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Lève-tôt vs Lève-tard : pourquoi est-ce tabou d’arriver (plus) tard au boulot ?

Certaines l’aiment tôt, d’autres l’aiment tard. On parle du réveil, bien sûr. Si le présentéisme semble petit à petit se déconstruire, il reste encore un petit tabou sur l’heure d’arrivée au taf. Partir tôt, c’est ok. Arriver tard… y’a encore un peu de boulot, non ?


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Depuis toujours, le monde de la nuit semble divisé en deux camps adverses : celui des lève-tôt, et celui des lève-tard. En réalité, les Français sont tous plutôt matinaux. Ils se lèvent à 7h en moyenne (Observatoire de Cetelem), et pour 72% d’entre eux, ouvrir les yeux est relativement facile. Pour autant, il y a aussi une vie avant le boulot, et tous les employés ne pointent pas aux aurores, ce qui leur vaut parfois de se faire remonter les pendules. Alors, à quand la pleine flexibilité, y compris au démarrage de la journée ?

Tu pars à 16h30 ? T’as pris ton après-midi ?” Ce vieux refrain, nous l’avons tous entendu, et un grand nombre de Français l’entendent encore aujourd’hui comme nous le confie Aurélie*, RH dans le secteur de la réparation automobile. “C’est extrêmement mal vu, y compris pour les fonctions support, de déroger aux horaires (8h-12h, 14h-18h). Et cela est valable dans les deux sens : que l’on arrive plus tard ou parte plus tôt. Moi-même, je me prends des réflexions quand j'arrive le mercredi à 9H30, alors que cela a été négocié dans mon contrat avec mon patron”, nous raconte-t-elle.

Partir tôt, ok. Arriver tard… ça coince

Dans les entreprises du secteur traditionnel, comme le BTP, l’industrie, le milieu médical ou toute activité tertiaire nécessitant l’accueil du public, les horaires, ce sont les horaires !  Mais qu’en est-il dans les entreprises qui emploient des cols blancs ? Il est vrai qu’on observe davantage de flexibilité puisque les cadres travaillent au forfait.

De ce fait, il est de plus en plus admis de partir plus tôt du travail, notamment pour aller récupérer ses enfants. Mais les patrons sont-ils autant conciliants en ce qui concerne l’heure d’arrivée le matin ? Ou le salarié qui pointe à 10h passe inconditionnellement pour le flemmard-fêtard de l’open space ? Car ne dit-on pas que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt ?

Selon une étude de la DARES, les horaires de bureau en France sont stables et réguliers, même en 2023 : en moyenne 8h20-17h30 avec une pause d’une heure le midi.

#MorningRoutine

Ce vieil adage est revenu sur le devant de la scène cette dernière décennie. Aujourd’hui, il est de bon ton d’afficher sa routine matinale sur les réseaux sociaux. Dans le monde entier, l’ouvrage Miracle Morning, Offrez-vous un supplément de vie, de Hal Elrod, a cartonné dans les librairies. En France, la tendance s’est même propagée avec l’apparition de sociétés proposant des before-work à base de méditation, jus de fruits pressés et granolas aux graines de chia. “Il y a 10 ans, j’aurais été ringard parce que se lever tôt, c’est aussi se coucher plus tôt. Mais aujourd’hui c’est bien vu”, s’amuse Yannick, notre Rédacteur en chef (adepte des réveils matinaux).

Tous les matins, à 7h pétantes, vous le retrouverez sur le chemin de la salle de sport pour 1h30 de transpiration. “J’en ai vraiment besoin pour mon équilibre. C’est un sas de transition entre la maison et le bureau où je ne suis pas notifié, où personne ne vient me parler”, nous confie-t-il.

Pour autant, Yannick n’arrive pas spécialement tôt au bureau puisqu’il entame sa journée sur les coups de 9h. La différence avec les non adeptes du youpi matin (hein hein) ? Il est immédiatement d’attaque et commence sa journée “à pleine balle”, échauffé par sa routine matinale.

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Personnaliser l'expérience de travail

Toujours est-il que même s’il est adepte du travail en matinée, notre rédac chef se fiche que le reste de son équipe le soit aussi. “On pourrait s'imaginer une plage de disponibilité entre 11h et 16h, pour que les collaborateurs puissent s'organiser comme bon leur semble, affirme-t-il.

L’idée ? S’adapter au rythme biologique de chacun mais aussi aux contraintes personnelles. Par exemple, un salarié aidant pourrait arriver plus tard le matin pour accompagner son proche à l’hôpital, et récupérer du temps de travail le soir. Un changement d’état d’esprit rendu possible par un management centré sur l’accomplissement des objectifs et non le présentéisme.

Cette flexibilité, nombre d’employés du secteur traditionnel l’appellent de leurs vœux. Fanny, manager dans un grand magasin, nous le confirme. “Dans mon milieu, on peut faire des rotations le matin, le soir, la nuit. Pour des raisons d’équité, les RH nous font tourner sur tous les horaires, mais c’est très compliqué ensuite pour le sommeil et la gestion de la fatigue”.

Comme d’autres salariés, elle préférerait pouvoir choisir le créneau qui lui convient le mieux, tout en étant consciente que toutes les rotations doivent être honorées. “Mais selon notre chronobiologie ou nos contraintes personnelles, nous n’avons pas tous les mêmes appétences. Par exemple, j’apprécie le travail le dimanche, ce qui n’est pas le cas de tout le monde”, affirme-t-elle.

Retarder le réveil… pour mieux appâter le chaland ?

Un point de vue partagé par Aurélie* qui déplore le manque de flexibilité de son secteur : “en tant que recruteuse, cela est extrêmement compliqué d’attirer les candidats sur ces postes avec ces contraintes horaires. Si l’on pouvait organiser différemment les plannings ce serait un gros plus en termes de marque employeur. Je l’ai d’ailleurs observé dans le secteur de la logistique où j’ai travaillé auparavant : les salaires étaient bas mais on proposait de faire 8h-15h30 avec 30 minutes de pause ou 10h-17h30. Et là, je n’avais aucun problème à recruter avec ces horaires décalés”, témoigne-t-elle.

Alors, que l’on soit du matin ou du soir, ouvrier ou cadre sup en cravate, nous aspirons tous à la même chose : davantage de flexibilité… y compris sur le réveil.

*Le prénom a été modifié

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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