Qui vous mettre dans la poche pour avancer sur l’échiquier ?
On aimerait que le monde de l’entreprise soit un havre de paix, de transparence, étranger à toute manœuvre politique. Malheureusement, la réalité nous prouve chaque jour que les jeux d’influence y sont légion. Alors, quels sont les personnages-clés à ne pas négliger ?
Qu’il s’agisse de postes au sein de l’entreprise au pouvoir insoupçonné, ou de personnalités qui maîtrisent à la perfection l’art des ronds de jambe, il est évident que certaines personnes jouent un rôle prépondérant au sein de l’entreprise. Sans forcément faire preuve d’un opportunisme forcené, voici les raisons pour lesquelles vous avez tout intérêt à soigner la qualité de votre relation avec ces rois et reines de l’échiquier.
1. Les détenteurs d’informations
Le savoir, c’est le pouvoir ! Être au courant de certaines tractations qui se trament dans l’ombre représente un atout non négligeable, celui de pouvoir anticiper et s’adapter en conséquence aux changements à venir. “Certaines personnes détiennent des informations avant tout grâce à leur fonction. C’est le cas par exemple de l’office manager, de l’assistante du PDG ou encore du patron de la DSI qui connaît potentiellement tous les gossips”, souligne Selma Chauvin, CMO de Skillup.
Et puis il y a celles et ceux qui sont passés maîtres dans l’art de réseauter. Ces personnes d’influence sont parfois totalement inattendues, comme un commercial qui aurait l’oreille du PDG parce qu’il aurait été son stagiaire il y a 10 ans. Comment les reconnaître ? Observer et encore observer ! “Ce sont typiquement les personnes à qui on va proposer un café”, lance Selma. Et si vous voyez un collaborateur partir en footing avec le/la big boss, ou à la salle d’escalade (plus hype encore), c’est que vous avez pisté la bonne personne.
2. Les détenteurs d’avantages
Être le premier à choisir sa chambre lors d’un offsite, connaître le menu de la cantine en avance (youpi, c’est le retour des boulettes jeudi), savoir combien de voitures de fonction seront proposées par département, ou, plus sérieusement, pouvoir choisir ses créneaux dans le planning en primeur ou négocier sa rupture co’… Tout cela nécessite d'avoir les bonnes connexions. “À la différence des détenteurs d’informations, cette catégorie de personnes peut vous apporter directement des avantages dans votre travail”, explique Selma.
Bien entendu, on pense ici aux personnes évoluant au service ressources humaines. Par exemple, si vous êtes poto avec le responsable compensation & benefits, vous pouvez dégoter des informations sur le budget qui va être alloué aux augmentations, et ainsi savoir à quelle sauce vous allez être mangé et vous préparer en conséquence. On peut également retrouver l’office manager (car une même personne peut détenir plusieurs super pouvoirs), ou même les représentants du personnel (liste non exhaustive les amigos). “Ces personnes peuvent simplement aimer rendre des services – ou avoir du pouvoir – mais dans tous les cas, si elles vous ont à la bonne, elles peuvent vous donner des choses”, résume la CMO.
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3. Les bloquants
Dans l’entreprise, il y a donc les personnes qui détiennent les informations, les avantages… et celles qui peuvent tout bonnement vous bloquer ! Du type l’assistante (encore elle !) qui ne vous trouve pas de rendez-vous, la finance qui vous bloque un budget, et bien entendu votre n+1 ou n+2, celui qui peut vous permettre de déployer des projets, débloquer des recrutements, obtenir une promotion etc.
“Le manager direct est la personne la plus importante dans votre carrière. Mais parfois, quand on monte dans les strates de l’entreprise, on n’est que peu en contact avec lui. Personnellement, je ne voyais le mien qu’une fois par mois. Pourtant, c’est essentiel de montrer à son n+1 le travail qu’on réalise au quotidien. De plus, si on a la responsabilité d’une équipe, il faut aussi avoir conscience que l’image de celle-ci transite par nous”, relève Juliette Naji-Dumas, ex-manager chez Adecco. Elle souligne également l’importance du n+2, que l’on connaît généralement encore moins, et qui risque de baser son jugement sur une simple impression. “C’est typiquement la personne qui va vous dire : vous pouvez tout me confier, pas de tabou ! Mais si vous apparaissez comme une personne ronchon, ou trop critique, cela peut vous porter préjudice. J’en ai moi-même fait les frais. Je ne dis pas d’être hypocrite, mais de soigner cette impression”, nous confie-t-elle.
Et comment je fais si je déteste calculer ?
Bien sûr, tout le monde n’est pas à l’aise avec cet exercice consistant à “se mettre bien” avec ces profils-clés. C’est notamment le cas de Juliette qui nous dit avoir toujours été rebutée par l’idée de flatter par intérêt. “J’ai toujours eu du mal à être cette personne qui allait voir les gens pour mener des discussions informelles. Celle qui connaît tout le monde et est connue des gens importants. Pour autant, il faut parfois se faire violence car ce sont ces personnes qui peuvent nous apporter des opportunités de carrière”, souligne-t-elle.
Au final, elle a su trouver son chemin en se rapprochant de leaders dans l’entreprise dont elle partageait les valeurs (c’est ici l’avantage d’une grande structure comme Adecco qui permet de trouver des personnes qui nous ressemblent). Juliette s’est notamment rapprochée de femmes qui l’inspiraient et s’est créée son propre réseau de sororité. “Certaines personnes aiment mon franc-parler, je suis très engagée sur les sujets liés à la diversité. Finalement, je préfère attirer des personnes qui me ressemblent”, nous explique-t-elle.
De son côté, Selma nous rappelle que ces jeux de pouvoir font partie de la vie en entreprise, surtout quand on monte dans la hiérarchie. La seule règle ? “Se dire que l’on ne manœuvre pas pour ses propres intérêts mais pour la performance collective de l’entreprise. Autrement, si l’on agit pour son propre profit, cela devient toxique”. Et puis, si vraiment, on n’est définitivement pas à l’aise avec l'exercice, on peut toujours trouver un allié dans son équipe pour mener ce travail à notre place. C’est toute la subtilité des jeux d’alliance !