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“Le jour où j’ai acheté une maison pour mes employés”

Pourquoi acheter des bureaux quand on peut travailler tout en se sentant… à la maison ? C’est le choix audacieux opéré par Maxence Vanderswalmen, fondateur de l’agence d’e-marketing Make Sense For Digital. Le presque lillois a acquis non pas des bureaux, mais une maison pour accueillir son équipe. Une expérience inédite dont il nous décrit les coulisses, et qui pourrait bien en inspirer d’autres.


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Tout démarre en janvier 2021, quand, après plusieurs années en tant que Directeur marketing chez le fabricant de meubles Tikamoon, Maxence fonde sa propre entreprise (le combo Covid + arrivée du premier enfant n’étant pas étranger à cette décision). Il débarque alors à la Plaine Images, un coworking dédié aux industries créatives. “Nous étions 4 au démarrage pour finir à 10 collaborateurs. C’était sympa, mais assez impersonnel. Surtout, nous partagions les salles de réunion avec 8 autres entreprises, ce qui n’était pas très pratique”, nous explique-t-il.

En janvier 2023, Maxence obtient le feu vert de sa banque pour acheter des locaux. Après avoir visité quelques bureaux sans âme avec leurs “lampes néon pas très sexy qui vous tapent sur le système à la fin de la journée”, il tombe sur sa prochaine dulcinée : une maison en vente à 300 mètres de son domicile, habitée jusqu'alors par un couple d'octogénaires.

En la visitant, au milieu des papiers peints décrépis, il se projette immédiatement : l’open space dans le séjour, la salle de pause sous la véranda, les salles de réunion et studios dans les chambres… Ni une ni deux, le patron fait une offre tout en remplissant un “bon formulaire Cerfa à la française de 20 pages” afin d’obtenir l’accord de la mairie pour le changement de destination du bien (comprenez, transformer un logement en bureau).

Quand le dressing se transforme en phone box

Malgré ces quelques embûches administratives, Maxence et son équipe emménagent en mai 2023 dans cette maison à trois étages, typique du nord. “Finalement, la transformation n’avait rien de compliqué et à l’intérieur, on se sent toujours dans une maison. On a gardé quelques clins d'œil de son passé, notamment dans l’une des salles de réunion qui était autrefois tapissée de palmiers, que l’on a baptisée “La jungle” et recouverte de plantes vertes”, raconte-t-il. Autre drôlerie : l’ancien dressing a été transformé en phone boxe. C’est d’ailleurs l’une des premières choses que l’on voit en entrant dans la maison !

Le super bonus ? Un extérieur comme on les aime. L’été, la petite équipe enchaîne les barbecues et profite du potager en libre-service où chacun peut venir bûcher (ou lézarder) à sa guise le week-end. Le midi, entre autres activités bien huilées, des ateliers de réparation de vélo sont organisés dans le garage.

Ainsi, un jeudi ordinaire se drape d’une douce teinte dominicale, ce type de réjouissance étant le plus souvent dévolue au week-end. Un compost et une citerne pour récupérer les eaux de pluie complètent le décor, ce qui a permis à Make Sense For Digital d’être labellisé B-Corp en mars 2024 - entre autres initiatives - puisque les entreprises labellisées sont tenues de gérer leurs déchets.

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Popotte-moi si tu peux

Mais alors, se sentir comme chez soi, qu’est-ce que cela change dans les habitudes, les relations entre collègues ? “C’est amusant, car le midi, les collaborateurs font souvent la popotte et partagent leurs créations culinaires avec les autres. C’est évident que cela a resserré les liens entre les membres de l’équipe. Autre fait intéressant : nous partageons les tours de ménage. Cela nous incite à être encore plus respectueux les uns des autres”, constate Maxence. Un peu comme dans une fratrie quoi.

Au final, ces employés qui jouent à domicile en redemandent ! À l’heure où les dirigeants tentent par tous les moyens d’arracher leurs collaborateurs au confort de leur foyer, voilà le cadet des soucis de Maxence. “Traditionnellement, nous étions en télétravail deux jours par semaine, le lundi et le vendredi, mais désormais, je ne suis plus seul à zoner dans les bureaux en fin de semaine”, explique-t-il dans un grand sourire.

Plus insolite encore, les clients de l’entreprise n’hésitent pas non plus à débarquer pour les réunions, préférant la coquette maisonnette à des bureaux flambants neufs, mais un brin aseptisés et moins propices à la créativité.

“Un projet de vie d’entreprise, pas un simple gadget”

Alors, à l’heure du bilan, les voyants semblent clignoter au vert : certes, loger ses employés dans une maison n’est pas moins cher qu’un bureau classique, mais Maxence capitalise pour l’avenir puisqu’il a acheté la maison à titre personnel et la loue à son entreprise.

“Pour être totalement transparent, avant, je payais 1800€ pour 60m2, et là, nous profitons de 120m2 et mon prêt est de 2300€. De plus, cela me permet de contrôler mon loyer”, rapporte-t-il. Et que se passera-t-il si ses effectifs viennent à grandir ? Avec 85m2 qui demeurent à aménager, Maxence a le temps de voir sa petite entreprise fleurir et accueillir confortablement plus de 25 salariés.

Un dernier petit conseil pour la route aux dirigeants intrigués par son modèle ? “Pour moi, cela se réfléchit comme un projet de vie d’entreprise, pas juste un gadget. C’est un moment idéal pour fédérer une équipe. Mais s’il n’y a pas de WHY derrière, ce ne sera pas une solution miracle pour sauver une culture d’entreprise. Cela n’en est que l’expression !”, conclut-il.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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