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Gérer des fortes personnalités : l’exemple par le résultat avec Gilbert Brisbois de l’Afterfoot

Comment manager des grandes gueules ? C’est un peu le boulot quotidien de Gilbert Brisbois, présentateur de l’Afterfoot. En direct, chaque soir, depuis plus de 15 ans, il arrive à gérer les « egos » de L’After pour délivrer la meilleure émission de foot de France. Voici sa méthode.


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“Manager, c’est comme être un capitaine de vestiaire”. En quelques mots, Gilbert Brisbois donne l’essence de ce qu’est l’Afterfoot, émission phare de RMC. À la tête du premier podcast de France, il est la voix emblématique qui berce les auditeurs chaque soir, 365 jours par an.

Et son terrain de jeu, il le partage avec des fortes têtes : “quand on a des forts caractères autour de soi, des gens qui ont une expertise, qui sont convaincus d’avoir raison, être dans un management uniquement directif, ça ne fonctionne pas. Dans l’équipe de l’Afterfoot, j’ai des gens qui ne veulent pas être dirigés, et qui veulent pouvoir exprimer leur avis, prévient-il. Donc c’est un style de management un peu différent puisqu’il faut qu’ils puissent exprimer leur avis tout en arrivant à créer une synthèse qui convient à tout le monde”.

Faut-il parler plus fort que les autres pour être écouté ?

“Je ne suis pas un capitaine gueulard, je suis plutôt en mode participatif et dans le dialogue. Je dis toujours: 'je n’ai pas la science infuse, moi, j’aimerais qu’on fasse comme ça, qu’est-ce que vous en pensez ?' Parfois, on me suit, parfois, on me conteste, explique-t-il. Mais j’ai une problématique importante : j’ai une population de journalistes, qui de façon générale, ont un énorme boulard et sont absolument sûrs de tout savoir sur tout. Et je peux parler librement parce que j’en suis un. Donc faut composer quand même”.

Un soir d’avril 2006, l’émission de débat foot née, avec à ses côtés, Daniel Riolo, son meilleur coéquipier mais aussi journaliste au verbe haut : “Parmi les gros boulards, il y en a qui ont un plus grand boulard que d’autres, et Daniel Riolo en fait partie. Évidemment, il a beaucoup plus de qualités que de défauts, il fait l’émission avec moi depuis le début”.

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Comparse et ami, il n’en reste pas moins qu’une relation manager-managé existe entre les deux emblèmes du foot radiophoniques en France. “C’est plus facile de se dire quand ça va ou quand ça ne va pas. Parfois, on s’engueule, mais on se connait tellement par cœur. Parfois sur tel sujet, je sais comment il va réagir. On sait quand un problème va arriver, ou qu’une réaction de l’un ou de l’autre se fait. C’est fluide. C’est mon rôle de faire l’éponge pour que notre produit final soit bon, en fonction des spécificités de chacun. Avec les nouveaux ou les gens que je connais un peu moins, je fais plus attention”.

“Les principales difficultés… c’est quand on touche au pognon, faut être honnête”

Gilbert Brisbois doit donc jongler entre les egos, les avis, mais aussi les sensibilités pour que chacun trouve sa place : “Nous, on fait une émission de débat, donc mécaniquement t’as envie d’imposer tes idées, arguments contre arguments. C’est une sorte de confrontation, comme un match, que personne n’a envie de perdre. Pour celui qui perd, il peut y avoir une sorte de vexation donc il y a une façon de le faire rebondir, de le rassurer. Avec celui qui gagne, y’a pas de problème”, sourit-il. C’est une sorte de management que je dois avoir en direct pendant l’émission”.

Chef d’orchestre, c’est aussi celui qui doit savoir se mettre en retrait pour faire briller son équipe. “Peut-être que j’ai un ego qui n’est pas aussi développé que d’autres autour de la table”, démarre-t-il en riant avant d’embrayer : Si je dois m’effacer au bénéfice du produit final, je le fais de façon naturelle. Si demain, un de mes intervenants revient avec une longue enquête, c’est lui qu’on va mettre en valeur. Mon rôle, c’est de toujours penser à l’auditeur”. On appelle ça : l’efficacité collective.

Tout pour les auditeurs !

Bien sûr, il y a des sujets plus ou moins tabous. Même pour l’After qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : “Les principales difficultés… c’est quand on touche au pognon. Il faut être honnête. Les histoires d’augmentation, de primes, etc. Moi, de ma position hiérarchique, je ne maitrise pas forcément, ça peut se passer au-dessus de moi. Là, il peut y avoir des frictions, parfois des engueulades, des incompréhensions. C’est sans doute ça le plus difficile à gérer, pour le reste, je ne ressens pas de difficulté”.

Finalement, l’obsession du capitaine/manager Brisbois, c’est le résultat : “La façon de m’occuper de l’équipe tend vers le résultat de la fin de journée : c’est-à-dire l’émission. Avec un seul objectif : faire la meilleure émission possible ensemble. La “satisfaction client” comme on dit est cruciale. On est jugé tous les jours par nos auditeurs. Avec les réseaux sociaux et les interactions qui existent grâce à l’émission, le résultat est direct. On sait tous les jours si on a été bons, ou si on n'a pas été bons. Évidemment, on ne dit pas client, on dit auditeurs ou téléspectateurs. On ne leur vend pas grand-chose à part du plaisir”.

Yannick Merciris

Head of Editorial The Daily Swile

Journaliste qui aime autant les mots que le ballon rond. Vu que je gère mieux le premier que le second, j’ai décidé […]

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