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Infidèle, flemmarde, rebelle : 6 clichés sur la Gen Z au travail

Flemmarde, narcissique, matérialiste, infidèle… Les clichés sur la Gen Z au travail sont légion. Mais sont-ils véritablement vérifiés ? Spoiler : non. Élodie Gentina, enseignante-chercheure à l’IESEG School of Management, spécialiste de la Gen Z et conférencière en entreprise, nous donne sa vision… pour tenter la grande réconciliation.


6 min

Cliché n°1 : La génération Z vit à travers le digital

Vrai… mais pas pour tout. Parce qu’elle est née après le passage à l’an 2000, on pense qu’elle a un smartphone greffé au corps. Bon, ce n’est pas tout à fait faux : TikTok, Snapchat, Youtube ou encore Chat GPT font partie intégrante de son quotidien. “Cependant, la Gen Z considère le digital comme un outil et a soif de relations dans le réel”, insiste Élodie Gentina. Preuve en est d’ailleurs que les jeunes ont particulièrement mal vécu les épisodes de confinement. “Les jeunes de la Gen Z cherchent à se montrer comme des personnes réelles, c’est d’ailleurs pourquoi ils accrochent avec des réseaux sociaux comme BeReal. Le digital leur permet avant tout de perpétuer des relations qui existent dans la vraie vie”, poursuit-elle.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

Si la gén Z apprécie la flexibilité des horaires et la possibilité de pouvoir télétravailler, elle est loin de plébisciter le full remote (82% des jeunes talents préfèrent une entreprise qui favorise le présentieselon une étude Sodexo). Les jeunes ont bien conscience que pour apprendre, ils ont besoin d’être au contact des autres collaborateurs.

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Cliché n°2 : La Gen Z est narcissique

Faux. Parce qu’elle aime prendre des selfies (et ce n’est pas la seule !), la génération Z est souvent perçue comme égocentrée. Mais pour Élodie Gentina, il s’agit avant tout d’une génération de “makers”. Autrement dit, la Gen Z aime bricoler, retoucher, faire des montages, plus que de sombrer dans un délire narcissique. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle donne la prime aux plateformes créatives comme TikTok.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

    La Gen Z est touche-à-tout et s’ennuie vite si elle ne peut pas mettre en œuvre sa soif de créativité. D’ailleurs, les membres de la Gen Z se perçoivent comme particulièrement inventifs (56% des répondants à une étude menée par Dynata pour ETX Daily Up). Il ne faut pas hésiter à co-créer avec elle, que l’on soit une marque qui cherche à développer un produit, ou une entreprise qui souhaite engager ses jeunes talents en interne.

    L’intrapreneuriat répond particulièrement bien au besoin d’épanouissement des Z. Ils peuvent s’engager dans diverses missions au sein de l’organisation, tout en répondant à leur besoin d’innovation et de progrès dans l’entreprise.

Cliché n°3 : La Gen Z est matérialiste

Faux. C’est un paradoxe : la Gen Z est souvent dépeinte comme matérialiste, mais elle idolâtre des activistes comme Greta Thunberg. Fervente pratiquante de la seconde main ou du troc, la Gen Z est aussi capable de faire la queue pendant des heures pour obtenir une paire de sneakers collector. Elle boycotte des marques qui ne respectent pas ses valeurs, tout en continuant à acheter chez les géants de la fast fashion. Alors, que faut-il en conclure ?

Selon Élodie Gentina, il est important de souligner que ces jeunes préfèrent avant tout s’offrir une expérience qu’avoir le produit dans leur main, comme le révèle cette étude par le cabinet OC&C. Ils sont aussi très sensibles aux marques qui cultivent leur authenticité, comme Michel et Augustin, qui de surcroît pratique le street marketing, et leur permet donc de vivre une expérience dans le réel. Bref, la Gen Z ne désire pas avoir le produit pour le posséder… mais pour le partager.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

    En matière d’emploi de la Gen Z, on pourrait se dire que les jeunes préfèrent aller dans les grands groupes s’ils ont vraiment cette fibre matérialiste. “En réalité, ils vont plutôt veiller à la qualité de la mission, peu importe la taille de l’entreprise. On est donc plutôt sur une génération post matérialiste, qui privilégie l’expérience et l’échange plutôt que la possession”, analyse-t-elle. Une étude Indeed démontre effectivement que les jeunes plébiscitent les PME et TPE afin de rechercher l’expérience et la diversité des missions, bien que le salaire demeure leur critère n°1.

Cliché n°4 : La Gen Z est rebelle

Faux, elle est révolutionnaire… comme chaque nouvelle génération. Que ce soit à l’école, à la maison ou dans les murs de l’entreprise : il y a effectivement une vraie évolution. “C’est vrai, les jeunes remettent en cause l’autorité des aînés et des institutions. Cela s’explique déjà par la manière dont ils ont été éduqués : leur avis a toujours été pris en considération. Et puis, avec internet, l’adulte n’est plus le seul détenteur de l’information”, analyse Élodie Gentina.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

    Aujourd’hui, on passe de la loi du père à la loi des pairs. Cela peut bien entendu être dangereux de ne plus écouter les sachants pour se référer à des personnes qui n’ont pas la connaissance. Mais les entreprises peuvent capter cette génération si elles renoncent à toute forme de management pyramidal. “Les jeunes vont plutôt chercher des relations égalitaires et surtout un manager empathique et inspirant, capable de faire circuler l’information et d’expliquer le pourquoi de la mission. Un coach en somme”, explique notre interlocutrice.

Cliché n°5 : La Gen Z est infidèle

Vrai... mais elle n’a pas peur de l’engagement. En matière de fidélité à une marque ou à une entreprise, c’est vrai : la Gen Z peut vous dire bye bye en 2 minutes. Selon une étude de la Vlerick Business School, 60% des jeunes changeraient 3 fois de postes en 5 ans (le phénomène du job hopping). “Ceci étant dit, c’est une génération capable de s’engager. Mais on parle aujourd’hui de fidélité positive : on reste dans l’entreprise pour les bonnes raisons, parce qu’on est heureux et épanoui”, analyse Élodie Gentina.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

    Pour fidéliser la Gen Z, il faut la laisser expérimenter : porter de nouvelles compétences, de nouvelles responsabilités, mais aussi la former, lui faire du feedback et toujours lui proposer des missions challengeantes.

Cliché n°6 : La Gen Z a la flemme

Faux. On la perçoit comme fainéante, peu investie au travail… Mais pour notre experte, c’est faux : “c’est juste que le travail n’est plus une finalité en soi, mais un moyen de s’épanouir, de donner du sens à sa vie”. Les jeunes ont envie d’être plus que des collaborateurs, ils veulent aussi être des citoyens. Ils vont donc grandement faire attention à des questions comme l'éthique, la diversité, l’impact sur le climat. C’est cliché mais vrai : d’ailleurs, on commence déjà à parler de “Grande démission verte”, notamment chez les plus jeunes. En résumé, la Gen Z n’est pas désabusée, mais elle s’engage différemment.

  • 💡 À retenir côté entreprise :

    En rejoignant une entreprise, la Gen Z veut devenir porte-parole du changement. De plus, les entreprises doivent faire extrêmement attention à la santé mentale des plus jeunes qui attendent de leur employeur qu’il prenne soin d’eux, tout comme de la planète ou des sujets d’inclusion. “Il ne faut pas nécessairement être une entreprise à mission, mais une entreprise qui fait attention à ses collaborateurs”, conclut Élodie Gentina.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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