conseils

Faut-il attendre une crise existentielle pour tout recommencer ?

Souvent assimilée à une crise de milieu de vie (bien qu’elle semble survenir de plus en plus tôt), la crise existentielle s’apparente à une déflagration créant une foule d’interrogations dans l’esprit de celles et ceux qui la traversent. Mais est-ce véritablement le bon moment pour prendre des décisions et se mettre en action ?


5 min

“Ce que je vis, est-ce vraiment une vie ? ma vie ? Autrefois, j’attendais d’être “grand” pour vivre : j’ai attendu de terminer mes études, puis de trouver un bon travail, puis de fonder une famille, puis... Jusqu’à quand vais-je donc attendre d’être “grand” ? Attendrai-je donc toujours demain pour vivre ?... Un jour je serai mort sans avoir eu le sentiment d’avoir vécu !” Ces interrogations sont celles de patients rencontrés par Danielle Quinodoz, psychanalyste et autrice de travaux sur la crise existentielle de milieu de vie.

Les petits signaux qui nous alertent

Elles résument bien les turpitudes de l’esprit que nous pouvons tous vivre à un moment ou un autre ! Mais avant que ces tourments surgissent, il existe de nombreux petits signaux qui peuvent nous alerter sur la survenue possible d’une crise existentielle : des erreurs inhabituelles au travail, des retards fréquents, une fatigue intense, des maux de tête ou de ventre, des insomnies, malaises, sautes d'humeur… “Ce sont des signaux que l’on ne perçoit pas forcément à l'œil nu. Parfois, c’est l'entourage qui va nous alerter”, explique Pascal Anger, psychologue et psychothérapeute.

Souvent, c’est un élément déclencheur qui va catalyser ce profond besoin de changement que l’on avait mûri en nous, généralement de manière inconsciente. Il peut s’agir d’un accident, d’un burnout, ou, de manière moins spectaculaire, d’une simple dispute. Certains âges sont plus propices à l’apparition de la crise existentielle, à l’image de l’entrée dans la parentalité, du fameux cap des 40 ou 50 ans, ou encore du passage à la retraite. Autant de changements qui viennent bousculer notre identité - à la fois psychique et sociale - et nous questionnent sur le passé, le présent et l’avenir.

Changer, ce n’est plus de l’instabilité, mais de la mobilité

Un besoin de se mettre en mouvement qui peut être porteur d’espoir, ou au contraire qui nous terrifie parce qu’il nous engage à déconstruire pour reconstruire. C’est justement parce que tout changement comporte nécessairement un risque que nous ne parvenons pas à nous mettre en marche avant que la “crise existentielle” éclate. On va préférer son petit confort voire inconfort plutôt que de s’avouer que l’on n’est plus bien là où on est.

“*La peur et le manque de confiance en soi nous empêchent souvent d’avancer. Pour certaines personnes, il est vraiment difficile de sortir de la routine car c’est effrayant”*, affirme Pascal Anger. Outre cette sensibilité personnelle, il faut aussi prendre en considération le poids des diktats sociaux hérités de notre éducation et de nos expériences qui nous ordonnent de ne pas nous écarter de la norme.

Bien sûr, certaines personnes assument de prendre une autre voie, muées par un irrépressible besoin de changement. Est-ce à penser qu’il s’agit de personnalités instables ? *“Tout dépend du sujet dont on parle (couple, travail ?), et de l’âge de la personne. En ce qui concerne la sphère professionnelle, le changement est aujourd’hui moins perçu comme un signe d’instabilité qu’une capacité d’adaptation, surtout si on couple cette mobilité à de la formation”*, observe le psychologue.

La rédaction vous conseille

Mais faut-il tout plaquer alors que l’on est traversé par cette crise existentielle ?

Les personnes qui n’ont pas peur du changement sont-elles épargnées par la déflagration soudaine d’une crise existentielle ? Difficile de poser une affirmation définitive. Ce qui est certain, c’est que personne ne peut supporter d’être dans une interrogation perpétuelle. Et quand on n’a pas su écouter les signes avant-coureurs, c’est l’explosion : “Au bout d’un moment, on ne peut plus faire autrement. On est happé par ce changement qui est plus fort que nous”, poursuit l’expert. Mais faut-il tout plaquer alors que l’on est traversé par cette crise existentielle ?

Pour Pascal Anger, la réponse est on ne peut plus claire : il s’agit d’un moment qui n’est absolument pas propice à une prise de décision radicale. “Je recommande plutôt d’être sage dans cette période, car on est souvent submergé par ses émotions et on ne voit plus les choses clairement”, conseille-t-il.

Pour lui, tant que c’est encore la pagaille dans l’esprit, il faut prendre le temps de réfléchir à ce que l’on souhaite et veut, à ce que l’on abandonne et pourquoi, à ce qui a été positif ou non dans notre vie jusqu’ici, à ce qu’on a fait ou pas fait et pourquoi, et à ce que l’on désire aujourd'hui et pour quelle raison. “L’idéal bien sûr est de pouvoir se poser toutes ces questions avant la survenue de la crise existentielle. Mais nous prenons rarement le temps de nous interroger dans les périodes où nous nous sentons bien”, poursuit notre interlocuteur. Pourtant, agir en prévention est encore la meilleure des vertus.

💡 Quelques questions à se poser régulièrement :
  1. Où en suis-je dans ma vie ?
  2. Qu’est-ce que je veux aujourd’hui ?
  3. Quels sont les pour et les contre ?
  4. Quelle trajectoire précise me donner pour atteindre cet objectif ?

Observer, se questionner, prendre des renseignements et voir comment avancer ses pions, voilà la bonne marche à suivre quand on traverse une crise existentielle. “C’est important de laisser passer la tempête et surtout de compter sur les siens pour nous aider à tenir le cap. Il ne faut pas non plus hésiter à se faire aider par un psychologue ou coach, ou encore à faire un bilan de compétences si l’on est totalement perdu. L’important est de ne pas rester seul”, conclut Pascal Anger.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

La newsletter qui va vous faire aimer parler boulot.

Chaque semaine dans votre boite mail.

Pourquoi ces informations ? Swile traite ces informations afin de vous envoyer sa newsletter. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien présent dans chacun de nos emails. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données personnelles et pour exercer vos droits, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité