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L’IA peut-elle faire de vous un meilleur manager ?

Non mais pour qui ils se prennent ces robots ? En plus de nous aider dans des tâches subalternes, l’IA serait désormais capable de nous coacher dans des tâches on ne peut plus humaines, comme le management. Alors, simple gadget ou réelle valeur ajoutée ?


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Des médecins qui utilisent ChatGPT pour annoncer les mauvaises nouvelles à leurs patients ? Non, non, ce n’est pas de la science fiction mais ce qui se passe déjà aux Etats-Unis, à tel point que Microsoft — qui collabore avec OpenAI — s’inquiète de cet usage. Et, si les blouses blanches l’utilisent pour parler avec leurs patients, on peut aisément imaginer que les managers en fassent de même avec leurs collaborateurs. Mais est-ce là un problème ? Et surtout, quels sont les usages possibles de l’intelligence artificielle dans le monde du management ?

Gagner du temps pour soi et les autres

Le premier gain de l’intelligence artificielle est la possibilité de se débarrasser de tâches à faible valeur ajoutée : rédaction d’un email, mise en page d’un document, recherches sur un sujet etc. “Je crois que le rôle du manager est de pousser l’usage de l’IA chez ses collaborateurs pour leur faire gagner du temps. Cela va dans le sens du concept de glandeur magnifique que j’ai développé dans un précédent ouvrage”, explique Cyril de Sousa Cardoso, entrepreneur dans l’univers de l’intelligence artificielle, auteur et conférencier. Qu’on se le dise : le but n’est pas de réduire les compétences des collaborateurs, mais plutôt de montrer la confiance qu’on a en leurs capacités, pour les pousser à aller plus loin dans leur développement.

Ce gain de temps doit aussi se retrouver à l’échelle du manager. Lui-aussi doit pouvoir se délester de tâches pénibles et chronophages. Prenons l’exemple de l’outil Praiz. Il s’agit d’une application qui enregistre, transcrit en direct, puis résume les conversations en visio-conférences. Elle permet aux managers d'avoir en quelques secondes un aperçu des échanges entre les collaborateurs et d'éventuels prospects, clients, candidats etc.  Et donc de pouvoir faire un retour rapide sur les performances des collaborateurs et leur proposer des solutions pour s'améliorer (les managers peuvent taguer et mettre des commentaires à des moments clés de la conversation pour coacher leurs collaborateurs).

En tant qu’assistant personnel, “l’IA doit donc permettre d’augmenter le manager et l’aider à se concentrer sur les interactions humaines grâce au gain de temps sur des tâches moins importantes”, souligne Cyril de Sousa Cardoso.

L’IA comme support réflexif

On parle souvent de l’IA pour se délester des tâches peu gratifiantes. Mais en réalité, “on peut aussi l’utiliser comme zone de réflexion”, affirme Cyril de Sousa Cardosa. Passionné par l’anthropologie, il nous explique que reproduire la cognition humaine est finalement ce qu’il y a de plus simple au regard de notre évolution. On appelle cela le paradoxe de Moravec : il est plus simple de copier le fonctionnement cognitif d’un adulte que le mouvement simple d’un enfant. “En comparaison avec notre biologie, notre corps, notre capacité d’empathie et notre intelligence collective, notre intelligence cognitive est notre outil le plus récent du point de vue de la science de l’évolution, et donc le moins évolué”, affirme-t-il. C’est d’ailleurs ce qui lui fait prédire la disparition d’une large partie des métiers intellectuels actuels au profit des métiers manuels et d’interaction sociale dans les 50 prochaines années.

Bien maniée, l’IA peut donc soutenir un manager dans la définition des objectifs de son équipe, dans le déroulé d’un entretien difficile avec un collaborateur, dans la mise en place de son plan stratégique. “L’IA ne va pas se substituer à la pensée (d’ailleurs, bad news les copains, si on est mauvais, on le reste avec l’IA), mais répondre sur la base de la pensée moyenne (formée par les données qu’on a utilisées pour l’entrainer) à laquelle elle a accès. Elle peut donner de bonnes pistes pour ouvrir la réflexion. L’IA va peut-être vous faire voir des angles morts que nous n’aviez pas envisagés”, lance l’expert qui travaille actuellement à la création d’un ChatGPT interne aux entreprises, afin de générer des réponses en phase avec la culture et les objectifs de chaque organisation.

Un coach perso quand tu n’as pas la tréso

Ce qui est incroyable avec l’IA, c’est qu’elle investit tous les champs possibles et imaginables. Saviez-vous par exemple qu’il existe déjà des coachs, psys et prêtres virtuels ?

CEO de Connection Leadership et experte en transformation des entreprises, Betsy Parayil-Pezard accompagne des dirigeants de haute volée vers un management plus bienveillant et empathique. Son activité très en prise avec l’humain ne l’a pas empêchée de s’intéresser à une société française dédiée au développement de l’IA dans le coaching (Pocket Confidant, qui existe depuis 2015). “J’ai décidé d’investir dans ce projet pour deux raisons : déjà, cela permet de démocratiser l’accès au coaching en dehors du top management, car souvent, seule une poignée de personnes en bénéficient en entreprise. Ensuite, je pense qu’il en va de notre responsabilité, en tant que professionnels du coaching, de nous impliquer dans le développement de ces outils qui vont émerger, avec ou sans nous”, affirme-t-elle.

Concrètement cet assistant coach accompagne le manager en lui faisant suivre le même type de parcours qu’avec un coach en chair et en os. Il peut travailler sur son leadership, la gestion d’un conflit, un changement en cours… L’IA l’aide en lui faisant se poser les bonnes questions pour avancer pas à pas jusqu’à la mise en place d’un plan stratégique une fois la prise de conscience passée. “L’assistant n’est pas là pour donner les bonnes idées, il agit comme un maïeuticien”, confirme Betsy Parayil-Pezard.

Trouver son binôme

L’autre bénéfice que l’experte voit dans l’IA, c’est la possibilité pour un manager d’être assisté à n’importe quel moment de la journée, ou de la nuit. “Le problème des leaders est qu’ils sont souvent seuls. Ils peuvent se retrouver face à une équation impossible à résoudre à minuit. C’est pourquoi personnellement je crois énormément à la force des binômes. Et à défaut d’avoir une personne dans le réel, l’IA peut se substituer à ce double qui permet selon moi d’aller plus loin, d’avoir plus d’impact”, soutient Betsy Parayil-Pezard.

Pour toutes ces raisons - diverses et variées vous en conviendrez - nos deux experts en sont convaincus : oui, l’IA peut faire de vous un meilleur manager. L’enjeu sera d’en définir les contours et bonnes pratiques, sans oublier de rester en prise avec le plus important : la réalité du terrain !

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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