Combien de temps les recruteurs passent-ils réellement sur votre CV ?
Vous avez certainement passé des heures à peaufiner votre CV, mais les recruteurs prennent-ils vraiment le temps de le parcourir ? Plusieurs études suggèrent qu’ils le balayent en un clin d’œil. Alors, pour en avoir le cœur net, nous avons posé la question aux principaux intéressés. Alors 6 secondes, 40 secondes, 3 minutes ?
Les chiffres varient d’une étude à l’autre, mais une chose est certaine, les recruteurs passent presque autant de temps sur votre CV que sur une story Insta. Selon le cabinet de recrutement The Ladders, ils mettent à peine 6 secondes pour lire un CV. Une autre étude réalisée par Miratech est un peu plus généreuse et parle plutôt de 40 secondes pour lire intégralement un CV, et le double pour décider si le candidat sera finalement retenu dans la sélection.
La diagonale du vide
Laure Trimolet, DRH au sein de la PME GAC Group, ne sera pas de nature à rassurer les déçus de cette lecture éclair. “Je ne prends pas plus de 30 secondes pour lire un CV. Je lis en diagonale”, nous confie-t-elle, nous expliquant chercher avant tout les mots clefs correspondant à l’offre à pourvoir.
Par exemple, un anglais bilingue ou la maîtrise d’un langage de développement pour les populations tech. “Personnellement, je ne regarde pas la photo, pas le lieu de résidence, je ne m’intéresse pas aux informations sur le statut civil, ni aux hobbies. De même, les traits de personnalité énoncés, cela n’a pas trop de sens pour moi. C’est plutôt en entretien et via des exemples concrets que je pourrai les jauger”, poursuit-elle.
Le CV est-il devenu désuet ?
Puisqu’il est si peu consulté, le CV est-il donc devenu désuet, surtout à l’heure où LinkedIn semble jouer ce rôle en répertoriant nos expériences, tout en permettant de consulter directement un portfolio et des recommandations ? Fondateur du cabinet Abberline, spécialisé dans les recrutements middle et top management des positions IT dans les grands groupes, Cédric Picot nous explique son propre fonctionnement : “Nous faisons de l’approche directe, donc nous regardons les profils LinkedIn. En revanche, une fois que les premiers entretiens se sont bien déroulés, nous demandons au candidat de nous donner son CV pour l’envoyer au client”, rapporte-t-il.
Le CV demeure en effet un support apprécié, comme nous le confirme Laure Trimolet. “Oui, on peut utiliser LinkedIn. Mais le CV est toujours pratique pour garder la trace d’un entretien, annoter le document, le faire circuler entre les différentes parties prenantes d’un recrutement”, explique-t-elle.
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Éliminé au premier regard ?
Une autre question soulevée par ce temps de lecture très restreint est le caractère éliminatoire du CV. Sur ce point, Laure Trimolet ne s’en cache pas : “quand j’ai beaucoup de candidatures pour un poste, je me permets d’écarter directement des CV qui ne contiennent pas les mots clefs que je recherche. Si j’ai moins de choix, je peux rencontrer certains candidats qui n’ont pas les prérequis exigés”.
Cédric Picot nous confie aussi que certains de ses clients refusent de rencontrer des candidats préqualifiés par le cabinet, parce qu’ils ne cochent pas certaines cases sur le CV. C’est le fameux “plafond de papier” qui peut coûter cher à certains candidats qui ne possèdent par exemple pas les bons diplômes, ou des hard skills qu’ils pourraient pourtant développer à travers des formations.
Sans jamais les inciter à “mentir” sur leur CV, Cédric Picot invite parfois certains candidats qui lui semblent vraiment pertinents à réviser leur CV en fonction de ce qu’ils ont réalisé en adéquation avec le poste à pourvoir afin de coïncider davantage avec les attentes des clients.
Pour autant, nos deux interviewés sont unanimes : il faut bien se garder de basculer dans une liste à la Prévert de compétences qui ne serait pas crédible aux yeux des recruteurs. Il est évident qu’aucun candidat ne peut cocher toutes les cases, surtout avec 18 mois d’expérience (et même 18 ans ;))
Quelques conseils pour un CV efficace
On l’a vu, pour nombre de recruteurs, le CV reste un outil très utilisé. Pour nos deux interviewés, il est important que celui-ci soit structuré de manière classique autour des expériences et de la formation, en faisant remonter les éléments les plus récents. “On peut aussi donner quelques chiffres clefs sur un poste, par exemple : le budget dont on disposait, les objectifs et résultats”, recommande Cédric Picot. Dans tous les cas, il est essentiel de pouvoir illustrer durant l’entretien tout ce que l’on avance en termes de compétences dans le CV.
Là où nos deux interlocuteurs sont divisés, c’est sur les éléments “extra” candidature, comme la photo, les informations personnelles et les hobbies. Si pour la DRH de GAC Group, certains d’entre eux ne sont pas essentiels au stade de la pré-sélection, Cédric Picot nous confie apprécier les parcourir. “De plus, sur la localisation, il m’est arrivé que cela coince avec un super candidat car l’entreprise ne savait pas comment gérer la question des frais de déplacements (une fin heureuse a néanmoins été trouvée). Donc cela a son importance”, illustre-t-il.
Quant à la forme, Laure Trimolet nous confie une fois de plus ne pas y faire vraiment attention, étant totalement centrée sur la correspondance entre les compétences du candidat et les attendus du poste. Toujours est-il que comme Cédric Picot, elle préférera un CV sobre… et surtout, sans fautes d’orthographe !
“Pour résumer, le CV demeure important, car c’est quand même ce qui permet d’obtenir un rendez-vous”, affirme-t-elle. Alors, même si les recruteurs ne passeront que quelques secondes dessus, pour l’heure, le CV demeure un passage obligé. Un dernier conseil pour la route ? N’oubliez surtout pas de l'actualiser et de le mettre en résonance avec l’annonce visée !