Salarié en CDI VS Freelance : Quand utiliser l’un ou l’autre ?
Alors que le nombre de freelances ne cesse de croître dans le monde (+7% entre 2016 et 2021), la Talent Economy est en plein essor. Autrement dit, le recours par les entreprises à des freelances hautement qualifiés. Mais dans quels cas le freelance gagne-t-il par KO ? Et quels sont au contraire les écueils à éviter ?
Ils œuvrent en solitaire ou en collectif, travaillent via des plateformes ou des cabinets d’interim, créent à eux seuls des business à 6 chiffres : la nébuleuse des indépendants est chaque année plus scintillante. “Ce qui a changé au fil des années, c’est surtout qu’ils sont de plus en plus qualifiés. Autrefois, on faisait appel à eux dans un objectif de réduction des coûts, ce qui n’est plus vrai aujourd’hui”, introduit Marie Cloé Dugain, Doctorante en sciences de gestion et qui travaille une thèse sur le sujet.
Les raisons de préférer un freelance à un salarié en CDI sont donc plus complexes qu’un simple coup de ciseau dans la masse salariale. Reste que “le choix va dépendre de la phase de développement d’une entreprise, son focus et ses priorités du moment”, résume Jean de Rauglaudre, cofondateur et CEO de Collective.work, la première plateforme dédiée aux collectifs de freelances.
“Freelance, quand ai-je besoin de toi ?”
#1 - Couvrir un besoin ponctuel
La cause la plus classique de recours à un freelance est le besoin de déployer une ressource sur un projet précis. “L’entreprise va avoir un besoin court-termiste, urgent, et ne dispose pas des compétences en interne”, résume Dominique Podesta, Partner au sein de LOUIS DUPONT Transition, cabinet de management en transition.
Il peut s’agir par exemple de se positionner sur un sujet très précis comme l’IA, ou encore de faire appel à une équipe de vidéastes pour capter un événement. “Une entreprise peut aussi aller chercher une sensibilité particulière auprès d’un freelance, ou une expertise très rare”, ajoute Sandrine Matichard, Chief Business Officer chez Emova.
#2 - S’autoriser à explorer
Tester un nouveau marché ou un nouveau produit en construisant un MVP (Minimum Viable Product) : voilà le genre de configuration que Jean de Rauglaudre rencontre souvent parmi les clients de sa plateforme. “Nous avons beaucoup de startups qui font appel à des collectifs sur ces phases d’exploration, parce qu’elles n’ont aucune certitude sur le long terme pour ces sujets de testing”, explique-t-il.
De son côté, Sandrine Matichard souligne que le recours à un freelance peut être le préalable à une embauche en CDI, “mais comme il s’agit d’une activité en développement, les entreprises ne peuvent pas immédiatement prendre le risque d’un contrat sur le long terme”.
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#3 - S’offrir un talent hors d’atteinte
Parfois, le recours au freelancing s’impose de lui-même, car la population ciblée est difficile à attirer en interne. C’est notamment ce qu’observe Dominique Podesta sur les fonctions tech : “certaines entreprises n’ont pas les moyens de former cette population qui cherche à assurer son employabilité en permanence”. Cela est particulièrement vrai pour les entreprises qui n’ont pas un ADN tech suffisamment fort pour permettre à leurs talents de se confronter aux évolutions de leur métier.
#4 - Gagner en vélocité
Parfois, une entreprise choisit de recourir à un freelance plutôt qu’à un CDI, car elle est dans une phase d’accélération. “Avoir un renfort, que ce soit dans les équipes tech, produit ou contenu peut apporter une vraie plus-value”, souligne Jean de Rauglaudre.
L’autre avantage du freelance est qu’il n’a pas de préavis et peut venir travailler du jour au lendemain, quand un process de recrutement dure en moyenne 6 mois, ce qui peut être beaucoup trop long pour une entreprise en pleine croissance. “Le recours au freelance a donc du sens quand on n’a pas le temps d’attendre. De même, le recours au management de transition est cohérent quand l’enjeu est stratégique et/ou confidentiel et que les équipes internes ne disposent pas des sourcings suffisamment agiles pour effectuer le recrutement”, affirme Dominique Podesta.
#5 - Apporter de la flexibilité à la masse salariale
Même si cette logique est de moins en moins présente, le recours à un freelance se justifie aussi par la nécessité d’avoir davantage de flexibilité dans sa masse salariale, surtout lorsque l’on est une entreprise de grande taille. “C’est ce que l’on appelle la politique du risk management”, affirme le CEO de Collective.work. Et les récents licenciements en masse dans le monde de la tech prouvent que ce besoin de flexibilité est plus fort que jamais.
#6- Pimper ses équipes en interne
On peut enfin choisir d’ajouter des ressources externes à ses équipes pour les dynamiser. “Par exemple, Pernod Ricard dispose d’un collectif de consultants externes appelé The Mix qui permet d’assurer un esprit d’open innovation”, illustre Jean de Rauglaudre.
Pour Sandrine Matichard, les freelances de la Talent Economy ont effectivement beaucoup à apporter aux entreprises : “ils peuvent se nourrir de leurs expériences dans de multiples structures et apporter un regard nouveau, notamment en croisant des pratiques de secteurs qui n’ont rien en commun ”. Pour Marie Cloé Dugain, les freelances ont effectivement de nombreuses cordes à leur arc : “ils savent travailler sur plusieurs projets en même temps, avec un fort niveau d’autonomie”.
Un p’tit conseil pour la fin ?
Avant de se lancer dans une collaboration avec un freelance, il est nécessaire de s’assurer que l’on a mis en place les bonnes pratiques afin d’apporter la meilleure expérience possible à ce talent. “La fidélisation des freelances est aussi importante que celle des CDI, surtout quand il s’agit de talents pointus. Il ne faut donc pas les oublier quand on communique en interne ou encore que l’on célèbre les victoires”, conclut Sandrine Matichard.