Archives INA : “Le travail de la femme, c’est à la maison”

“À votre avis, la femme mariée doit-elle rester chez elle ou travailler à l’extérieur ?”. Non, je ne vous demande pas votre avis sur le sujet. C’est tout simplement une question posée en 1961 à Gérard. Une vidéo vieille de six décennies qu’on a été piocher dans les archives de l’INA.

Le Gérard en question déclare avec une certaine douceur que la place de la femme, c'est “chez elle plutôt”, car “ça prépare une vie plus calme, de la femme d’intérieur, de la mère de famille. C’est plus le métier d’une femme plutôt que de travailler à l’extérieur, ce qui est le travail du mari”.

Bon heureusement les choses ont un peu changé depuis. Aujourd’hui en France, près de la moitié de la population active sont des femmes (14,7 millions de femmes et 15,4 millions d’hommes) avec 2 femmes sur 3 qui charbonnent. Mais ces chiffres ne doivent pas cacher certains stéréotypes de genre qui perdurent encore. Ainsi, 70% des hommes pensent “qu'un homme doit prendre soin financièrement de sa famille pour être respecté (pour 63% de femmes)”(rapport 2024 sur l’état du sexisme en France).

Mais notre ami Gérard n’est pas seul. Dans le même extrait vidéo, un certain Michel prend le relais. “En principe, je préférerais que la femme mariée reste chez elle. Il y a déjà beaucoup beaucoup de travail à faire dans une maison : s’occuper du ménage, des enfants, la popote, la lessive… C’est un boulot immense”. Et sur ce point, Michel a plutôt raison.

Enfin, il a raison quand il parle de “boulot immense”. Sans vraiment le savoir, il évoque le travail dit domestique, celui que l’on nomme aussi travail invisible. Un travail non rémunéré, faut-il le préciser. Et sur ce point, femmes et hommes n’ont pas la même charge de travail justement.

En moyenne, les femmes passent 3h26 par jour sur le travail dit domestique contre 2h pour les hommes. Et ce “boulot” n’est pas sans conséquence. Pourquoi ? Parce que si les femmes bossent plus à la maison, mathématiquement, ça peut empiéter sur le boulot, vous savez l’autre là… celui qui paie. Ainsi, plus d’une femme sur quatre travaille à temps partiel alors que c’est le cas de moins de 10 % des hommes.

Forcément, cela impacte les carrières. Et qui dit carrière, dit rémunération. Les femmes gagnent en moyenne 24,4% de moins que les hommes (Insee). Mais on peut aussi dire que les hommes gagnent 32,3 % de plus que les femmes… C’est une question de point de vue.

Mais admettons que les femmes bossent à temps plein.. et bien là aussi il y a un écart de salaire : 15,5% en moyenne. Car dans de nombreux cas, elles ont des boulots moins valorisés.

Mais admettons que les femmes bossent le même temps… et avec le même job. Et bien là… l’écart est de 4,3%. “Cet écart « toutes choses égales par ailleurs », comme disent les statisticiens, reste inexpliqué par l’Insee”, remarque l’Observatoire des inégalités. Je n’ai plus rien à ajouter.