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“Pendant longtemps, je ne savais même pas que le diabète était considéré comme un handicap”

Certains diabétiques l’ignorent eux-mêmes, mais leur pathologie peut leur permettre d’accéder à la RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé). Christophe, Technicien informatique en reconditionnement au sein de l’entreprise Printerre, en est bénéficiaire. Il nous raconte comment le diabète a transformé sa vie professionnelle.


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Christophe a 17 ans lorsqu’il découvre son diabète, quelques jours avant Noël. À l’époque, les traitements n’étaient pas aussi pointus que ceux dont il bénéficie aujourd’hui. Sa pathologie impliquait donc de subir jusqu’à 6 injections par jour.

Régulièrement, le jeune homme souffrait d’hypoglycémies allant parfois jusqu’à la perte de connaissance. J’acceptais ma maladie, mais elle était mal gérée. Je n’avais pas accès aux bonnes informations”, se souvient-il.

Malgré tout, le jeune homme trace sa route, rencontre sa moitié et fonde une famille. Il choisit même une activité professionnelle qui l’oblige à conduire chaque jour, malgré le risque de malaise. Puis un jour, c’est l’accident : Christophe s’effondre dans sa cuisine et tape sa tête sur le radiateur. Il s’ensuit 17 jours de coma.

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Le diabète, un handicap méconnu

C’est à la suite de cet événement que le médecin du travail qu’il consulte avant de reprendre son activité professionnelle lui parle de la possibilité de solliciter une RQTH. Car oui, le diabète est considéré comme un handicap invisible. “Personnellement, je ne savais absolument pas que j’y avais droit, et aucun médecin ne m’en avait parlé jusque-là. Mais j’ai immédiatement accepté ces démarches, car je voulais retrouver du travail”, nous explique-t-il.

Cette reconnaissance lui ouvre de nombreuses portes, à commencer par un bilan de compétences puis une formation de “reclassement” de 18 mois durant laquelle il se forme au métier de technicien assistant informatique. “J’étais dans de parfaites conditions pour apprendre car non seulement la formation était gratuite, mais en plus, elle était rémunérée”, se réjouit-il.

“Mes collègues savent quoi faire en cas de malaise”

Dans son entreprise, Christophe n’a pas besoin d’aménagement particulier et peut travailler à temps plein. De ce fait, contrairement aux idées reçues, il ne dispose pas d’un revenu supplémentaire malgré sa RQTH. Pour lui, le diabète n’a jamais été un sujet tabou.

J’ai toujours parlé de ma maladie à mes collègues. Ils savent quoi faire en cas de malaise. Normalement, je me gère avec un petit stock de bonbons au bureau, mais si je commence à me sentir mal, ils peuvent me donner une canette de coca, voire me faire inhaler un médicament en cas de malaise. Avant l’arrivée de ce traitement révolutionnaire, c’était une piqûre que je gardais dans le frigo de l’entreprise, ce qui était plus contraignant”, affirme-t-il.

Heureusement, aucun de ses collègues n’a jamais eu à gérer un malaise. Christophe se réjouit notamment des avancées thérapeutiques dont il bénéficie grâce à son excellent suivi au sein de l’Institut de Diabétologie et Nutrition du Centre à Mainvilliers.

“Il m’est tout de même arrivé de cacher mon handicap”

Avant de trouver une position durable chez Printerre, Christophe a tout de même connu des périodes plus difficiles. “J’avais deux CV. Dans les entreprises qui n’affichaient pas clairement dans leurs offres qu’elles ouvraient le poste aux travailleurs handicapés, je ne mentionnais pas ma RQTH par peur d’être discriminé, perçu comme diminué. Beaucoup d’entreprises préfèrent encore payer des pénalités plutôt qu’atteindre le quota de travailleurs handicapés. Alors, comme mon handicap est invisible, je le cachais parfois”, explique-t-il.

Toutefois, il n’a finalement jamais été amené à travailler dans une entreprise avec laquelle il n’avait pas un rapport de totale transparence. Et c’est sans doute mieux comme ça !

Donner sa chance à celui qui se bat déjà tous les jours contre la maladie

Si Christophe avait un message à faire passer aux autres malades du diabète, ce serait déjà de bien se faire suivre. Maintenant que son diabète est stabilisé, son quotidien s’est métamorphosé, et de prochaines avancées thérapeutiques pourraient encore améliorer la gestion de sa pathologie.

Quant aux entreprises qui hésitent encore à embaucher des travailleurs en situation de handicap, Christophe les invite simplement à leur donner leur chance. “Quand on est diabétique ou qu’on souffre de quelconques handicaps, on se bat déjà tous les jours. Se retrouver sans emploi, c’est très difficile psychologiquement. On a l’impression de n’être bon à rien. C’est donc un grand soulagement que de ne pas avoir à mener un combat supplémentaire pour sa vie professionnelle”, conclut-il.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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