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Les micro-agressions au travail : Stop avec les surnoms “ma belle”, “ma petite” et “l’Asiat”

“Ma belle”, “ma petite”, “ma mignonne”… Tous ces surnoms et autres petites appellations sont considérées comme des micro-agressions quand elles ne sont pas consenties. Un problème récurrent que l’on peut rencontrer au travail et qu’il faut savoir repérer, gérer et stopper quand c’est trop impactant.


3 min
26 janvier 2023par Diane Touré

“En entreprise, si vous avez déjà vécu des choses comme “ma belle”, “ma petite”, “ma mignonne”… c’est une micro-agression”, explique Dang-Minh Tran, co-fondatrice du projet Adelphité qui travaille à l’inclusion et la diversité du monde professionnel. “Même si pour certains cela ne semble pas méchant, quand ce n’est pas consenti, ce n’est pas affectueux, ce n’est pas professionnel. Moi, je dis stop à ces surnoms-là, ce n’est plus possible !”, tempête-t-elle.

C’est quoi une micro-agression ?

Une micro-agression peut prendre plusieurs formes : un geste, une remarque, un surnom, une attitude qui peut sembler n’avoir aucun impact. Du moins pour celui qui micro-agresse, mais celui ou celle qui la reçoit, c’est une tout autre histoire. On peut se sentir “dénigré, insulté dans notre origine sociale, notre groupe ethnique, notre orientation sexuelle ou notre genre”, rappelle Dang-Minh Tran.

“C’est irrespectueux et insultant, même s’il y a “petite” devant. Nous avons un prénom et une identité comme tout le monde. Être réduit.e à un trait de notre physique est réducteur. Personne n’a envie d’être l’Asiatique de service ou le Noir de l’équipe. Au fait, ce n’est pas moins raciste de dire « black » donc par respect pour les personnes noires, on dit « noir », détaille-t-elle encore dans un post LinkedIn qui a suscité un grand débat.

D’ailleurs, on retrouve ça principalement dans les surnoms. “En général, pour les diminutifs, vous avez l’accord de la personne, souvent, c'est même elle qui préfère cette dénomination. À l’inverse, le surnom, on nous le donne sans réelle raison et même si c’est un adjectif positif, cela reste problématique”, détaille Mélissa Pangny, psychologue du travail à Marie-Claire.

“Ce sont des expériences que j’ai vécues en entreprise”, rembobine Dang-Minh Tran. C’est toujours fait sur le ton de l’humour donc c’est compliqué à déceler. C’est comme une piqûre de moustique : une fois ça passe, puis deux fois… et à un moment donné, c’est agaçant. Donc on s’énerve, et on a des réactions soi-disant disproportionnées. Mais non, on s’est juste fait piquer toute la semaine” .

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Comment réagir face à une micro-agression ?

Quand on est victime de ces micro-agressions, il y a deux voies : “Soit on peut quitter et ignorer la situation parce qu’on n’a pas l’énergie pour, soit on peut répondre, mais il faut être patient et pédagogue. Et puis, on peut aussi dénoncer plus haut, à la hiérarchie”, rappelle celle qui gère le projet Adelphité.

La loi est d’ailleurs très claire sur le sujet : “Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés de harcèlement moral qui ont pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale” (Article L1152-1, du Code du Travail)

De plus, derrière ce phénomène se cache aussi biais particulièrement sexiste. “C’est paternaliste et infantilisant. On appelle les hommes blancs par leur prénom, pourquoi pas les femmes et les personnes minorisées ? Tout le monde mérite d’être considéré et respecté”, clame-t-elle. Un propos qui trouve écho chez Mélissa Pangny, psychologue du travail : “C’est plus rare de voir des hommes affublés de ces mêmes types de dénomination”.

Selon une étude de 2013 pour le Conseil supérieur de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP), relayée par Néon, “une femme interrogée sur deux (49 %) affirmait qu’un homme l’avait déjà interpellée en utilisant un surnom sexiste”.

Diane Touré

Lead audiovisual Producer

Journaliste reporter d’image qui passe un peu trop de temps sur les réseaux (c’est mon iPhone qui le dit), donc j’en ai […]

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