Effet Bluma Zeigarnik : pourquoi les to-do list nous font parfois du mal
Vous en faites peut-être toutes les semaines, voire tous les jours. Elles vous rassurent, elles vous cadrent, elles vous guident, mais êtes-vous certains qu’elles vous font du bien ? Enquête sur celles qui rythment notre quotidien… les to-do list !
Est-ce que vous aussi, vous faites des to-do list (des listes de trucs à faire, en VF) ? Vous savez, ce genre d’accumulations de trucs à faire qu’on note sur son téléphone, qu’on couche sur un papier ou qu’on tente de mémoriser dans notre tête (mais ça c'est pour les plus fous d’entre nous) .
Elles peuvent regrouper les tâches du jour, celles de la semaine, voire du mois (pour les plus aventureux). Mais je reste persuadé que vous êtes tous un peu comme moi dans le fond, et que vous êtes confrontés aux deux mêmes problèmes :.
- Problème 1 : Vous ne respectez jamais vraiment totalement cette liste
- Problème 2 : Vous vous souvenez plus de ce qu’il vous reste à faire… que des tâches que vous avez faites.
Pour le problème 1, je ne peux pas faire grand-chose pour vous (si ce n’est peut-être travailler sur votre procrastination), mais pour le problème 2, je peux poser un diagnostic : vous êtes victime de l’effet Bluma Zeigarnik.
L’effet quoi ?
Bluma Zeigarnik (et non pas Bulma) est une psychologue russe du début du XXe siècle. Elle a remarqué un truc très étrange en… regardant des serveurs travailler. Que s’est-il passé ? L’expérience menée montrait que les serveurs retenaient très bien les commandes, mais qu’une fois qu’elles étaient servies, ils n’en avaient plus aucun souvenir (ou très peu). Autre point intéressant, les serveurs gardaient en tête les tables qui n’avaient pas encore payé (bon là, ça semble plus facile à comprendre).
Qu’en a-t-elle retenu ? Que le cerveau était très doué pour retenir les tâches inachevées, mais qu’il oubliait très vite aussi ce qui a été fait. Et donc, vous voyez doucement où je veux en venir avec notre histoire de to-do list.
Pourquoi le cerveau n’oublie pas d’abord… puis oublie très facilement ?
Le cerveau, c’est une machine magnifique et super bien faite. Ainsi quand nous avons quelque chose à faire, il va être sympa et nous donner un petit coup de main : on appelle ça un petit coup de boost cognitif. Dès lors, le “truc à faire” devient beaucoup plus simple.
Seul problème (mais qui fait aussi partie de la solution), tant que cette tâche reste inachevée, le cerveau ne relâche pas la pression : c’est ce qu’on appelle la tension cognitive. Et quand il y a trop de tension, on sent arriver la fameuse charge mentale. Littéralement.
C’est un peu comme lorsque vous avez plein d’onglets ouverts en même temps sur votre ordi. C’est pratique, mais au bout d’un moment, ça fait ramer la machine.
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Est-ce que c’est mauvais pour le cerveau ?
Oui… et non. Non, car ces fameuses tâches de fond sont autant de facilités pour le cerveau pour saisir des opportunités et mémoriser les choses. L’onglet est ouvert, donc plus simple de traiter l’info. Revers de la médaille, le fait que le cerveau soit tout le temps sur le qui-vive est… épuisant.
Et quel rapport avec notre to-do alors ? Vous l’aurez compris, le cerveau n’aime pas l’inconfort. Donc tant qu’il n’a pas réglé toutes ses tâches, il va rester en alerte. C’est pour ça qu’il garde en tête ce qui n’est pas coché sur la liste, et qu’il oublie ce que vous avez coché. Il a besoin de faire de la place, car pour lui, the job is done.
L’effet Bluma, ça marche aussi sur Netflix
L’effet Zeigarnik, on peut aussi le vivre à la fin d’un épisode de série. Vous savez, ce moment intense où il se passe un truc de dingue et… générique ! “Est-ce que John Snow est vraiment mort ?????” C’est le fameux cliffhanger. Et cet effet joue sur le système de tension cognitive. Ce n’est pas achevé. Ça reste dans la tête. Donc, on veut voir la suite. Et on se couche tard…
D’ailleurs, parfois, vous avez du mal à dormir, car vous… pensez. C’est le cerveau qui n’est pas “confort”, il a encore des onglets ouverts… Vous avez littéralement “un truc qui vous trotte dans la tête”. Donc dès demain, moins de trucs sur la to-do, c’est pour votre bien. Et si votre boss n’est pas content, dites-vous que lui aussi procrastine…