IKEA : Les méthodes insolites de recrutement du géant suédois
Au sein d’une unité IKEA de Châtres (77), un process pas comme les autres a vu le jour : il consiste à faire jouer une partie de ping pong aux candidats avant de les recevoir en entretien. Si l’objectif n’est clairement pas de recruter un futur médaillé olympique, quelle mouche a donc piqué le géant suédois ?
Les gouttes de sueur qui perlent sur le front, le regard fuyant, les mains qui grattent la tête ou le nez : c’est pour éviter de se retrouver avec des candidats qui se liquéfient pendant leur entretien d’embauche qu’Olivier Bouteille, People & Culture Manager chez IKEA, a mis en place un process original : faire jouer une partie de ping pong aux candidats avant de commencer l’entretien d’embauche.
“Lorsque je suis arrivé chez IKEA, j’ai reçu des candidats qui étaient très troublés en entretien d’embauche. Je dirais environ un candidat sur trois ou quatre. Et c’est dommage, car on peut passer à côté de certains talents qui sont malheureusement bloqués par l’enjeu du recrutement”, explique notre interlocuteur.
Ping pong theory : et si vous jouiez à la petite balle ronde avant de passer un entretien ?
Une initiative - nous précise-t-il - propre à la cellule qu’il gère. En effet, chez IKEA, la première étape du recrutement est centralisée : tous les candidats passent un entretien de présélection avant d’être envoyés vers chaque unité. Lors de ce premier entretien, la motivation du candidat et les valeurs de l’entreprise sont mises en avant afin de vérifier l’adéquation avec le candidat. Les aptitudes de leadership, très importantes pour l’ensemble des collaborateurs du géant Suédois, sont également prônées.
Ensuite, chaque unité est responsable de son recrutement et encouragée à innover dans le respect des valeurs de l’entreprise. Elle peut donc le mener comme bon lui semble. “Dans l’absolu, IKEA est une entreprise qui veut bousculer les codes et dans laquelle il fait bon vivre, c’est pourquoi il était important selon moi de donner le ton dès la phase de recrutement afin de montrer qui nous sommes”, explique Olivier Bouteille.
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Prendre à revers le recrutement traditionnel
Concrètement, au sein de cette unité, plusieurs choses ont été mises en place pour briser la glace. Déjà, les candidats sont tutoyés dès le départ (sauf refus express de leur part), puis reçus autour d’un thé ou café dans le restaurant d’entreprise pendant une dizaine de minutes, afin de faire connaissance et parler de tout et de rien.
Puis c’est là que la partie de ping pong prend le relais. Pas question ici de juger le coup de raquette ! “C’est vraiment pour détendre l’atmosphère, il ne s’agit pas non plus d’analyser le comportement de la personne. On sait que les émotions positives contribuent à diminuer le niveau de stress, c’est cela l’objectif premier”, affirme Olivier Bouteille.
Les candidats ne sont pas pris par surprise puisque le process leur est bien explicité par téléphone au préalable. “C’est important de dire pourquoi nous faisons cela, car il est déjà arrivé qu’une candidate soit très mal à l’aise pendant la partie, ce qui est complètement contre-productif”, raconte-t-il. En général, les candidats prennent plutôt bien l’annonce au téléphone et l’humour s’invite rapidement dans la discussion. “Il m’est quand même arrivé une ou deux fois que les gens me demandent si j’étais vraiment sérieux”, confie notre interlocuteur.
Lutter contre le biais de désirabilité
Une fois la partie de ping pong passée, les candidats passent en entretien, mais là encore, rien de classique : pas de repasse du CV ! Il s’agit plutôt de permettre au candidat de se projeter dans un poste futur chez IKEA, et voir comment il pourra tirer profit de ses expériences passées pour réussir ce défi. Et c’est là que la partie de ping pong porte ses fruits. “En entretien, j’ai envie que la personne soit authentique, telle qu’elle sera par la suite si elle nous rejoint. En partageant ces moments informels au préalable, j’ai constaté que l’échange est davantage d’humain à humain et moins de recruteur à candidat”, poursuit le People & Culture manager d’IKEA. Il s’agit notamment de lutter contre le biais de désirabilité sociale qui nous pousse à porter un masque dans ce type de contexte professionnel.
Au final, le retour de balle est extrêmement positif pour notre interlocuteur en matière de recrutement. “Cela me permet d’avoir une lecture plus fine de la personne en face de moi dans la mesure où le candidat est détendu pendant toute la durée de l’entretien”, observe Olivier Bouteille. Et puis, s’il est difficile de mesurer à quel point le process a pu influer sur le choix d’un candidat de rejoindre ou non IKEA, on sait que 78% des candidats affirment que les processus d’entretien et de recrutement sont révélateurs de la valeur que l’entreprise accorde à son personnel selon cette étude.
Puisque le recrutement est la première étape de l’expérience collaborateur, ce genre d’initiative permet de faire vivre la culture d’entreprise dès les prémisses de la relation. Sachant que tous les collaborateurs de l’unité IKEA de Châtres (77) peuvent effectivement jouer au ping pong sur leur temps de pause ! “De plus, mettre à l’aise les candidats est d’autant plus important à l’heure où la gén Z fuit le management autoritaire pour un management participatif”, conclut notre interlocuteur. Sans oublier les petites anecdotes rigolotes comme celle d’un candidat qui hésitait à acheter une table de ping pong… avant de céder à la tentation après avoir testé une partie en recrutement !