société

Identité de genre : Une carte bancaire pour plus d’inclusion

Pour lutter contre l’exclusion financière, MasterCard a créé une carte bancaire qui donne la possibilité d’y mettre le nom que l’on a choisi. Une idée simple d’apparence mais à l’écho puissant sur le fond. Explications.


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💡 Petit rappel avant de lire cet article
  • L'identité de genre est la certitude d'être « homme », « femme », ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois.
  • Il existe autant de nuances et d’identités de genre que de personnes.

Saviez-vous que la carte bancaire n’est pas un titre d’identité ? Et pourtant, c’est un des éléments clés de notre quotidien. Il nous sert à tout, ou presque. À manger, bouger, acheter, consommer, se déplacer… et très souvent aussi à nous identifier. Mais que se passe-t-il quand le nom ne correspond pas à la personne ? Quand l’identité et le genre ne se conjuguent pas ? Une exclusion qui ne dit pas son nom, mais qui concerne de plus en plus de monde.

Une carte, c’est vraiment utile pour lutter contre l’exclusion ?

”TrueName”, ou “véritable nom” en VF : c’est le nom de la carte bancaire “inventée” par MasterCard. L’idée est simple : y apposer le nom que l’on a choisi et non celui qu’on nous a donné. Pourquoi ? Pour éviter l’exclusion. Mais comment une carte pourrait-elle avoir un tel pouvoir ? “Un exemple tout bête, tu es chez un commerçant, à l’hôtel ou pour louer une voiture : si le prénom sur la carte ne correspond pas à l’identité avec laquelle tu vis, c’est un moment de stress, d’embarras, de violence ou tout simplement un refus”, nous explique Geoffroy Seghetti, vice-président marketing et communication de Mastercard Europe occidentale. N’ayant jamais été dans ce cas-là, je n’aurais jamais imaginé tout cela.

Même dans une situation plus personnelle, il peut y avoir des soucis. “Au moment de payer l’addition avec tes amis au resto, en posant ta carte : il y a ton prénom dessus, tu racontes déjà quelque chose. Le fait que ça puisse provoquer une gêne, c’est un facteur d’exclusion. On n’a pas forcément envie à chaque fois d’expliquer, de faire comprendre, de justifier. Même si c’est bienveillant, on n’a pas forcément envie de parler de nous tout le temps, on a parfois envie d’être transparent aussi”, estime-t-il. Anonyme et banal, tout simplement.

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C’est légal une carte avec un autre nom ?

“La carte bancaire, contrairement à ce qu’on pense, n’est pas un titre d’identité. C’est un porteur d’identité, comme la carte vitale finalement”. Changer de nom, ça se fait en mairie et c’est simple (du moins normalement). Mais changer de genre peut-être plus lourd.

“Quand certaines personnes lancent un parcours législatif de changement de genre, tu dois arriver avec des preuves administratives que tu as déjà enclenché un changement. C’est le serpent qui se mord la queue. On s’est donc dit : “qu’est-ce qu’on peut faire ?” Et en discutant avec les gens concernés, on s’est rendu compte qu’il y avait un sujet avec le prénom sur la carte”, rembobine-t-il. C’est un concept finalement tout simple. ça apporte de la simplicité et de la sécurité, ou plus exactement de safety (sentiment de confiance et de sécurité en même temps, ndlr) pour des personnes qu’on marginalise et/ou qu’on n'inclut pas correctement dans la société”.

La France est-elle en retard sur les sujets d’identité de genre ?

D’abord lancé aux Etats-Unis en 2019, le programme TrueName a débarqué en France en 2023 avec la banque Nickel, unique pour le moment. D’autres grands établissements traditionnels pourraient-ils suivre ? La réponse de Geoffroy est à la fois pleine d’optimisme et de réalisme. “Attendre d’avoir un émetteur, c’est prendre le temps, c’est plus de 18 mois de cycle de vente. Pour nous, c’était perdre du temps sur un sujet sur lequel il ne fallait plus perdre de temps”.

La France serait-elle encore un peu frileuse sur ces sujets d’identité de genre ? C’est moins de la frilosité que de l’ignorance. Au début, je pensais que c’était simple à comprendre, et c’était mon erreur. Parfois il faut partir de zéro, et finalement l’inconfort nait de l’ignorance et non par non-envie de le faire. Et tout ça prend du temps”. L’éducation, c’est de la répétition, c’est ce qu’on dit.

“Mais en France on a encore un peu de retard sur les questions de diversité et d’inclusion”, relance-t-il. “On parle encore de la place des femmes et de l’équité de traitement, c’est dire d’où l’on vient. Quand on n’a pas fini de traiter ce sujet-là, c’est difficile de s’attaquer à d’autres”.

Aujourd’hui, plus de 5% des Millenials et de la GenZ se considèrent comme non-binaires, selon une étude menée par MasterCard et “54 % des personnes interrogées affirment comprendre les individus qui ne souhaitent pas s’identifier en tant qu’homme ou femme”. “Il y a quelque chose qui se passe et qui va devenir de plus en plus conséquent avec le temps”, promet Geoffroy Seghetti. Et faire partie du changement, c’est faire partie des solutions.

Pour creuser la question de l’identité de genre, plus d’infos ici.

Yannick Merciris

Head of Editorial The Daily Swile

Journaliste qui aime autant les mots que le ballon rond. Vu que je gère mieux le premier que le second, j’ai décidé […]

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