La vie d’expat fait fantasmer : passons quatre clichés au peigne fin
On les imagine prenant l’avion 4 fois par an, vivant reclus dans leur prison dorée ou trimballer leurs quatre enfants dans leur 4×4 rutilant (avec chauffeur siouplé). Mais qu’en est-il réellement ?
Les clichés sur les expats ne sont-ils pas foncièrement démodés ? On décrypte le vrai du faux en direct du Congo avec Marie Melki, cofondatrice de Naissances Nomades pour accompagner de la naissance et l’entrée dans la parentalité des couples en mobilité.
Cliché n°1 : Un expat, ça gagne beaucoup d’argent
De manière générale, il n’est pas faux de dire qu’un expat gagne bien sa vie. Preuve en est un rapport de la HSBC qui révèle que le salaire annuel moyen des expatriés à Mumbai est de 176 000€ (d’ailleurs, ne cherchez plus la ville où l’argent coule le plus à flot pour les étrangers, Mumbai est number one). Maintenant qu’on vous a lâché ça, il faut tout de même préciser 2, 3 petites choses, à commencer par définir ce que l’on appelle véritablement un “expat”.
“S’il s’agit d’une personne qui a un véritable contrat d’expatriation, il est vrai qu’elle dispose a priori d’un package intéressant”, affirme Marie Melki. Son salaire n’est peut-être pas plus élevé que dans son pays d’origine, mais l’expat bénéficie souvent d’autres avantages comme des billets d’avion financés pour lui/elle et sa famille, la prise en charge du logement, des assurances, de l’école des enfants, la voiture de fonction, etc. Du coup, son salaire peut être en grande partie épargné.
Toutefois, tous les travailleurs étrangers ne bénéficient pas d’avantages aussi alléchants. Déjà parce que les entreprises trouvent de plus en plus de main d'œuvre qualifiée sur place et ont moins besoin de travailleurs expatriés. Le golden package appartiendrait-il donc au passé pour reprendre le titre d’un article du Courrier International ? Certains expats partent ainsi avant tout par choix, sous contrat local. “Beaucoup n’ont pas de couverture sociale, vivent dans des logements simples comme le reste de la population, et n’ont pas la possibilité de rentrer souvent en métropole”, affirme Marie.
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Cliché n°2 : les femmes sont encore et toujours les conjoints “suiveurs”
On aimerait beaucoup vous dire que ce cliché est totalement has been, malheureusement, 90% des conjoints suiveurs en expatriation sont les femmes. La bonne nouvelle, c’est que les choses sont petit à petit en train de changer. Surtout, les femmes sont de moins en moins assignées à résidence.
“De plus en plus de couples veulent mener des double carrières. J’ai donc vu beaucoup de duos rejoindre ensemble une même entreprise, ou encore l’un des membres du couple trouver un job sur place ou se lancer dans l’entrepreneuriat. Sans compter que l’on voit aussi des hommes suivre leur femme, mais cela va être plus vrai dans certains pays et secteurs. Par exemple, on voit plus d'expatriation de femmes dans la sphère du luxe”, témoigne Marie Melki. Bref, ce cliché a un peu la dent dure, mais par effet générationnel, il devrait bientôt disparaître aux oubliettes.
Cliché n°3 : les expats ne se mélangent pas avec les locaux
On les imagine enfermés dans leur résidence ultra-sécurisée, avec pour seul contact local le personnel de maison. “En un sens, ce n’est pas faux car dans certains pays “dangereux”, les expatriés sont obligés de vivre dans des compounds (des résidences collectives dans lesquelles se retrouvent les salariés d’une même entreprise)”, rapporte Marie Melki. Mais - car il y a toujours un mais - on trouve de plus en plus de couples mixtes (binationaux) dans ces résidences.
Et puis, il existe aussi des pays dans lesquels les expats sont libres de vivre où ils veulent. D’ailleurs, c’est de plus en plus le souhait de la nouvelle génération : “certains expats sont particulièrement attirés par un pays pour sa culture, sa langue, et vont essayer de s’immerger au maximum”, souligne notre interviewée. Ce brassage dépend donc à la fois du niveau de sécurité du pays, de la personnalité de l’expatrié et des différences culturelles qui sont pour certaines plus difficiles à dépasser.
Cliché n°4 : les expats font beaucoup d’enfants
Parce que, comme on l’a souligné, ce sont souvent les femmes qui suivent, l’expatriation peut se révéler être le timing rêvé pour avoir des enfants, beaucoup d’enfants. Et… ce n’est pas entièrement faux. Dans le dernier rapport sur les Français de l’étranger, près d’ ⅓ des couples expatriés ont trois enfants ou plus. “Mais ce rapport a plus de 10 ans, et on observe les mêmes tendances que dans l’Hexagone, notamment parce que les femmes travaillent plus qu’auparavant”, affirme Marie Melki.
Bref, ils s’expatrièrent et eurent beaucoup d’enfants et d’argent, ce n’est plus si vrai qu’auparavant. Comme le reste de la population, les expatriés nourrissent de nouvelles aspirations… loin des clichés !