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Afficher les salaires sur les offres d’emploi : pourquoi il ne faut pas en avoir peur

Pourquoi un grand nombre d’offres d’emploi ne mentionnent-elles pas le salaire ? C’est une question qui se pose de plus en plus, mais une tendance vers une plus grande transparence pointe le bout de son nez, avec l’idée que tout le monde en ressorte gagnant. Explications.


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Une offre d’emploi sur 2 (49,5% pour être parfaitement exact) affiche le salaire sur l’annonce aujourd’hui. C’est le chiffre annoncé par Indeed dans une grande étude européenne. Entre 2019 et 2023, “la part d’annonces affichant un salaire dans le total des offres a presque doublé sur la période”, précise encore l’étude. C’est donc une petite révolution qui se met en marche. Mais la question principale qu’on se pose : Est-ce une bonne chose d’afficher le salaire sur l’offre d’emploi ?

Iriez-vous visiter une maison… sans en connaitre le prix ?

  • Afficher le salaire… permet de gagner du temps : Chacun sait exactement ce qu’il va chercher (candidat) et ce qu’il peut offrir (le recruteur). ”Quand tu as un appart à vendre et que tu n’as pas de visites, c’est que t’es trop cher. Quand tu as une annonce et que tu n’as personne qui postule, c’est qu’il y a aussi peut-être un problème d’argent”, explique Jonathan Salmona, CEO de Shodo, une ESN qui a fait de la transparence un sacerdoce.
  • Afficher le salaire… permet un meilleur taux de transformation : vu que l’argent est un point cristallisant, c’est une (grosse) épine en moins dans le process de recrutement. “Quand l’argent n’est plus un sujet, en RH, tout devient plus simple, car tu vas te concentrer sur l’essentiel : évolution de carrière et bien-être au travail”, poursuit le CEO.
  • Afficher le salaire… permet de lutter contre l’inégalité salariale : Quand c’est transparent, la discrimination s’efface (ou alors se voit encore plus). ”C’est une mise à égalité entre les bons négociateurs et les autres, entre les hommes et les femmes, entre les anciens et les nouveaux : on est tous sur un même pied d’égalité”, rappelle Jonathan Salmona.

Pour rappel, l’INSEE note toujours une différence salariale à hauteur de 15,5% (équivalent temps plein) entre les femmes et les hommes en 2023.

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La peur du mercenaire est légitime

Bien entendu, la transparence pose aussi d’autres questions. La première qui vient à l’esprit : la peur du mercenaire. Comment être sûr que la personne vient pour les bonnes raisons et pas uniquement pour ce qui brille ? “C’est un risque, mais il n’y a pas d’approche parfaite. Le recrutement, c’est un peu comme un videur de boite de nuit. Tu ne fais pas rentrer tout le monde”, s’amuse notre boss.

L’autre point de tension, c’est la communication interne en entreprise. Comment assumer une transparence sur une offre, si on ne l’a pas en interne ? Un point de vigilance à surveiller pour éviter de déstabiliser. Mais pour Jonathan Salmona, la transparence peut-être petite friction qui en évite bien d’autres derrière : “la transparence met fin à la parano et aux fantasmes. Après tu peux dire 'je suis d’accord ou pas'. Cela permet de bosser sur les vrais sujets de l’inégalité/inéquité salariale. La transparence, ça crée de la confiance, c’est la clé de voute dans un climat social apaisé”. Ou la fin du culte du secret.

Dis-moi où tu habites, et je te dirai à quel point tu es transparent (ou pas).

Tout ça, c’est dans la théorie, mais dans la pratique, comment ça marche. Il y a des pays, des métiers… et des salaires plus transparents que d’autres. Parmi les pays européens analysés, le Royaume-Uni semble être le moins pudique avec plus de 7 annonces sur 10 qui comportent un salaire (ou du moins une fourchette). À l’autre bout du spectre, se trouve l’Allemagne avec 2 annonces sur 10.

Parmi les métiers les plus “transparents”, on retrouve les soins personnels et médicaux à domicile, l’éducation, la formation, ou encore de la restauration. De l’autre côté, les médias, la communication, la banque ou encore la finance sont beaucoup plus timides sur la rémunération.

La rémunération justement, parlons-en. Une constante s’observe, peu importe le pays : plus le salaire est élevé, moins l’annonce est transparente sur le sujet.

Et si les salaires sur les offres d’emploi était la prochaine petite révolution pour changer le monde du travail ? “La transparence, ce n’est pas le consensus. Ce n’est pas parce qu’on est transparent qu’on va être d’accord. L’indicateur le plus important, c’est le turn-over”. Parfois savoir recruter, c’est déjà apprendre à ne pas perdre ses talents.

Yannick Merciris

Head of Editorial The Daily Swile

Journaliste qui aime autant les mots que le ballon rond. Vu que je gère mieux le premier que le second, j’ai décidé […]

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