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“J’ai supprimé la période d’essai dans mon entreprise”

En décembre 2021, la société lyonnaise Tie-up a fait un présent à ses nouveaux arrivants en supprimant purement et simplement la période d’essai. Pour ces spécialistes des ressources humaines à temps partagé, il s’agissait d’expérimenter une mesure sociale forte et novatrice. Deux ans plus tard, c’est l’heure du bilan.


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“En tant que spécialistes des RH, on ne voulait pas être les cordonniers mal chaussés”, lance Charline Keller, cofondatrice de Tie-up. Alors, 5 ans après sa création, l’entreprise qui compte aujourd’hui 19 salariés a choisi d’innover en supprimant la période d’essai, en plus de son passage à la semaine de 4 jours.

Tout est parti du constat suivant : depuis 2016, aucune période d’essai n’avait été rompue. “Alors, on s’est demandé si ce dispositif qui ne répond à aucune obligation légale était vraiment utile pour nous”, explique l’entrepreneure. Jusque-là, Tie-up avait recours au fameux 4 mois renouvelables pour sa population de cadres. “Finalement, c’était plus de contraintes qu’autre chose avec le respect de l’envoi des courriers aux dates d’échéance”, rapporte-t-elle. En tant qu’employeur, il s’agissait donc dans un premier temps de se faciliter la vie, mais finalement la décision va bien plus loin que cela.

La période d’essai, c’est le droit de se tromper ?

Pour beaucoup d'aficionados de la période d’essai, la retirer a des goûts de mise à mort en cas d’erreur de casting. “De notre côté, on a un process de recrutement vraiment solide, d’autant que c’est notre cœur de métier, alors on ne craint pas vraiment de se tromper”, poursuit Charline Keller.

Les candidats passent effectivement au tamiseur via différentes étapes successives. Entretien de présélection, entretien avec le futur manager et un membre de l’équipe, rencontre avec les associés, puis moment informel avec l’équipe autour d’un repas. “Le plus important pour nous est que les candidats soient très au clair sur notre philosophie et se sentent à l’aise avec celle-ci en posant toutes les questions qui leur passent par la tête. Le savoir-être est essentiel, bien plus que les hard skills pour lesquels les lacunes peuvent être plus facilement comblées”, poursuit-elle.

La partie pré-boarding et onboarding est également musclée pour s’assurer que l’intégration des nouveaux arrivants se fasse sous les meilleurs auspices.

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Un contrat de confiance

Depuis 2021, seulement une personne sur 10 a demandé à maintenir la période d’essai, sachant que Tie-up n'impose pas à ses salariés la suppression du dispositif si tel est leur choix. “Il n'est évidemment pas question de prendre les salariés en otage”, plaisante la dirigeante. De plus, l’entreprise peut proposer une rupture conventionnelle comme cela est arrivé avec deux personnes qui sont parties avant la fin de la première année.

Pour Charline Keller, supprimer la période d’essai est une manière d’établir dès le départ un contrat de confiance avec le salarié, et de le placer au même niveau que les autres collaborateurs afin d’éviter le déséquilibre que peut ressentir un salarié en période d’essai. “Nous pensons que cela aide les salariés à être eux-mêmes dès le démarrage, sachant que nous accordons beaucoup d’importance à l’authenticité”, affirme notre interviewée.

La période d’essai a encore la cote dans les entreprises

C’est aussi une façon d’éviter que les salariés soient en situation de précarité et ne puissent pas entreprendre leurs projets personnels, comme louer ou acheter un appartement. Au moment de quitter un emploi pour un autre, cela permet d’avancer en toute sécurité. “Au final, ce n’est pas vraiment la suppression de la période d’essai qui fait la différence en termes d’attractivité, mais c’est un argument supplémentaire”, constate Charline Keller.

Elle observe aussi que la suppression de la période d’essai ne fait pas des émules chez ses clients, surtout dans des secteurs comme l’industrie ou le bâtiment qui sont moins propices à ce type de dispositif. En revanche, la semaine de 4 jours attise bien davantage leur curiosité, et constitue sans conteste un argument de taille pour attirer les meilleurs profils. Mais qu’à cela ne tienne, Tie-up va continuer sur sa lancée et ne compte pas réintroduire la période d’essai qu’elle juge finalement sans grande utilité dans son contexte !

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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