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Et si on rendait le vendredi (enfin) utile ? 3 façons de bosser pour correctement finir sa semaine

Dans certaines entreprises, le “vendredi libéré” commence doucement à se faire une place dans le cœur des salariés. L’idée est simple : faire de ce jour un sas de décompression (et de concentration) pour clôturer la semaine en beauté et profiter d’un week-end bien mérité. Un concept testé et approuvé, y compris par la science. Rencontre avec trois de ses aficionados.


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Qu’y a-t-il de pire que de partir en week-end avec la sensation d’un travail inachevé ? Pour Adrien Chignard, le pape de la psychologie au travail, il est clair qu’un travail mal ficelé le vendredi soir, c’est l’assurance d’un repos dominical gâché.

Pourquoi ? Une fois encore, il s’agit de cette fameuse “charge mentale”. “La déconnexion n’est possible que s’il y a une satisfaction préalable par rapport à la clôture des sujets de la semaine, mais aussi la qualité perçue des tâches réalisées”, nous explique-t-il. Autrement dit, bien fermer ses dossiers, c’est la promesse de ne pas les voir “popup” dans son cerveau à l’heure de l’apéro.

Qu’on me laisse tranquille à partir de vendredi midi !

Pour parvenir à ce niveau de sérénité, une seule solution : LA CON-CEN-TRA-TION, ou les fameuses plages de “deep work”. “Le vendredi, on peut s’offrir un tunnel de concentration durant lequel personne ne vient phagocyter nos capacités cognitives. Il s’agit d’éliminer ce que j’appelle les sollicitations pirates”, poursuit notre expert.

Convaincu des bienfaits d’un vendredi libéré, Adrien Chignard avait contribué à sanctuariser les vendredis dans un grand groupe en instaurant les “Serenidays”, il y a douze ans déjà. L’idée était simple : à partir de midi, on vous fichait la paix ! Dès lors, le vendredi s’était transformé en journée pivot entre le temps de travail et le temps de récupération.

💡 Le saviez-vous ? Votre cerveau est comme un muscle, il a besoin de repos ! En 2022, une étude sur la Théorie de la restauration attentionnelle a démontré qu’une pause de 45 minutes chaque midi, alliant de la marche dans un environnement bucolique tout en conversant avec un.e ami.e, permet de restaurer de 50% les facultés cognitives l’après-midi. “Il est essentiel de comprendre que le cerveau est capable de faire des choses très complexes, mais qu’il arrive un moment où il ne peut plus fonctionner correctement s’il ne se ressource pas. Comme une fibre musculaire, il ne peut grandir sans repos”, explique Adrien Chignard.

“Je pars en weekend avec un bagage émotionnel allégé”

Au sein de l’Assurance Retraite, Jérôme Friteau, Directeur des Relations Humaines et de la Transformation, a également mis en place un dispositif de la sorte pour ses collaborateurs. “Avec mon Directeur Général, nous avons décidé d’instaurer le vendredi après-midi sans réunions. Cela participe à notre réflexion globale sur la flexibilité”, assure-t-il.

Au sein de la structure, les employés peuvent effectivement bénéficier de la semaine en 4 jours s’ils le désirent, télétravailler ou pas, jouir de la flexibilité des horaires. Rien n’est imposé.

De son côté, le DRH en profite pour rattraper ses emails non traités, prendre une longue pause déjeuner pour faire du sport (impossible le reste de la semaine), et surtout partir à 17H l’esprit serein. “C’est une vraie oxygénation pour moi. Cela me permet également d’enseigner à Sciences Po un vendredi soir sur deux de 17H à 19H, rare créneau possible pour un cumul d’emploi”, explique-t-il.

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Micro-tâches, micro satisfaction…

Libérer le vendredi… pour se libérer, c’est aussi le parti pris de Claire du Boislouveau, Head of External Relations chez Comet. Dans cette société experte du travail hybride, qui propose à la location des lieux de réunions et d’événements, c’est un peu le comble : “on essaie de diminuer au maximum les réunions inutiles, pour se concentrer sur celles qui présentent une vraie valeur ajoutée”. Et si chacun est libre de s’organiser comme bon lui semble, pour notre interviewée, c’est le vendredi qui a été déclaré sans réunion.

Pour cela, Claire utilise un time blocker sur son agenda. “Cela me permet de faire un maximum de prod, ce qui est compliqué quand mon temps de travail est fragmenté. Je peux aussi regarder dans le rétroviseur et constater tout le travail abattu sur les derniers jours. Je pars ainsi en week-end sans trop de bagage émotionnel. Quand on se contente de répondre aux sollicitations immédiates, on a une satisfaction très court-termiste”, poursuit-elle.

Vendredi tout est (presque) permis

La jeune femme en profite aussi pour aller travailler dans l’un des espaces opérés par Comet pour changer d’air, au sens propre du terme. Elle invite souvent un membre de son équipe ou un.e ami.e. Et s’il n’est pas question de se disperser pendant les plages de deep work, la pause déjeuner est l’occasion de partager un temps convivial.

Autant de modalités d’organisation rendues possibles par des cultures d’entreprise laissant la part belle à la liberté individuelle. “Le contexte doit être facilitateur, c’est difficile à tenir à la longue s’il faut faire de la pédagogie sur le sujet”, affirme Claire du Boislouveau.

Un point de vue partagé par Adrien Chignard qui nous rappelle que parmi les trois nutriments de la bonne santé mentale au travail, se trouve l’autonomie. L’idée n’est donc pas d’imposer un modèle universel de vendredi, mais d’en faire une journée où chacun fait ce qui lui plaît (ou presque). Alors, prêts à rendre plus “free” le vendredi ?

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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