus. Elle recommande par ailleurs des méthodes d'organisation du travail : pour prioriser, la matrice d'Eisenhower, et pour réguler les capacités attentionnelles, la méthode Pomodoro.
Le retour au travail doit donc s’accompagner d’un soupçon de bienveillance envers soi-même. Pour mieux transitionner, on peut essayer de se coucher un peu plus tôt les jours qui précèdent le retour au bureau, mais aussi de réadapter son alimentation ou encore de faire du sport ou de la méditation afin de gérer son stress, si stress il y a. La prise de mélatonine (l’hormone du sommeil) peut aider à se réguler dans les premiers temps, tout comme des plantes adaptogènes à l’instar de la Rhodiola qui peut aider lors de cette transition. “Mais il faut bien comprendre qu’il n’existe aucune solution miracle. Nous ne sommes pas des robots qui peuvent reprendre à 100% comme si de rien n’était. De même que l’on peut avoir du mal à déconnecter immédiatement en arrivant en vacances, le retour est généralement graduel”, conclut Lise Monnier.