3 questions à se poser avant de changer de job

“La plupart des gens savent ce qu’ils ne veulent plus, mais rarement ce qu’ils veulent vraiment”, introduit Anaïs Georgelin, CEO de SomanyWays. Elle compare la quête du job idéal - qui, disons-le immédiatement, n’existe pas - à une grosse pelote de laine dont on tire peu à peu les fils pour mieux en comprendre l’essence. En préambule, il est important de comprendre qu’avant de changer de job, il faut pouvoir répondre à cette première question : ai-je vraiment tout tenté pour trouver de la satisfaction dans mon job actuel ? Ou suis-je au bout de mon histoire avec mon entreprise ? “Les salariés Français ont tendance à idéaliser l’ailleurs, alors que parfois, un travail d'introspection leur permet de voir autrement leur emploi actuel”, poursuit l’experte.

En effet, un tiers des Français préfèrent démissionner plutôt que d’exprimer leurs préoccupations à leur employeur, selon The Workforce institute. L’ennui avec cette attitude est qu’elle induit le risque de reproduire les mêmes schémas comportementaux ailleurs, et donc de rencontrer les mêmes écueils. Car, sans nécessairement croire aux préceptes de la philosophie quantique, “une grande partie de ce que nous traversons dans la vie est liée à la manière dont on vit et perçoit la réalité”, poursuit Anaïs Georgelin.

Avant de changer de job, reconnectez-vous à ce qui compte vraiment pour vous. L’objectif ? Identifier vos besoins prioritaires au travail sur ces trois items :

# Les missions : de quoi avez-vous besoin dans le contenu de votre travail ? S’agit-il d’avoir de la diversité dans vos missions ? D’apprendre de nouvelles choses, d’être sur des projets à fort impact sociétal ?

# Le management : comment souhaitez-vous être encadré (ou encadrer votre équipe) ? Avez-vous besoin que l’on vous fixe des objectifs clairs et précis ? Des objectifs très ambitieux ? Ou au contraire, êtes-vous plus à l’aise avec un management enveloppant ?

# L’environnement de travail : quel type de relation cherchez-vous avec vos collègues ? Avez-vous besoin de télétravail ? De flexibilité sur les horaires ?

“Souvent, on a l’impression que tout est important pour nous, mais ce premier travail consiste à prioriser les besoins au regard de sa situation actuelle. Chez SomanyWays, nous avons conçu un outil, le Workoscope. Ces 60 questions vous permettent d’identifier 3 besoins prioritaires par catégorie”, poursuit Anaïs Georgelin.

L’étape suivante ? Confronter ces besoins prioritaires avec ce que vous vivez dans votre poste actuellement. Si la plupart des voyants sont au rouge, il y a clairement matière à s’interroger et à réfléchir à un départ. Si tel n’est pas le cas, une discussion avec le manager, le reste de l’équipe ou encore les RH peut aider à redresser la barre. Soit en restant dans le poste actuel si par exemple la qualité des relations avec le manager et l’équipe est bonne, soit en se positionnant pour une mobilité interne. “Sachant qu’on peut chercher une mobilité interne et finir par partir ensuite parce que cela ne marche pas. Mais au moins, on aura essayé”, pointe notre interlocutrice.

Elle ajoute qu’au final, la majorité des personnes qui se questionnent se rendent compte qu’elles ne sont pas si mal que cela dans leur poste actuel. “C’est d’ailleurs pourquoi j‘encourage les DRH réticents à oser engager ce type de dialogue avec les collaborateurs. Ils craignent souvent d’ouvrir la boîte de pandore alors qu’en fait, c’est plus sain d’en parler que de laisser les salariés avec des questions qui vont irrémédiablement finir par les traverser, et les faire partir”, poursuit la fondatrice de SomanyWays.

Ça y est, vous êtes au clair sur vos besoins et certain que votre entreprise actuelle ne peut plus vous offrir un chemin épanouissant. “Il faut maintenant que vous vous posiez sur les contours du poste que vous cherchez, et réfléchissiez à vos objectifs à court et moyen terme”, recommande Maëlle de Canson, coach professionnelle certifiée qui liste ici une série de (bonnes) questions :

-Les tâches du poste que je vise correspondent-elles à mes compétences et expériences ?

-Quelles responsabilités je souhaite avoir ?

-Est-ce une entreprise dans laquelle je pourrai évoluer ?

-La culture d’entreprise est-elle alignée sur mes valeurs ? “Le travail des valeurs est fondamental car c’est le squelette de notre être. Et on peut déjà plus ou moins se sentir à l’aise avec la terminologie employée dans une offre d’emploi. Je recommande aussi de confronter ce que véhicule la boîte à l’externe avec le vécu des salariés de l’intérieur. Si l’on n’a personne dans son réseau qui évolue dans cette boîte, il ne faut pas hésiter à contacter un membre de sa future équipe pour avoir son ressenti”, recommande la coach.

-Les conditions de travail me conviennent-elles (horaires, télétravail, etc) ? .

-L’entreprise a-t-elle un fort taux de turnover ? Auquel cas cela peut envoyer des signaux à ne pas négliger (suivant le secteur convoité).

-La situation financière de l’entreprise est-elle saine ?

-Quel est le package de rémunération ? Les avantages proposés correspondent-ils à mes besoins ?

-Quelle est la part de variable, individuel, collectif ?

-Quels sont les risques associés à cette prise de poste ?

-En l’état actuel des choses, ai-je besoin d’une formation pour prendre ce poste ? Si oui, puis-je encaisser financièrement cette phase de transition ?

-Suis-je vraiment prêt à quitter ma zone de confort ?

Enfin, n’oubliez pas que “le plus important est que cette prise de poste ne soit pas une fuite en avant”, rappelle Maëlle de Canson. Histoire que votre prochain amour professionnel soit vraiment dans le pré d’à-côté.