Que faire quand on attend une réponse à un job ?

L’inconnu : voilà qui ne plaît clairement pas à notre cerveau, toujours prompt à échafauder 1001 scénarios. Or, lorsque l’on attend la réponse à un job, la patience est de mise tandis que le vaste champ des possibles nous donne le vertige. En France, 64% des demandeurs d’emploi déclarent ressentir un stress élevé durant leurs recherches, selon l’INSEE. De plus, 44% des recruteurs mettent deux semaines à répondre après un entretien, selon une enquête LinkedIn.
Le temps du candidat VS le temps de l’entreprise
“Il faut effectivement bien distinguer le temps du candidat de celui de l’entreprise. J’assiste régulièrement à des process qui durent plusieurs mois, surtout à des postes à responsabilité”, pointe Marie-Liesse Morgaut, Managing Director chez Nexmove.
Un point également souligné par Paul Baratte, Head of Marketing chez Tellent, un ATS et SIRH en première ligne sur ces sujets. Il nous rappelle qu’en France, le “time to hire” est de 40 jours, articulés autour de 8 entretiens menés en moyenne (étude Tellent 2025), ce qui peut sembler très long pour un candidat : en 2024, 60% des candidats ont mis fin au processus de candidature en raison de sa longueur. “De notre côté, nous prônons l’automatisation à bon escient afin de donner plus de clarté au candidat par rapport aux prochaines échéances, et ce, tout au long du process”.
Décorréler son égo des besoins de l’entreprise
Toujours est-il que cette différence de temporalité crée légitimement beaucoup de tensions chez un candidat. “Lorsque l’on est en process, on veut bien faire, et on a souvent tendance à se sentir touché personnellement quand on attend une réponse, et surtout quand on est recalé”, pointe Pauline Lecygne, recruteuse indépendante.
Notre interlocutrice recommande alors de se rappeler que ce n’est pas notre ego qui doit être touché, mais qu’il s’agit certainement d’une décorrélation entre le besoin de l’entreprise et nos compétences. “Et puis, certaines sociétés ne sont pas au clair par rapport à leurs besoins en matière de recrutement”, ajoute-t-elle.
Lorsqu’une entreprise peine à donner une réponse, cela peut d’ailleurs constituer un vrai redflag pour un candidat. “Normalement, quand une entreprise suit un process d'entretien structuré, et que vous répondez aux attentes, elle n'a pas besoin de recevoir des dizaines de candidats supplémentaires pour être sûre de son choix”, pointe Paul Baratte. Et puis, une entreprise peut tout à fait entendre que vous ayez besoin d’obtenir une réponse rapidement.
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Candidats, soyez proactifs !
Alors, pour faire face à ce flou (pas très artistique), une seule solution : la proactivité ! “Cela peut vraiment faire la différence entre deux candidats”, avance le Directeur Marketing France de Tellent. C’est également une manière pour le candidat de se rassurer. “Durant cette période, il convient de montrer sa confiance, motivation et persévérance”, recommande Marie-Liesse Morgaut.
Pour se mettre en ordre de marche, Pauline Lecygne recommande d’élaborer un tableau de suivi, dans lequel on note les dates d’échéance pour bien relancer, mais aussi où l’on évoque ce qui nous plait ou pas dans telle ou telle entreprise. Un peu comme une entreprise qui dispose d’un ATS pour suivre les candidatures.
De plus, envoyer un petit email récapitulatif 2 ou 3 jours après l’entretien pour faire une synthèse de l’entretien est appréciable afin de démontrer à nouveau pourquoi nos compétences sont en adéquation avec les attendus, et idéalement ouvrir vers un CTA : se mettre à disposition du recruteur pour un test, proposer de nouveaux créneaux d’échanges…
“Quand on est en contact avec un chasseur de tête, l’email récapitulatif est central pour le rassurer, mais aussi en profiter pour prendre du recul sur certains points de vigilance à travailler”, poursuit Marie-Liesse Morgaut. Elle recommande également de se mettre littéralement en mouvement durant cette période, mais au sens premier du terme : faire du sport, se former, travailler son réseau.
Gagner du temps à bon escient
Parfois, il arrive que l’on reçoive une proposition d’une boîte qui nous séduit moins, et que l’on soit en attente de celle du job rêvé. Dans ce cas-là, il n’existe pas 36 solutions : nos trois interviewés s’accordent pour jouer la carte de la transparence auprès des deux entreprises. Pour celle qui nous a proposé un job, expliquer que l’on souhaite aller au bout d’un autre process pour “avoir toutes les cartes en main et faire le bon choix, qui ne sera jamais un second choix”, recommande Pauline Lecygne.
Quant à l’entreprise auprès de laquelle on attend une réponse, on peut expliquer pourquoi on a besoin d’un retour rapide par rapport à ses contraintes professionnelles et personnelles : “on peut exprimer clairement ses motivations, pourquoi ce poste nous plaît davantage, comment on répond aux attendus en reprenant les éléments des différents entretiens, et pourquoi il nous faut un retour”, recommande Paul Baratte.
Une telle transparence peut clairement être appréciée des recruteurs. Mais attention à bien rester dans le registre de ses propres besoins, sans jamais porter de jugement envers le recruteur (la fameuse Communication Non Violente) ! Pour Marie-Liesse Morgaut, la proactivité n’exclut pas non plus quelques petits tours de passe-passe, comme essayer de gagner du temps en prétextant un départ à l’étranger ou un séminaire qui nous privera d’une bonne connexion ou d’un accès régulier à nos emails.
Faut-il écouter la contre-offre de son employeur ?
Pour couronner le tout, alors que l’on est sur le point d’annoncer son départ, il peut arriver que l’employeur actuel fasse une contre-offre. Pour Pauline Lecygne, qui a déjà vécu cette situation, voilà qui relève plutôt d’un “manque de respect” : “Quand on m’a proposé 10K de plus pour mon poste, je l’ai mal pris. Pourquoi ne pas m’avoir payée à ma juste valeur avant ?”.
Nos deux autres experts sont moins catégoriques. En réalité, tout dépend du contexte de cette contre-offre : a-t-on été chassé ou s’est-on mis en recherche d’un nouvel emploi car l’actuel ne nous satisfait pas, non seulement en termes de salaire, mais aussi en matière de perspectives d’apprentissage ?
C’est souvent la réponse à cette question qui conditionne le choix du candidat de se mettre ou non à l’écoute de cette contre-offre. Quoi qu’il arrive, la Managing Director de Nexmove, nous rappelle qu’en tant que candidat, nous demeurons libres de nos choix, et ce, même après avoir signé une promesse d’embauche, ce qui n’est pas le cas pour les employeurs. “Bien sûr, ce n’est pas idéal, mais on ne va pas non plus passer à côté de l’opportunité de ses rêves alors qu’on peut se rétracter”, observe-t-elle. Elle ajoute que le monde professionnel est petit et qu’il faut rester très professionnel et vigilant par rapport à sa réputation.
Paul Baratte recommande quant à lui de suivre son intuition : “c’est vrai que c’est l’inverse de ce que l’on recommande aux recruteurs, mais pour un candidat, il faut se mettre à l’écoute des signaux faibles qui aiguillent nos choix”. Enfin, aux candidats qui pourraient se complaire dans la multiplication des process d’embauche, un peu comme lors d’une phase de lune de miel avec l’appli Tinder, Pauline Lecygne rappelle à tout candidat que choisir… c’est renoncer !