La proche-aidance, un formidable levier de performance pour nos organisations !
L’aidance. Quel mot barbare ! La proche-aidance. Quel mot tabou ! Soyons honnêtes, ce mot fait peur. Et pourtant, refuser l’emploi du mot ne permet pas de réfuter la réalité. Alors, ouvrons les yeux et même envisageons ce en quoi cette réalité peut devenir un formidable levier de performance au travail. Par Stéphanie Carpentier, Docteur en management. Consultant-Chercheur et Présidente de la société de conseil DR.RH&CO.
La proche-aidance est une réalité bien plus courante qu’on ne l’imagine spontanément. Cette aide peut prendre différentes formes, non exclusives les unes des autres : soutien aux activités de la vie quotidienne, soutien moral ou aide financière. Les statistiques françaises officielles montrent qu’en 2021, ce sont 9,3 millions de personnes qui déclarent apporter une aide régulière à un proche en situation de handicap ou de perte d’autonomie (que cette personne vive dans le même logement ou ailleurs).
En clair, ce sont ainsi 8,8 millions d’adultes et 0,5 million de mineurs de 5 ans ou plus qui sont proches-aidants, soit plus d’un adulte sur sept et près d’un mineur sur vingt. En outre, près d’une personne sur quatre entre 55 et 65 ans se déclare être proche aidant. Enfin, les femmes précisent apporter plus souvent une aide régulière dans les activités de la vie quotidienne ou un soutien moral quand les hommes affirment privilégier une aide financière (cf. DREES, Études et Résultats, février 2023, n° 1255).
Bref, si la proche-aidance ne vous concerne pas directement, elle concerne déjà au minimum quelques personnes de votre entourage, soyez-en certain.
L’aidance, un parcours qui peut être salutaire
Or qui a déjà été proche-aidant, ce qui est mon cas, sait combien c’est souvent difficile à concilier avec son quotidien, mais aussi combien c’est une source de remises en question et d’ouvertures aux autres, souvent salutaires. En effet, jongler en permanence avec des contraintes d’agendas professionnels et des rendez-vous médicaux dans une autre ville peut être souvent très sportif, surtout si votre activité professionnelle vous oblige à effectuer de réguliers déplacements.
De la même façon, s’occuper sur votre temps libre des certaines démarches administratives ou tout simplement prendre le temps au quotidien d’être vraiment présent avec ce proche est parfois difficile. Et pourtant, c’est salutaire. C’est salutaire pour vous-même, mais aussi pour votre équipe et même votre organisation. Prenons quelques exemples.
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Aider… pour apprendre à mieux travailler
Jongler entre vos différents agendas vous oblige, en effet, à savoir optimiser votre temps de travail. Dans ce cas, la mise en pratique de la matrice Eisenhower vous semble aller de soi. De la même façon, vous apprenez à travailler de façon efficace en mode hybride et à conduire des réunions de travail qui vont à l’essentiel. Vous privilégiez donc l’efficience et évitez ainsi la réunionite et le présentéisme, ces maladies qui pénalisent la performance de nos organisations.
En outre, tous ces temps perdus en démarches administratives sont autant d’occasions où vous pouvez prendre le temps de respirer, de vous énerver, d’analyser ce qui se passe : bref, d’être davantage connecté à vous-même et à ce (ceux) qui vous entoure(nt).
De l’aidance à la performance
Enfin, chaque moment partagé avec cet autre qui a besoin de votre aide vous apprend non seulement à vous arrêter et à être davantage conscient du moment présent (la pleine conscience ou Mindfulness tant préconisée pour gérer votre stress n’a qu’à bien se tenir) mais aussi à savoir pratiquer une réelle écoute active, à développer votre intelligence émotionnelle et même à oser demander de l’aide ou à la proposer. Autant de soft skills tant appréciées en entreprise et encore plus si vous êtes en responsabilité managériale ou de leadership.
En conclusion, la proche-aidance est plus courante qu’on ne le pense et a beaucoup à nous apporter, que ce soit à titre personnel ou professionnel, d’un point de vue individuel, collectif et même organisationnel. Alors, affrontons cette réalité, y compris au niveau managérial, et tout le monde s’en portera mieux, notre performance au travail également !