Sommeil et travail : quand la parentalité vient tout chambouler
Saviez-vous qu’en moyenne, un jeune parent perd 44 jours de sommeil la première année de vie de son enfant ? Alors comment faire pour rester performant quand on ne rêve que de retourner sous la couette ?
Le manque de sommeil des jeunes parents est une réalité scientifiquement prouvée. La première année, c’est l’hécatombe : une étude réalisée en Angleterre démontre que les parents perdent 44 jours de sommeil, soit 6 semaines (ouch), la première année de vie de leur chérubin.
Pourquoi ? Tout simplement car en moyenne, ils ne sont dans les bras de Morphée que 5,1H par nuit. C’est loin, très loin des 7-8H de sommeil qui comblent - en général - la majorité de la population.
Le pire, c’est que les perturbations sont pérennes : une autre étude démontre qu’elles durent jusqu’aux 6 ans de l’enfant. Car après les réveils de bébé pour s’alimenter ou retrouver sa tétine, succèdent les cauchemars, les pipis nocturnes, les maladies. Bref, l’enfant a toujours une bonne raison de réveiller papas et mamans.
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Manque de sommeil et hausse de la charge mentale
Le must dans tout ça, c’est que même lorsque les enfants dorment à peu près correctement, certains parents n’arrivent plus à trouver le sommeil. “Depuis que je suis maman, je suis sans cesse en état d'hypervigilance. Je me réveille au moindre bruit. Pourtant, j’étais une grosse dormeuse avant”, nous confie Stéphanie, jeune maman de 36 ans, qui a du mal à se faire à ce nouveau rythme. Un manque de sommeil qui n’est pas sans conséquence : au bureau, cette dirigeante d’entreprise se sent plus irritable et peine à se concentrer.
Pour couronner le tout, le manque de sommeil plonge souvent le jeune parent dans un cercle vicieux où l’anxiété vient alimenter les difficultés de sommeil par anticipation. “Lorsque j’ai repris mon travail, ma fille avait 6 mois. Elle ne se réveillait plus qu’une fois par nuit, seulement quelques minutes. Malheureusement, lorsqu’à 3H du matin, j’ouvrais un oeil, je n’arrivais plus à me rendormir. Ça moulinait ! Car le lendemain, je pouvais avoir une grosse présentation et il fallait que je sois en pleine possession de mes moyens.”, nous raconte Perrine, cadre dans la fonction publique.
L’apparition de ces insomnies peut être causée par des facteurs physiologiques, mais aussi par les contraintes et inquiétudes liées à la vie de jeune parent, qui viennent s’additionner au travail. “La charge mentale qui pèse sur les jeunes parents rend leur quotidien encore plus difficile, et qui explique la hausse de leur anxiété. Surtout quand c’est leur premier enfant”, analyse Diane Rakotonanahary, psychologue du travail.
Quand le manque de sommeil peut vous faire perdre votre job
Pour certains parents travailleurs, le manque de sommeil peut générer un stress tel qu’ils craignent de perdre leur travail. Comment en faire toujours autant, voire plus en moins de temps ? Comment conserver la même lucidité au boulot quand on a dormi 4H la nuit d’avant ?
Pierre, 38 ans et ancien directeur commercial, a malheureusement subi des conséquences désastreuses au travail. “J’étais réveillé 12 fois par nuit par ma petite fille. Cela signifie que je ne dormais plus. Au bureau, j’étais devenu un zombie. Clairement, je ne performais plus, je faisais beaucoup d’erreurs, car je n’arrivais plus à me concentrer. Je ne prenais pas d’initiatives. Je subissais. J’ai fini par me faire licencier pour faute grave car j’ai fait une erreur qui a coûté cher à mon entreprise”, raconte-t-il.
Des conséquences réelles sur la santé
Il est vrai que les performances au bureau peuvent être véritablement altérées lors de la venue d’un enfant. “Lorsque je rencontre un patient pour la première fois en tant que psychologue du travail, je le questionne sur son sommeil. C’est très révélateur de son état de santé car c’est souvent la première chose qui se détraque”, nous explique Diane Rakotonanahary.
La privation de sommeil a effectivement un impact sur la santé physique et psychique : augmentation des risques cardio-vasculaires, de diabète, obésité ; mais aussi des risques de dépression, de l’irritabilité, anxiété. Au travail, on peut alors observer une baisse de la créativité, des capacités décisionnelles, mais aussi des troubles de la mémoire.
Pourquoi ? Car lorsque nous dormons, le sommeil sert non seulement à nous réparer physiquement mais aussi psychiquement. “Un jeune parent en manque de sommeil pourra donc être plus susceptible, aura moins de patience et pourra donc souffrir de difficultés relationnelles avec ses collègues ou supérieurs”, poursuit notre psychologue. C’est pourquoi le sujet est sérieux !
5 conseils pour se protéger du manque de sommeil
Bon, on ne va pas d’un coup de baguette magique apporter une solution miracle car non, les enfants ne dorment pas sur commande. Toutefois, quelques petits conseils permettent déjà de diminuer l’appréhension que l’on a vis-à-vis du manque de sommeil et des conséquences que cela peut avoir sur notre carrière.
- En parler à son manager ou son RH. Il vaut mieux expliquer pourquoi les performances sont en baisse que faire semblant que tout va bien. Si les interlocuteurs se montrent compréhensifs, cela permet déjà de diminuer l’anxiété. “Pour les entreprises, c’est un vrai enjeu. Elles ont tout intérêt à prendre ce paramètre en considération plutôt que de risquer d’avoir un fort taux d’absentéisme ou de turnover”, affirme Diane Rakotonanahary.
- Parler avec les autres parents de sa boite. Cela peut être réconfortant et permet de se sentir moins seul, à condition bien sûr que la culture d’entreprise soit bienveillante sur le sujet.
- Réorganiser sa façon de travailler. Il peut être intéressant de formuler une demande de télétravail si cela n’a pas été fait. “Le télétravail permet potentiellement de gagner un peu de temps de sommeil le matin, et aussi de s’éviter le stress de la route si on a un job éloigné”, affirme notre experte. Cela offre aussi la possibilité de s’octroyer une powernap de 20 à 40 minutes le midi, qui peut s’avérer extrêmement réparatrice.
- Prendre soin de soi en s’offrant un peu de temps personnel pour faire une activité physique. Cela permet de reconquérir de l’énergie, relancer son système immunitaire et éviter de succomber à tous les virus des petits !
- Demander de l’aide à son entourage (parents, amis, etc) pour qu’ils prennent le relai une nuit si l’état de fatigue est trop avancé. “C’est particulièrement important pour les familles monoparentales. Ce sont des personnes qui subissent une charge mentale énorme, et qui pourtant peuvent culpabiliser de confier leurs enfants”, recommande la psychologue.
Alors, prenez soin de votre sommeil, parlez-en autour de vous et n’hésitez pas à vous faire aider. Et n’oubliez pas que même si cette période est extrêmement difficile, elle ne dure pas toute la vie !