Saviez-vous que votre manager a autant d’influence sur vous… que votre conjoint‧e ?
Et si on vous disait que votre manager avait autant d’influence sur vous que votre cher‧e et tendre ? C’est ce que révèle une récente étude qui a sondé des travailleurs du monde entier.
Depuis que nous sommes passés par la case “pandémie mondiale”, on peut dire que notre santé mentale en a pris un coup : 17% des Français souffrent d’un état dépressif et 24% d’un état anxieux, selon une étude de Santé publique France. Des valeurs qui restent élevées par rapport au seuil d’avant pandémie…
Cet état psychologique fragilisé nous a amené à reconsidérer tous les aspects de notre vie, et le travail n’y fait pas exception : en témoigne une enquête menée par Walr pour le Workforce Institute de UKG — un éditeur de solutions RH — entre le 16 septembre et le 1er octobre 2022, repérée par L’ADN. L’objectif de cette étude ? Sonder 3400 employés dans 10 pays (dont la France) sur des questions liées à l’emploi, en particulier sur la problématique du stress au travail et de son impact sur la santé mentale.
Les résultats sont sans appel : 60% des employés affirment que leur job est l’élément du quotidien qui affecte le plus leur santé mentale, et en mal pour 20% des sondés. Les managers apparaissent comme les responsables tout désignés, puisque pour 69% des salariés, ils influencent leur état psychologique tout autant que leur conjoint ou partenaire.
Ce stress au travail aurait des conséquences bien au-delà du bureau : il présente un impact négatif sur la vie de famille (à 71%), sur le bien-être (à 64%) et sur les relations interpersonnelles (à 62%). Des chiffres qui témoignent d’une porosité entre vie professionnelle et vie privée, et donc d’une urgence à satisfaire les besoins émotionnels des salariés.
Bien-être versus argent : les salariés Français ont tranché
Que nous révèle cette étude mondiale de la santé mentale des salariés français ? Malheureusement, leur état ne s’est pas amélioré : après une journée de travail classique, 50% des travailleurs se disent “souvent” ou “toujours” épuisés, un chiffre qui n’a pas bougé par rapport aux résultats de l’étude Malakoff Humanis publiée en juillet 2022. Près de la moitié (42%) seraient régulièrement ou quotidiennement stressés dans le cadre de leurs missions.
Pourtant, les employés de l’hexagone placent leur santé mentale au sommet de leurs priorités : 86% des Français sondés estiment que le bien-être psychologique est préférable à un poste mieux rémunéré, et 57% seraient même disposés à accepter une baisse de salaire si cela leur garantissait une préservation de leur état psy. L’étude “The Future of Work” de mars 2022 constate que l’argent n’est plus en tête des exigences, mais que la valeur et le sens des missions prévalent, des facteurs qui contribuent, de toute évidence, à l’épanouissement psychologique au travail, comme le corroborent les résultats de l’étude pour UKG : parmi les salariés qui se considèrent comme “engagés” dans leur travail, 63% estiment que leur santé mentale est “bonne” ou “excellente”.
Si les travailleurs français priorisent — en théorie — le bien-être en entreprise, ils se révèlent pourtant silencieux lorsqu’il s’agit de communiquer avec leurs supérieurs hiérarchiques au sujet de la réalité de leur mal-être : 39% évoquent ainsi “rarement” ou “jamais” leur stress au travail avec leur N+1. Un sujet dont devraient se saisir les managers…
Les managers gagneraient à capitaliser sur leur (bonne) influence
Face aux résultats de cette enquête, les managers pourraient se sentir diabolisés et baisser les bras. Alors, que faire : capituler ? Non : capitaliser. Sur quoi ? Sur l’influence qu’ils exercent sur leurs subordonnés, car cette stratégie pourrait avoir un impact bénéfique sur tous : les salarié‧es, mais aussi l’entreprise.
Soyons pragmatiques : selon l’étude, 78% des salariés considèrent que le stress affecte négativement leurs performances professionnelles. Prendre soin de ses employés permettrait donc de faire d’une pierre deux coups : améliorer le bien-être des forces vives, et augmenter la productivité. “L’anxiété chronique […] est épuisante pour les collaborateurs. Être débordé consomme de l’énergie humaine et a un impact sur la rétention, la performance, l’innovation et la culture. Les employeurs peuvent être le point d’ancrage de la stabilité pour leurs collaborateurs en leur donnant le soutien et les ressources dont ils ont besoin” abonde Jarik Conrad, directeur exécutif du Workforce Institute de UKG.
Pour ce faire, il n’y a pas mille options : les managers doivent réformer leur manière de penser, de travailler et de diriger, alerte l’étude. À commencer par une double prise de conscience : dans le monde, 1 employé sur 3 estime que son boss ne reconnaît pas l’impact qu’il a sur le bien-être de son équipe, et 8 salariés sur 10 souhaiteraient qu’il se mobilise davantage pour protéger leur santé mentale.
Lever le tabou de la santé mentale en entreprise, un levier de cohésion
Pour y parvenir, les encadrants devraient s’investir en communiquant davantage avec leurs collaborateurs et en se souciant spontanément de leur bien-être : car si les salariés n’osent pas parler de leur stress au travail, c’est parce qu’ils estiment que leur manager s’en fiche, qu’ils le savent trop occupé ou qu’ils considèrent qu’il devrait s’en rendre compte par lui-même, nous apprend l’étude.
Les salariés attendent donc de leurs supérieurs qu’ils fassent de la santé mentale un sujet de discussion au sein de leurs équipes. D’ailleurs, il serait profitable aux managers de partager leurs propres états émotionnels, d’autant plus qu’ils sont 42% à éprouver du stress lié à leur charge de travail, se révélant ainsi plus anxieux que les membres de leurs propres équipes ou que les cadres supérieurs.
Pat Wadors, directrice des ressources humaines chez UKG, met en évidence les bienfaits de cette transparence : “Dans la vie, tout n’est pas toujours rose, et lorsque les dirigeants évoquent leurs propres difficultés, ils reconnaissent que les collaborateurs ne sont pas seuls, et qu’il est normal de ne pas se sentir bien parfois” argumente-t-elle. “Un leadership authentique et vulnérable est la clé pour créer un sentiment d’appartenance au travail, et, à son tour, la clé pour résoudre la crise de la santé mentale au travail” concluait la directrice RH.
Développer des valeurs comme l’empathie, l’authenticité et l’écoute active permettrait ainsi de créer un sentiment d’appartenance et d’inclusion pour les équipes, qui contribuerait à améliorer la santé mentale au travail, et, par ricochet, à soutenir un état d’esprit de croissance en entreprise.
- 86% des salarié‧es français‧es estiment que le bien-être psychologique est préférable à un poste mieux rémunéré
- 39% des salarié‧es français‧es évoquent “rarement” ou “jamais” leur stress au travail avec leur N+1
- 80% des salarié‧es dans le monde souhaiteraient que leur boss se mobilise davantage pour protéger leur santé mentale