culture taf

Ces métiers que personne ne veut faire… mais qu’eux adorent

Parce qu’ils semblent particulièrement ingrats ou dénués d’humanité, certains métiers souffrent d’une mauvaise presse. C’est justement pour briser les stéréotypes que 3 représentants de ces professions en mal d’amour ont accepté de se confier sur ces métiers pas comme les autres.


6 min

Lofti, porteur de cercueil : “On prend conscience des petits bonheurs du quotidien”

Dans la famille des métiers qui mettent instantanément le cafard, le porteur de cercueil occupe très certainement une place à part. Comme le commun des mortels, Lofti partageait la même vision. Mais ça, c’était avant. Avant de se lancer dans la profession il y a 3 ans pour le compte de l’entreprise Funecap. “Au départ, je ne m’étais jamais intéressé au métier de croque-mort. Cela ne me renvoyait qu’une image sombre et triste. Mais mon oncle, qui travaillait dans ce milieu, m’a invité à dépasser mes préjugés. C’était pendant le Covid, je n’avais pas de travail, alors j’ai tenté, avant tout par curiosité”, se souvient-il.

Au départ, le trentenaire appréhende avec un peu d’anxiété les premières cérémonies, parce que travailler avec des morts et côtoyer la tristesse des familles, a priori, ça ne donne pas la pêche. Il ne sait pas non plus comment il va réagir à la vue d’un mort. “Les premières fois, manipuler un corps froid, ce n’est pas évident, mais on s’habitue, et on reste concentrés sur notre rôle. Et comme ce n’est pas un membre de notre famille, on sait faire la part des choses”, raconte-t-il (quoiqu’il recommande aux âmes sensibles de s’abstenir).

Parfois, certains enterrements sont plus difficiles que d’autres. “Quand je vois des parents pleurer leur enfant, c’est compliqué. Mais travailler dans ce métier nous permet de prendre conscience de tous les petits bonheurs du quotidien”, affirme-t-il, ajoutant vouloir profiter au maximum de ses proches, car tout peut s’arrêter du jour au lendemain. Il est bien placé pour le savoir.

Malgré tout, Lofti sait aussi verser du côté de la légèreté, notamment grâce à son excellente entente avec ses collègues, un peu comme le personnel soignant qui a besoin de décompresser en salle de garde. “Une fois la cérémonie terminée, on sait aussi se marrer, c’est important”, souligne-t-il.

Et quand les gens lui disent qu’il a beaucoup de courage de pratiquer ce métier, Lofti mesure la noblesse de celui-ci. “Notre rôle est de rester discrets, que le convoi soit parfaitement organisé. On prend les choses en main pour abaisser la charge mentale des proches. Les familles nous remercient souvent, ce qui nous encourage à continuer”, analyse-t-il. Pour l’heure, Lofti ne se voit pas dans une autre profession. Certainement parce que c’est ça, un métier essentiel.

La rédaction vous conseille

Zarina, contrôleuse des finances publiques : “Nous sommes des gens ordinaires”

On ne sait pas vraiment si on s’imagine un robot ou un sadique en train de chercher la petite bête noire sur notre déclaration d’imposition, mais une chose est certaine, quand on pense à un contrôleur des impôts, ce ne sont pas franchement des stéréotypes très flatteurs qui nous viennent à l’esprit. Pourtant, derrière l’ordinateur, il y a bel et bien de vrais êtres humains - qui plus est dotés d’empathie - à l’image de Zarina.

À l’origine, la jeune femme est esthéticienne. Même si elle apprécie son métier, sa rémunération et sa qualité de vie ne lui conviennent plus. Sur les conseils de son mari et de sa belle-famille, elle se lance alors dans les concours de la fonction publique. “Au moment où je me suis renseignée, les épreuves dédiées aux finances publiques étaient ouvertes, c’était donc un pur hasard”, raconte-t-elle.

De son propre aveu, elle non plus n’avait pas une très bonne image du métier, et plus généralement des fonctionnaires. D’ailleurs, quand on lui demande ce qu’elle “fait de la vie”, la trentenaire a tendance à rester évasive. Elle ne dévoile sa profession que si son interlocuteur se montre insistant.

Pourtant, elle aimerait changer l’image que les gens ont de son métier : non, elle n’a pas un poil dans la main (les services sont saturés à cause des sous-effectifs d’où les délais de réponse hallucinants dont elle aussi pâtit en tant que contribuable), et non, elle n’est pas dénuée d’humanité. “Les contrôleurs des finances publiques sont des gens comme vous et moi. Nous suivons des directives qui viennent d’en haut, mais nous avons aussi notre propre appréciation des situations. Par exemple, quand je travaillais aux amendes, nous pouvions étaler ou supprimer une dette quand nous voyions que les personnes avaient vraiment du mal à joindre les deux bouts”, explique-t-elle.

Elle nous raconte également avoir travaillé au guichet pendant les premières années de sa carrière en tant que fonctionnaire. “Là encore, j’essayais de faire preuve d’humanité en recevant toujours les gens avec le sourire même si je pouvais faire face à des personnes agressives”, poursuit-elle.

Alors, en dépit des mécontents, Zarina est fière de son métier. Elle a l’impression d’ajouter sa pierre à l’édifice de la citoyenneté, tout en lui offrant un visage plus chaleureux. La prochaine fois que vous aurez affaire aux impôts, pensez qu’il y aura peut-être une Zarina à l'autre bout du téléphone !

Danielle, aide ménagère : “Je me sens utile”

Travail rébarbatif, manque de reconnaissance, maux de dos… : le métier d’aide ménagère n’a pas franchement bonne presse et souffre d’un manque d’attractivité. Une enquête de Pôle Emploi révélait que la profession était la deuxième présentant le plus de postes à pourvoir en France, faute de candidat.e.s. Mais pour Danielle, aide ménagère pour l’entreprise O2, tout cela n’est pas fidèle à ce qu’elle vit au quotidien.

À 48 ans, elle assure des prestations de ménage, mais aussi de contrôle qualité et de formation auprès des autres intervenant.e.s de son entreprise. Une reconversion après avoir travaillé en tant qu’assistante maternelle à domicile, vendeuse, et surtout, avoir expérimenté la dure cadence de l’industrie. “Je travaillais en horaires décalés dans une usine, et cela ne me convenait plus. C’était harassant. En changeant de travail, mon objectif était de concilier davantage ma vie pro et perso. Ce que j’aime avec mon nouveau métier, c’est que je peux choisir mes jours et horaires de travail”, nous confie-t-elle, heureuse d’être “autonome et de pouvoir travailler dans sa bulle”, ce qui était parfaitement impossible dans son boulot d’avant.

Elle nous dit aussi apprécier les valeurs de son employeur, et ressentir un respect mutuel entre elle et ses clients. “Avec mon métier, je me sens utile. Je me donne beaucoup pour que lorsqu’ils rentrent chez eux, mes clients soient heureux de retrouver une maison où tout est à sa place”, affirme Danielle qui se sent très épanouie et satisfaite dans son travail.

Bref, notre quadragénaire est bien dans ses baskets et saura clouer le bec à qui prétendra le contraire ! “Le métier de femme de ménage est mal vu, comme s’il était peu enrichissant. Mais ce n’est pas mon avis. Chez 02, j’ai pu évoluer en interne, et éprouver un fort sentiment d’équipe. Je ne me sens jamais seule et nous trouvons toujours des solutions aux problèmes”, avant de conclure simplement : “je m’éclate dans mon métier !

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

La newsletter qui va vous faire aimer parler boulot.

Chaque semaine dans votre boite mail.

Pourquoi ces informations ? Swile traite ces informations afin de vous envoyer sa newsletter. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien présent dans chacun de nos emails. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et pour exercer vos droits, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité