société

Plutôt que de lézarder pendant les vacances, ils préfèrent le bénévolat

Alors que le commun des mortels préfère recharger les batteries sur un coin de serviette, d’autres, comme Romain, Audrey et Delphine, choisissent de consacrer leurs congés à une mission humanitaire. Qu’est-ce qui motive leur choix ? Et surtout, quel impact cela a sur leur vie pro ?


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- Audrey : “Bénévolat et travail : je préfère avoir mes deux vies séparées”

Audrey a 39 ans, deux jeunes enfants et travaille chez Toyota Material Handling depuis 11 ans. Avec son mari, elle a monté River Protect, une association visant à dépolluer la Marne. En plus d’être maman déléguée et investie dans l’asso de l’école, elle a également lancé sa propre association pour faire vivre son village à travers des événements et des rencontres.

L’idée m’est venue après le Covid. Je voyais que les gens étaient de plus en plus isolés”, raconte-t-elle. Au final, son implication auprès de ces deux associations exige qu’elle utilise plus d’un tiers de ses RTT et congés payés, sans compter les week-ends qui lui servent le plus souvent à mener des actions.

Mais comment fait-elle pour déployer une énergie digne d’une pile Duracell ? “Personnellement, ça ne me coûte pas de faire ça. Le farniente, ou les écrans, ce n'est pas trop ma mentalité. Et puis forcément, je lâche sur d’autres choses. Par exemple, l’entretien de ma maison n’est pas ultra carré”, concède-t-elle.

Toutefois, si l’infatigable Audrey devait émettre un petit bémol, ce serait de manquer de temps pour faire d’autres activités avec ses enfants qui se plaignent parfois de la situation. “Je pense toutefois que nous leur apportons autre chose. Par exemple, quand ils passent une super fête d’Halloween dans leur village avec leurs copains, c’est grâce à l’asso”, analyse-t-elle.

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Quand j’ai un coup de mou dans mon job ou mon association, l’un ou l’autre me sert de soupape

Et si vous lui demandez derrière quoi elle court, Audrey vous répondra que ce n’est certainement pas derrière son égo. D’ailleurs, elle déteste se mettre en avant. Par exemple, ses collègues ne sont pas au courant qu’ils partagent leur lunchbox avec wonderwoman. “Je le fais avant tout car j’aime me sentir appartenir à mon territoire, m’engager pour la nature et les humains qui m’entourent ”, confie Audrey.

Mais alors, plutôt que de travailler bénévolement, pourquoi notre energizer bunny ne choisit-elle pas un projet professionnel dans lequel elle pourrait exprimer à 100% ses engagements ? “Je préfère avoir mes deux vies séparées. Notamment parce que quand j’ai un coup de mou dans mon job ou mon association, l’un ou l’autre me sert de soupape. Après, c’est sûr, je serais bien incapable de travailler dans une entreprise qui ne met pas l’humain au centre. Mais c’est heureusement le cas de mon employeur actuel”, observe-t-elle.

De plus, elle apprécie pouvoir se mettre en seconde ligne dans son job de salariée quand elle doit sans cesse être au front pour son association. Sans compter que son emploi lui permet de conserver une liberté financière lui octroyant la possibilité de financer des projets qui lui tiennent à cœur. Bref, le combo gagnant pour Audrey !

- Romain : “Le retour à la réalité peut être difficile, mais on repart plein d’énergie”

Romain a 30 ans, il est en couple, et travaille en tant que Responsable d’affaires dans le bâtiment. En décembre dernier, il a posé trois semaines de congés payés pour partir en mission humanitaire au Cambodge avec l’association Pour un Sourire d’Enfant. “J’étais déjà parti deux fois durant mes études, j’avais envie d’y retourner une dernière fois, car j’avais un sentiment d’inachevé. En plus, j’ai eu la chance de pouvoir partir avec ma compagne”, raconte-t-il.

Sur place, Romain est coordinateur et doit former une vingtaine d’animateurs qui vont accompagner les enfants autour de différentes activités, à la fois ludiques, éducatives et médicales. Une mission durant laquelle il a beaucoup appris, tant personnellement que professionnellement. “Là bas, on est obligés de se mettre dans une posture d’humilité et d’écoute. Et cela me sert dans mon job où je dois aussi m’appuyer sur le terrain pour prendre les bonnes décisions”, analyse-t-il.

La futilité de certaines prises de tête au boulot était encore plus criante après avoir vu des enfants continuer à sourire malgré des parcours chaotiques

Mais consacrer plus de la moitié de ses congés annuels pour une mission très énergivore n’est pas sans conséquences. De plus, Romain a enchaîné immédiatement, sans avoir ne serait-ce qu’un seul jour pour faire tampon entre la mission et son job. “Je n’ai pas eu le temps de digérer, et le retour à la réalité a été un peu difficile. La futilité de certaines prises de tête au boulot était encore plus criante après avoir vu des enfants continuer à sourire malgré des parcours chaotiques. Et puis, je ne savais pas trop comment parler de ce que j’avais vécu à mes collègues”, confie le jeune homme.

Alors, il y a bien eu des jours où Romain a eu envie de tout plaquer. “Ce n’est pas toujours facile de trouver du sens au quotidien. Mais j’ai aussi beaucoup à apprendre dans mon job. Et puis, quand on rentre d’une mission comme ça, on est à nouveau plein d’énergie pour la suite”, analyse-t-il.

Dans l’immédiat, le trentenaire ne projette pas de repartir en mission humanitaire longue, voulant se consacrer à d’autres projets plus personnels, comme construire une famille. Mais une chose est certaine, il n’est pas près de lâcher Pour un Sourire d’Enfant à qui il consacre 3 ou 4H de son temps par semaine afin de donner l’envie à d’autres de partir vivre cette expérience unique.

- Delphine : “Ce genre d’engagement me permet de me sentir utile”

Delphine a 43 ans, elle est opticienne, et mère de trois enfants. Récemment, elle a posé deux mois de congés sans solde pour accueillir le jeune Alseny lors de son opération cardiaque en France. Âgé de 9 ans et originaire de Guinée, il a bénéficié du financement de Mécénat Chirurgie Cardiaque. “J’ai découvert cette association à la télé il y a plusieurs années. Avec mon mari, nous voulions faire office de famille d’accueil, mais c’était resté dans un coin de notre tête”, raconte-t-elle.

Le déclic vient lors d’un tour de l’Europe du sud en camping-car durant une année sabbatique. “Mes filles ont à leur tour entendu parler de l’association dans un reportage, et nous ont demandé : pourquoi ne le fait-on pas maintenant ?”, se souvient Delphine. Et comme nul ne sait de quoi l’avenir sera fait, la famille se lance. Un sacrifice financier pour le foyer mais qui n’entrave en rien sa détermination.

Alors, à peine revenue au travail (huit mois plus tard), l’opticienne demande à son employeur de poser deux mois de congés sans solde. “À mon grand étonnement, ça a été très bien accueilli par ma direction. Tout ce qu’ils m’ont souhaité, c’est de revenir encore plus en forme”, raconte-t-elle. Quant à ses collègues, ils la soutiennent pleinement.

Ce n’est pas que je n’aime pas mon travail, ou qu’il est inutile, mais permettre à un enfant de réparer son coeur, c’est quand même très symbolique

Au final, cette aventure profondément humaine lui aura beaucoup apporté. Toute la famille s’est investie pour que le petit Alseny se sente bien, mais aussi qu’il reparte de France en maîtrisant mieux la langue, ce qui lui servira dans sa vie future. Une expérience que Delphine qualifie de donnant-donnant, tant elle aura apprécié les sourires du jeune garçon, tout autant que la découverte de sa culture, son éducation. “Quand on l’a redéposé à l’aéroport, il était heureux. Bien entendu, cela nous a fait un pincement au cœur car il est probable que nous ayons peu de nouvelles à l’avenir”, raconte la mère de famille.

Elle conclut : “ce genre de projet me permet de trouver du sens. Ce n’est pas que je n’aime pas mon travail, ou qu’il est inutile, mais permettre à un enfant de réparer son coeur, c’est quand même très symbolique. Nous avons eu le sentiment d’avoir accompli notre mission, et ça, c’est très gratifiant !”. Et pour celles et ceux qui souhaiteraient faire comme Delphine, et devenir une famille d'accueil, toutes les infos sont sur le site de Mécénat Chirurgie Cardiaque.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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