Prise de parole en public : ils sont tombés, mais ils s’en sont relevés
Sur scène, face à des étudiants ou devant des collègues lors d’une présentation, la “glossophobie” peut nous faire perdre tous nos moyens. La glossophobie, c’est la peur de parler en public, de s’exprimer face à une audience plus large que vos deux meilleurs amis et votre chat. Si vous aussi, vous appréhendez ces moments et fuyez les salles de conférence ou de réunion comme la peste : cet article est pour vous.
“D’aussi loin que je me souvienne, ça remonte à l’école primaire. J’avais terriblement envie de répondre à une question ou de lire le passage d’une histoire, mais ma bouche était clouée par la peur” nous confie Mélodie, ironiquement amusée de constater que cette angoisse lui colle encore à la peau malgré les années.
C’est vrai que, lorsqu’on recoupe les témoignages, la précocité de la glossophobie est un dénominateur commun. Que ce soit à l’école primaire ou lors des premiers exposés et examens oraux, cette crainte de la prise de parole en public semblerait apparaître dans notre premier quart de vie… et nous toucher plus ou moins arbitrairement. Car si d’aucuns donnent l’impression que la prise de parole, c’est fingers in the noise, beaucoup redoutent cette “épreuve”.
Malheureusement, les “Calme-toi, ça va aller !” n’y font rien. Il n’y aucune origine biologique, aucun remède miracle… en tout cas pas tant qu’Elon Musk ne se soit penché sur le dossier.
Les doigts qui collent, le cœur qui s’emballe, le souffle court…
La glossophobie n’est pas un phénomène isolé. Elle s’accompagne de tout un tas de symptômes qui gravitent autour de la peur de parler et dont sont victimes nos interviewés. Et parfois, prendre la parole relève du parcours du combattant :
- Le cœur qui “sort” de la poitrine : un peu comme vous vous apprêtez à voir votre crush. Sauf que là, c’est l’équipe marketing qui attend patiemment depuis 1 minute que vous commenciez votre présentation.
- La transpi’ qui fait des siennes : rassurez-vous, de loin, on ne voit pas les gouttes qui perlent sur votre front. Par contre, la chemise blanche… Ça ne trompe pas. “Dans mon cas, l’extrême sudation est réelle. J’ai toujours un déo sur moi, j’embaume la pièce, mais c’est la seule solution !”, rajoute Mélodie.
- La tremblotte incontrôlable : on parle souvent des jambes qui flageolent mais la glossophobie peut vous faire trembler de partout ! Les oreilles, les mains et même les fesses… Remarque, une carrière de belly dancer est toujours possible.
Bref, impossible de ne pas manifester “physiquement” cette appréhension. Mais en réalité, si vous avez un public bienveillant face à vous, ne vous en faites pas : tout le monde, ou presque, est déjà passé par là.
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La “projection” de parler en public : source de la peur ?
Comme dans beaucoup de situations, c’est notre faculté à imaginer (le pire) qui crée des angoisses. En anticipant tous les scénarios possibles, on déguste un bon cocktail d’émotions négatives : anxiété, appréhension, peur des moqueries… qui se manifestent par des insomnies ou des heures effrénées de répétition avant le Jour-J.
“Je préparais un oral important, un peu décisif pour mes études d’architecte. Impossible de dormir, de penser à autre chose qu’à cela… Je savais que j’allais être devant un jury, mais aussi devant ma famille et mes amis. Résultat ? J’ai débité mon exposé en 7 minutes au lieu de 15 et je n’ai pas su répondre à une seule question posée par le jury. Non pas que je n’avais pas la réponse… Mais mon corps s’était momifié, impossible de prononcer un mot ! Aujourd’hui encore, cette expérience reste traumatisante” avoue Frédéric, qui a quand même réussi à devenir architecte (chapeau bas).
Cette peur de parler en public est alimentée par tout ce qu’on en projette avant. Et lorsque notre cerveau s’emballe, difficile de lui faire faire grève…
Peut-on finir par apprécier de parler en public ?
Mais selon Frédéric, "on peut réussir à amoindrir cette peur". Comment ? “En s’entraînant, en pratiquant, en se confrontant à de nouveaux défis… Par exemple, je donne un cours devant des étudiants dans quelques jours. Forcément, ça m’angoisse un peu. Mais je m’y suis préparé et je suis sûr que, une fois les premiers mots prononcés, tout se passera bien.”
Pour Mélodie, c’est un petit peu plus délicat… “Je sors de ma zone de confort : je participe à des podcasts, je donne des interventions à l’université… Mais j’ai encore du mal à maîtriser les symptômes liés à cette crainte. C’est pas grave, je travaille dessus !”.
3 conseils pour parler (en public) comme un‧e pro
Selon Maxime Loubar, professeur en prise de parole dans l’enseignement supérieur et entrepreneur à impact qui enchaîne les pitchs comme des petits pains, voici quelques conseils pour être plus serein au moment de se jeter dans le grand bain :
- Préparer le fond plus que la forme : “Quand vous savez quoi dire, le comment peut être improvisé. L’inverse n’est pas vrai, et il vaut donc mieux connaître son sujet pour gagner en confiance à l’aube d’une présentation.”
- Faire des exercices de respiration ou de relaxation : “Un peu de cohérence cardiaque avant de fouler les planches aide à se dépatouiller des angoisses et à se recentrer.”
- Être en phase avec ce que l’on dit : “Pas toujours évident si votre boss vous a collé un sujet qui ne vous passionne pas… Mais à vous de vous l’approprier, d’ajouter votre touche personnelle et de l’humaniser afin que votre prise de parole soit encore plus captivante !”
Les glossophobes peuvent-ils devenir des orateurs passionnés ? Pourquoi pas, après tout ! Si on transforme cette peur en amour du défi, tout est possible. Une chose est sûre : perdre ses moyens, ce n’est pas dramatique. Ce qui serait dramatique, c’est que vous perdiez confiance en vous. Alors la prochaine fois que vous appréhenderez ce moment, pensez à une chose : chaque présentation vous rendra encore plus à l’aise pour la prochaine !