Qui est Robert Kelly, l’homme qui a “normalisé” les interruptions des enfants en visio ?
Que celui ou celle qui n’a jamais été interrompu (ou qui a été témoin d’une interruption) par un enfant lors d’un visio lève la main… Personne, bien sûr. Et si aujourd’hui, tout cela semble normal et attendu, on le doit peut-être à un homme : Robert Kelly. Découvrez sa drôle d’histoire.
“Maman, tu fais quoi ?? C’est à qui que tu parles ?”, qui n’a jamais entendu de telles phrases lors d’un meeting en visio avec ses collègues ? Si le Covid et le développement du télétravail nous ont appris une chose, c’est que les enfants se fichent bien des codes de l’entreprise, et du sérieux du travail. C’est ce qu’a expérimenté Robert Kelly, un professeur américain de Sciences politiques en Corée du Sud, devenu viral sur les réseaux.
Rembobinons la cassette
En mars 2017, lors d’un live pour la BBC sur la destitution de la présidente coréenne, le professeur Robert Kelly a vu débarquer dans son bureau sa fille de 4 ans en dansant, puis dans la foulée son fils de neuf mois dans son trotteur. Première réaction : il reste impassible, et tente de repousser sa fille du bras, sans lui accorder un seul regard. Comme si ne pas la voir permettait d’occulter son existence. La fillette se recule et renverse quelques livres, pendant que le père sourit, mal à l’aise. Soudain, la mère des enfants entre en trombe, à quatre pattes au ras du sol tel John Rambo pour exfiltrer les deux chérubins, et refermer la porte le plus “discrètement” possible.
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À la suite de cet “incident” “nous avons dû couper nos téléphones, et nos comptes Twitter et Facebook tellement nous étions sollicités” explique le professeur Kelly, accompagné de sa femme et ses enfants, lors d’une interview pour la BBC pour raconter cette expérience devenue virale (55 millions de vues Youtube à ce jour), “au départ, on recevait tellement d’invitations, on ne savait pas comment répondre” ajoute-t-il. Tous les talk-shows anglo-saxons en ont parlé, voire en ont fait des parodies. Six ans après, il est toujours surnommé le “BBC Dad”, sa famille participe à des émissions en Corée, et un dessin animé inspiré de cette interview a même été lancé : Mina and Jack.
“Mon premier sentiment, c'était l'inquiétude que la BBC ne me rappelle plus jamais”
Pourtant, à l’époque, Kelly a expliqué lors de plusieurs émissions : “mon premier sentiment, c'était l'inquiétude que la BBC ne me rappelle plus jamais “, il essaye alors de la cacher en la poussant derrière lui où se trouvent des jouets d’enfants, sans succès. En 2017, un père de famille s’est donc dit : si j’endosse mon rôle de père en pleine interview, je ne serais plus embauché comme expert de mon sujet. Je n’aurais plus l’air d’être sérieux.
Heureusement, il semble que depuis 2017 du lait ait coulé dans les biberons, et les licenciements seraient légion si le moindre couac en visio signifiait : fin de contrat.
Aujourd’hui, le télétravail est ancré pour plus d’un salarié français sur 4 selon une étude de la Dares parue en juin 2021 et ils passent en moyenne 2 jours par semaine en distanciel selon une étude Malakoff Humanis de 2022. Pas étonnant qu’une certaine immixtion de la famille dans le travail s’opère.
Le plus important est que vous mettiez toutes les chances de votre côté pour être dans de bonnes conditions de travail, en vous mettant au calme (dans une pièce à part si c’est possible), en respectant la déconnexion, en tenant votre planning. Selon les accords en vigueur dans votre entreprise, vous pouvez bénéficier d’aides financières pour acheter du matériel. Le modèle hybride devient la norme et la barrière vie-pro vie-perso est plus floue, aussi bien pour les managers que leurs collaborateurs, alors pas de panique.
Aujourd’hui, un enfant qui débarque en visio… c’est normal
Si malgré vos efforts vos enfants sont là, tant pis. Être plus incarné, que ce soit parce qu’on voit notre décoration intérieure, ou parce que nos enfants se font entendre, fluidifie les relations de travail. Comme l’explique Jean-Édouard Gresy, anthropologue, dans les colonnes du Monde. “Si l’on ne voit rien de qui est la personne, il est plus facile de la défoncer sur les réseaux sociaux. Dès qu’il y a resubjectivation, le partage d’humanité nous bloque dans notre agressivité. L’irruption d’un enfant fait que je suis obligé de réagir autrement.”
Quelques années avant la pandémie, Robert Kelly fut une sorte de crashtesteur pour tous les parents télétravailleurs, mais malgré tout pendant votre prochaine réunion en visio, attention derrière vous, vous pourriez devenir le prochain même à la mode.
