Semaine de 4 jours : Pourquoi les Belges n’en veulent pas
Travailler 4 jours au lieu de 5, sur le papier, ça semble cool. Sauf qu’en Belgique, cette réduction du nombre de jours ne s’accompagnent pas d’une réduction du temps de travail. Au contraire, il s’intensifie. Et ça pose beaucoup de souci. Ça râle, et ça râle fort ! Voyage chez nos voisins belges.
Petite révolution en Belgique : la semaine de travail de quatre jours vient d’entrer en vigueur. Votée en février 2022, effective depuis le 21 novembre de la même année, cette loi concerne tous les salariés : ceux des secteurs public et privé, comme les employés à temps partiel, notamment pour les plateformes type Uber ou Deliveroo. Avec, au choix, un jour « off » dans la semaine. Ou bien un week-end de trois jours. Une aubaine pour les salariés volontaires ? Ou carrément le bon plan de l’année ?
Eh bien, plutôt la grosse arnaque, en fait. En tout cas, à les entendre. Si le pays est le troisième au monde à raccourcir le temps de travail légal (après l’Islande et la Nouvelle-Zélande), la méthode choisie est moins cool qu’ailleurs. Le gros hic ? Il faudra faire en quatre jours le boulot de cinq ! Là où, d’habitude, la réduction du temps de travail se traduit au contraire par le maintien du salaire pour moins d’heures effectuées. En clair, on passe de journées de 8h… à 9h30 !
“C’est galère, proteste Ania, 32 ans, mère de deux enfants, responsable des achats dans une entreprise d’ameublement à Liège, qui a opté pour la nouvelle formule après beaucoup d’hésitations. Je me retrouve à gérer des journées de dingue pour tenir ce rythme. Et je dois quand même répondre à mes mails ou des appels urgents le cinquième jour. Donc j’ai l’impression de me faire complètement avoir. Pas sûr que j’aille au-delà des six mois de test, même si je voulais au départ avoir plus de temps pour m’occuper de mes enfants”.
Comme Ania, tous les salariés en Belgique, quel que soit leur secteur d’activité, ont désormais l’option de travailler neuf heures et demie par jour sur quatre jours. Ou huit heures par jour sur cinq jours, à l’ancienne mode. Et d’adopter définitivement – ou pas – la semaine de quatre jours après un semestre d’essai.
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Une mesure pour lutter contre le chômage efficace ?
Le gouvernement belge a pris le temps de mijoter sa loi. Le Premier ministre, Alexander de Croo, avait annoncé un ensemble de mesures pour l’emploi dès le mois de février. Objectif avoué ? Utiliser la semaine de travail de quatre jours pour rendre un peu plus flexible un marché du travail belge notoirement rigide. Et faire baisser un taux de chômage global encore supérieur à 6%. Mais qui frôle les 20% pour les jeunes de moins de 25 ans.
“Nous avons vécu deux années difficiles. Avec cet accord, nous traçons la voie pour une économie plus innovante, durable et numérique. Notre but ? Rendre les personnes et les entreprises plus fortes”, avait proclamé le chef du gouvernement au moment de dévoiler l’ensemble des réformes, pour convaincre les sceptiques.
Tous d’accord… pour ne pas être d’accord
Échec cuisant ? Il est un peu tôt pour l’affirmer. Mais les critiques fusent, dans les médias comme dans l’opinion. Pire : employeurs et employés sont pour une fois d’accord, même si leurs raisons d’attaquer le texte n’ont rien à voir. Les entreprises (qui peuvent refuser la demande de salariés désireux d’expérimenter le système, à condition de justifier leur opposition) redoutent que ces quatre jours XXL n’entraînent de gros problèmes d’organisation. En face, les syndicats dénoncent une charge de travail plus importante pour les employés. Du perdant-perdant, donc.
Petite consolation, les salariés ont obtenu en même temps un ”droit général à la déconnexion”. Tous les actifs – dans les entreprises de plus de vingt salariés - peuvent éteindre téléphones portables et ordinateurs une fois leur journée finie. Et ignorer les messages de leurs employeurs, sans représailles possibles. Et ça 4 ou 5 jours sur 7. Au choix.