L’offboarding : de l’importance de ne pas partir fâchés
Quitter une boite, c’est comme une rupture amoureuse. Mais tout n’est pas obligé de finir en drama, dans les larmes et dans le ressentiment. Bien au contraire. Soignez une rupture peut être un immense avantage pour le salarié… et l’entreprise. Découvrez les secrets et la magie de l’offboarding.
En France, 70% des entreprises n’ont pas pensé leurs processus liés aux départs des collaborateurs, faute de temps ou de budget. Certaines n’ont même jamais entendu parler du terme “offboarding”. Pourtant, il s’agit d’un moment clé à ne manquer sous aucun prétexte. Tout le monde peut en ressortir gagnant.
Rupture d’une période d’essai, fin d’un CDD, démission, rupture conventionnelle… les raisons de quitter une entreprise sont nombreuses. D’ailleurs, le taux de turnover en France tourne autour de 15%. Et ce n’est pas parce que l’on se quitte qu’il ne faut pas mettre d’énergie sur la rupture. Au contraire.
Pour Romain Echallier, HR Business Partner chez LumApps, l’offboarding fait partie intégrante du cycle de vie d’un salarié en entreprise :
Dans l’approche des “moments clés” définie par le cabinet Gartner, l’offboarding figure effectivement parmi les temps forts de l’expérience collaborateur, au même titre que la phase de recrutement, l’onboarding ou encore une promotion interne.
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Ne partons pas fâchés…
Se quitter bons amis est central. En effet, ce n’est absolument pas pareil de partir d’une société, car on a une plus belle opportunité ailleurs, que de s’en aller parce que l’on est à bout et brouillé. Pourquoi ? Car se séparer fâchés est désastreux pour la marque employeur d’une entreprise. Le risque ? Une mauvaise réputation via le bouche à oreilles et un commentaire cinglant sur Glassdoor qui refroidira les candidats à l’avenir.
À l’inverse, 85% des collaborateurs sont prêts à parler en bien de leur entreprise autour d’eux si leur départ se passe bien. De plus, un collaborateur sur le départ est un livre ouvert. Une mine d’or pour l’entreprise si l’employé accepte de se livrer à l’entretien de sortie (“l’exit interview”). “C’est un moment où le collaborateur peut parler à cœur ouvert, car il n’y a plus d’enjeux pour lui. Ce retour d’expérience permet ensuite à l’entreprise de s’améliorer”, poursuit Romain Echallier.
Lors de ces entretiens de sortie, certaines directions RH peuvent notamment apprendre la présence de managers toxiques ou découvrir des axes d'amélioration importants. “Les départs sont encore parfois créateurs de tensions, même si on voit ces dernières années une amélioration des relations démissionnaires / entreprises (moins d’affect)”, analyse Michael Obadia, fondateur du cabinet Upward. D’ailleurs, Jullien Brézun, DG de Great Place To Work expliquait “qu’on quitte plus son/sa boss qu’une boite”.
Connaissez-vous les salariés boomerang ?
Si l’offboarding est aussi important, c’est également parce que le phénomène des salariés boomerang prend de l’ampleur. Comprenez : les salariés qui quittent leur job et reviennent quelques années plus tard dans l’entreprise. Fait notable : 80% des salariés américains qui ont quitté leur job pendant La Grande Démission le regrettent !
Au sein de son cabinet, Michael Obadia témoigne de la montée en puissance du phénomène des salariés boomerang. “Les clients d’Upward par exemple sont nettement moins frileux qu’avant à l’idée d’embaucher d’anciens salariés, et nous en avons nous-mêmes ré-embauché 5 en un an. Soigner les départs de ses collaborateurs est capital, car cela permet de mieux les faire revenir par la suite !”, affirme-t-il.
Ne surtout pas démissionner l’un de l’autre…
En France, l’offboarding est un terme encore peu connu.
C’est ce qu’atteste ce chiffre révélant que 70% des entreprises n’ont pas conceptualisé le départ de leur salarié.
Partir, ce n’est pas simplement rendre le matériel et régler toutes les questions liées à la sécurité de l’entreprise. Soigner l’offboarding, c’est avant tout consacrer du temps et de la considération à son salarié. De cette façon, on ne donne pas le sentiment à la personne qui s’en va qu’elle n’est qu’un pion interchangeable.
Enfin, l’offboarding, c’est aussi un ROI indirect parfois. Quitter une boite pour une autre peut vous donner le meilleur des commerciaux. Pourquoi un ancien salarié n’irait-il pas faire la promo d’un produit qu’il vendait avant ? Très souvent, c’est le cas.
5 conseils pour un offboarding en béton
Bien communiquer sur le départ
- Si le départ du salarié ne se fait pas à son initiative, lui expliquer les raisons de son départ de façon transparente, mais sans pour autant le blesser. Et surtout, communiquer le plus tôt possible.
- Annoncer clairement sur le départ aux équipes et autres parties prenantes. Dans un premier temps, il peut être intéressant de laisser le collaborateur choisir sa propre temporalité. Toutefois, il est conseillé de ne pas “cacher” trop longtemps le départ aux équipes.
Réaliser une bonne passation
- Accompagner le salarié jusqu’au bout de ses missions, en impliquant tous ses interlocuteurs pour ne pas le mettre à l’écart.
- S’assurer que la passation des connaissances soit bien faite.
Recueillir des feedbacks
- Organiser un entretien de sortie entre manager et salarié, et RH et salariés pour prendre en compte les feedbacks du collaborateur. Il est recommandé de fournir une liste de questions au salarié en amont afin de l’aider à préparer l’entretien.
- Ne pas hésiter à échanger des recommandations mutuelles.
Gérer l’administratif
- Rendre l’ordinateur, écraser les données, stopper les accès aux logiciels... La partie logistique et administrative contribue aussi à sceller le départ. C’est important quand on sait que les grands groupes dépensent chaque année 25 000€ dans le vent si les accès aux logiciels ne sont pas supprimés au moment du départ, toujours selon l’infographie Workelo.
- Un certain nombre d’éléments doivent également être remis à l’employé : solde de tout compte, remboursement des notes de frais ou encore le certificat de travail.
Savoir se dire au revoir
- Organiser un pot de départ en présentiel. Rien de pire que des adieux à distance. On n’est pas des robots m**** ! Pendant ce moment, prendre le temps de remercier le salarié et d’insister sur les points positifs de son parcours dans l’entreprise.
Bonus : Animer le réseau des anciens
- Garder le lien avec les anciens en créant un réseau d’alumni : groupe LinkedIn, WhatsApp ou Facebook dédié; newsletters; soirées spéciales… Tout ce réseau aura toujours votre label et pourra être un avantage dans le futur qui sait…
À retenir : ne voyez plus l’offboarding comme une perte de temps et d’argent… bien au contraire. Avec la hausse du phénomène des salariés boomerang et la montée en puissance du sujet de la marque employeur, l’offboarding devient aussi important que son pendant, l’onboarding.