L’âgisme, ce fléau mondial qui coûte des milliards
Savez-vous ce qu’est l’âgisme ? Une discrimination liée à l’âge qui touche une personne sur deux selon l’ONU et qui coûterait des milliards d’euros chaque année. Un impact au travail et dans la société. Explications.
“On estime qu'une personne sur deux dans le monde a des « attitudes modérément ou fortement âgistes ».* Ce chiffre presque affolant nous vient d’un rapport co-signé de l’ONU et de l’OMS.
Imaginez… Baladez-vous dans la rue, et comptez les personnes. Une fois sur deux, vous pouvez penser croiser une personne qui a, ou a déjà eu, une “attitude modérément ou fortement âgiste”. Et parfois, cette personne, c’est peut-être même vous.
L’âgisme, c’est quoi ?
C’est “catégoriser et diviser les gens d’une façon qui entraîne des préjudices, des désavantages et des injustices, définit l’OMS. On peut lui trouver différents visages : “attitudes empreintes de préjugés, des actes discriminatoires et des politiques et des pratiques institutionnelles perpétuant des croyances stéréotypées”.
Quand on pense âgisme, on pense souvent discrimination envers les plus anciens. Mais c’est un faux-semblant. L’OMS écrit clairement que ”les personnes âgées comme les jeunes adultes sont souvent désavantagés sur le lieu de travail et l’accès à la formation spécialisée et à l’éducation recule fortement avec l’âge”.
La rédaction vous conseille
En France, ça va mieux mais…
Si on regarde les chiffres bruts et leur évolution, il y a du mieux. En 2022, 66% des 50-64 ans (Vs 57,9% en 2012) et 34,9% des 15-24 ans (VS 28,5%) sont en emploi. Mais si on creuse et qu’on avance un peu dans l’âge, des seniors notamment, les chiffres sont un peu plus durs. “Le taux d’emploi des 55-64 ans dans l’Hexagone est l’un des plus faibles d’Europe: 56,2% contre 72,3% en Allemagne et 61,3% dans la zone euro”, écrit L’Express. Ce qui classe la France à la 16 position (sur 27) en Europe. Enfin, après 60 ans, c’est seulement un Français sur 3 qui bosse.
Pourquoi on a du mal avec l’âge ?
On attribue aux personnes âgées beaucoup de clichés : trop chères, santé fragile, démotivation, dépassé technologiquement. “Les mentalités doivent changer. Le principal problème, c’est le manque de formation des managers qui craignent de ne pas pouvoir gérer un salarié plus âgé qu’eux”, explique Valérie Gruau, Fondatrice de Seniors à votre Service, une plateforme d’emploi spécialisée, toujours dans les colonnes de L’Express.
Un quotidien pour beaucoup “d’anciens”, comme Jacques. À 59 ans, il lui a fallu 2 ans pour retrouver un job. “Les préjugés sont nos premiers concurrents et notre plus grande faiblesse. Sur le handicap, la couleur de peau, etc, c'est la même chose”, nous explique-t-il. **
“Contre une carte d’identité, vous êtes un fantôme”
Après avoir connu le succès, vient le silence, puis la discrimination : “En France, on est dans une bulle. Un jeune n’a pas d’expérience donc je ne le prends pas. Un vieux en a trop, donc je ne le prends pas. Je prends juste le cœur d’âge. On paie sa carte d’identité ! C’est dramatique, on ne peut pas se battre. Contre une carte d’identité, vous êtes un fantôme. Ce sont des discriminations et en France, l’âge en fait partie. On n’a pas compris que la richesse d’une entreprise ce ne sont pas ses produits, la richesse d’une boite, c’est son personnel”.
Après être passé par la case stage, il revit aujourd’hui : “J’ai perdu la direction commerciale, donc le management, mais je m’en fiche parce que je les coache. C’est différent, et ça m’intéresse beaucoup plus. Je coache les gens pour les aider, c’est fantastique”.
L’âgisme coûte des milliards d’euros
Dans le même rapport, l’ONU donne des chiffres faramineux. Une étude australienne projette que si 5% de plus des personnes âgées de plus de 55 ans étaient en emploi, “il y aurait un impact positif de 48 milliards de dollars australiens (30 milliards d’euros, ndlr) sur l'économie nationale chaque année”.
Toujours selon l’ONU “l’âgisme à l’encontre des jeunes et des personnes âgées est un problème répandu, non reconnu et non traité qui a de profondes conséquences sur nos systèmes économiques et nos sociétés”.
En France, un cabinet lié à Science Po, et fondé par Hervé Lorenzi, a publié une étude qui explique que si on augmentait de 56% à 66% l’emploi des seniors, on arriverait à un équilibre du système (et donc on stopperait le déficit).