La théorie du renforcement de Skinner : principes et applications en entreprise
Burrhus Frederic Skinner est un psychologue américain du 20ème siècle, père de la théorie du renforcement (ou conditionnement opérant). En psychologie, on […]
Burrhus Frederic Skinner est un psychologue américain du 20ème siècle, père de la théorie du renforcement (ou conditionnement opérant).
En psychologie, on appelle renforcement le procédé qui consiste à augmenter la probabilité de répétition d'un comportement. La théorie du renforcement de Skinner postule qu'un comportement peut être renforcé lorsqu'il est suivi d'événements positifs, et diminué lorsqu'il est suivi d'événements négatifs. Elle est donc particulièrement intéressante lorsqu’on cherche à augmenter la motivation d’un individu.
Le contexte de la théorie de renforcement de Skinner
B.F Skinner fait partie du courant behavioriste né au début du 20e siècle, qui postule que le comportement observable d’un individu est conditionné par des réflexes, ou par des interactions avec son environnement (punition/encouragement). En d’autres termes, le comportement humain est observable, mesurable et conditionné par divers stimuli.
Ivan Pavlov est le père de ce courant, grâce à ses travaux précurseurs sur le conditionnement classique (on verra ensuite la différence entre conditionnement classique et conditionnement opérant). Dans une de ses célèbres expériences, il a ainsi observé que des chiens se mettaient à saliver lorsqu’ils entendaient le tintement d’une cloche, ce son étant associé à l’heure des repas. Dans ce cas, on parle de conditionnement classique.
Mais revenons à Skinner. Celui-ci s’est distingué par les expériences qu’il a menées sur des rats et des pigeons, aussi connues sous le nom de “boîte de Skinner”. Ce dispositif fut utilisé pour tester les capacités des rongeurs et des pigeons à subir un conditionnement opérant, c’est-à-dire en renforçant le comportement de l'animal par divers stimuli. Par exemple : lorsqu’un rat appuie sur un levier, il reçoit de la nourriture, ce qui augmente la probabilité d'apparition du comportement. Le stimulus peut aussi être négatif : par exemple, lorsqu’un rat appuie sur un levier, il reçoit une décharge électrique, ce qui diminue la probabilité d'apparition du comportement.
La théorie du renforcement de Skinner se base sur la loi de l’effet, formulée en 1911 par le psychologue Edward Thorndike. Ainsi, les actions passées qui ont généré des résultats positifs tendent à être répétées, tandis que les actions qui ont généré des résultats négatifs tendent à diminuer.
Le mécanisme du conditionnement opérant
Le conditionnement opérant désigne l’apprentissage par les conséquences de ses actions. Il se distingue du conditionnement classique, tel que théorisé par Pavlov. Le conditionnement est opérant lorsque la probabilité d'apparition d’un comportement est modulable par la manipulation (actions de renforcement, etc). Une action est donc dite opérante lorsque sa probabilité augmente en raison de ses conséquences positives pour l’individu.
En d’autres termes, le conditionnement opérant postule que nos comportements sont influencés par les conséquences qu’ils provoquent, mais aussi par l’environnement dans lequel nous évoluons. L’apprentissage est donc réalisé par l’association entre l’action et la réaction de l’environnement (la conséquence).
Dans le conditionnement classique, un stimulus entraîne une réponse ; dans le conditionnement opérant, la réponse est renforcée par la manipulation des circonstances.
Pour Skinner, l’apprentissage repose sur deux éléments : le renforcement et la punition. Le renforcement ou la punition peuvent être positifs (ajout d’un stimulus) ou négatif (retrait d’un stimulus), selon qu’on veut augmenter ou diminuer la probabilité d’un comportement. Un exemple de punition positive : ajouter des corvées à un individu pour rendre moins favorable l'apparition d'un certain comportement.
Le comportement de l’individu va donc être façonné progressivement, par approximations successives.
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Les applications de la théorie de Skinner en entreprise
La théorie de Skinner peut être appliquée dans de nombreuses circonstances. Mais elle s’avère particulièrement adaptée au monde de l’entreprise.
Dès lors que l’on veut moduler et/ou encourager un comportement, on peut donc utiliser les outils suivants :
- Le renforcement positif : ce sont les félicitations, les primes, les avantages en nature...
- Le renforcement négatif :cela peut être par exemple la suppression d'une contrainte désagréable, d’une mission, d’un cadre particulier… Pour rappel : avec le renforcement négatif, on retire un stimulus.
- La punition : elle peut être négative (ex : un blâme) ou positive (ajout d’une contrainte). Le but est de dissuader un comportement.
Quels sont les avantages de la théorie du renforcement, appliquée à l’entreprise ? On peut tout d’abord mentionner son efficacité : celle-ci produit des effets rapides en termes de changements comportementaux. Avec la bonne dose de renforcement, il est ainsi facile d’accéder à l’objectif poursuivi, et d’améliorer la motivation des individus.
Mais attention : cette théorie a aussi des limites et de possibles effets pervers. Il est donc important de ne pas en abuser, d’autant qu’elle soulève d’évidentes questions éthiques relatives à la manipulation émotionnelle. On veillera donc à bien doser le renforcement, et à s’assurer qu’il soit respectueux de l’individu et en accord avec les valeurs de l’entreprise. Le renforcement doit aussi être personnalisé, et adapté aux préférences de l'individu. Par exemple, si vous souhaitez féliciter quelqu’un, évitez de le faire en présence du public si la personne est pudique ou introvertie !
Autre élément à prendre en compte : la réduction progressive du renforcement au fur et à mesure que le comportement induit se stabilise.
Ce qu’il faut retenir sur la théorie du renforcement de Skinner
Le renforcement est donc un processus qui consiste à moduler un comportement grâce à des stimuli. Il peut être positif (le renforcement positif va augmenter la probabilité qu'un comportement advienne, par l’ajout d’un stimulus) ou négatif (le renforcement négatif va intensifier un comportement grâce à la suppression d’un stimulus).
La théorie du renforcement connaît de nombreuses applications, mais elle est tout particulièrement intéressante dans un cadre professionnel. En effet, le conditionnement opérant peut être utilisé en entreprise comme un véritable levier de motivation, et un moyen efficace d’assurer les processus de changement, d’optimiser la communication ou encore d’augmenter la motivation des équipes et la productivité. Cependant, il doit être utilisé avec parcimonie, et toujours dans un cadre strict. C’est ainsi qu’il pourra déployer toute son efficacité.