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Changer de job en permanence ou fidèle à votre boite : Quel est votre camp ?

En France, la durée moyenne au même poste est d’environ 5 ans, mais de 11 ans chez un même employeur (données OCDE 2020). Cela nous place au second rang des pays les plus fidèles, juste derrière l’Italie. Toutefois, les temps changent. D’après Pôle Emploi, les jeunes actifs d’aujourd’hui changeront en moyenne 13 à 15 fois d’emploi au cours de leur vie. Alors, quelles sont les motivations de ceux qui restent, et de ceux qui partent ? Et quels regards les recruteurs portent sur ces différents profils ? On rejoue le match.


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Clémence, 14 ans d’ancienneté au compteur : “Ma boîte se renouvelle sans cesse”

“J'aurai bientôt 41 ans et cela fait 14 ans que je suis dans la même entreprise. Avant mon employeur actuel, j’ai passé deux ans en alternance et deux autres années en CDI. L’intitulé de mon poste n’a pas vraiment changé, je suis Key account manager, en revanche, mes missions et la typologie de clients que j’accompagne ont complètement évolué. Ce que j’aime dans mon entreprise, c’est qu’elle se renouvelle en permanence pour anticiper les besoins des clients : nous développons de nouveaux outils, de nouvelles activités. Je fais davantage de gestion de projet, de ventes longues et complexes, de cross selling.

Ce que j’apprécie aussi, c’est la grande autonomie que me confère mon employeur. Je suis plutôt dans une posture d’experte et de contributeur interne. Les autres services me demandent souvent de faire des remontées très opérationnelles du terrain. Je me sens écoutée, et donc reconnue. Je n’évolue pas dans une boîte de clones, nous nous enrichissons tous les uns des autres tout en continuant à nous structurer. Quand je suis arrivée, nous étions 35. Aujourd’hui, nous sommes le double.

Le plus important selon moi est que je me sens très soutenue par ma hiérarchie. Si je rencontre une difficulté, je ne reste jamais seule. C’est un management de soutien. On me donne tous les outils pour performer. Cette dimension collective est au cœur de nos valeurs, nous nous faisons tous confiance mutuellement. Bien sûr, j’ai vu des collègues que j’appréciais partir, mais nous avons globalement un faible turnover, et les départs ne me déstabilisent pas, d’autant que je travaille en full remote. Malgré les années, je reste donc très engagée et motivée, parce que je peux sans cesse me former et développer de nouvelles compétences. Je ne sais pas où je serai dans 5 ans, je me laisse porter, mais je me vois bien continuer à me mettre au service du développement de cette entreprise tant que je me sens parfaitement alignée avec le management”

Robin, serial switcheur : “Je m’ennuie très vite dans un job”

“J’ai démarré ma carrière dans les RH il y a 10 ans, et c’est bien simple, j’ai déjà 8 entreprises à mon compteur. Au départ, c’était assez facile à expliquer : j’avais envie de découvrir de nouvelles facettes de mon métier. J’ai d’abord débuté au recrutement, mais il faut reconnaître que cela devient vite rébarbatif, d’autant que j’étais dans des structures où il fallait faire du volume. Je me sentais finalement assez frustré.

C’est pourquoi j’ai ensuite évolué à un poste davantage en lien avec la formation afin de contribuer au développement des collaborateurs. Cela m’a bien plu au départ, mais le schéma a recommencé : j’ai eu l’impression de tourner en rond. En fait, je me suis rendu compte que ce qui me plaisait, c’était de mettre des projets sur les rails, d’en créer l’architecture, mais qu’en revanche, je m’ennuyais dans la phase de “run”.

J’ai ensuite voulu évoluer à un poste plus généraliste, me disant que la pluralité des missions me permettrait de trouver davantage de satisfaction, même en restant au chez un même employeur. Mais là encore, j’ai rapidement eu envie de changer de travail. Tout cela est assez difficile à vivre, car j’ai l’impression d’être un éternel insatisfait, et puis à la longue, cela devient difficile de se vendre comme candidat. Même si on accepte mieux ce type de profil aujourd’hui, j’ai l’impression de passer pour quelqu’un d’instable.

Ce que j’ai compris au fil des années, c’est qu’il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu : je n’aime pas le lien de subordination, les horaires fixes et un salaire prédéfini. Aujourd’hui, je m’interroge tout simplement sur mon avenir en tant que salarié. Je crois que pour trouver plus de satisfaction, je devrais me lancer à mon compte afin de ne garder que ce qui me plaît le plus dans mon métier. C’est aussi une manière d’avoir plusieurs employeurs en même temps, et donc d’être confronté sans cesse à la nouveauté. Cela me permettra de me sentir mieux dans mes baskets, du moins, je l’espère !”

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Les recruteurs, ils en pensent quoi ?

Amandine Banchet, recruteuse au Mercato de l’Emploi à Troyes :

"Je rencontre ces deux profils très régulièrement. De fait, il n’existe pas de parcours idéal. Il faut savoir creuser et lire entre les lignes d’un CV. C’est notre métier de recruteur !

  • Concernant les profils qui font carrière dans l’entreprise : ils symbolisent indéniablement une forme de stabilité et de confiance. Ils ont réussi à évoluer et à se faire apprécier dans leur environnement. Revers de la médaille : ils peuvent aussi traduire une forme d’inertie. Si on veut les recruter ailleurs, sauront-ils s’adapter ? Ont-ils une aversion au changement ?
  • A contrario, ceux qui changent tout le temps peuvent apparaître volatils et insatisfaits, ou bien dynamiques et non rétifs au changement. Il m’est arrivé de « tomber » sur un CV où la personne changeait tous les 2 ans. En creusant, le candidat avait vécu plusieurs changements indépendants de sa volonté : délocalisation, réorganisation, licenciement économique… Le maître mot est donc l'adaptation aux environnements. La crainte, c'est l'ennui et le départ précipité."

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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