Ces entreprises qui mettent en place des choses pour accompagner la monoparentalité
Alors que Gabriel Attal a lancé une réflexion pour que les entreprises soutiennent les familles monoparentales, que peuvent-elles déjà faire pour les parents solos ?
“Ces dernières années, le sujet de la parentalité a beaucoup avancé en entreprise, mais en ce qui concerne la monoparentalité (soit un quart des familles), la percée est encore timide même si je commence à intervenir sur ce thème cette année”, observe Noémie Khenkine-Sonigo, Fondatrice de Team’Parents, une plateforme de soutien à la parentalité.
La raison de ce manque de prise en main du sujet selon cette spécialiste ? La faible appétence des humains pour les mauvaises nouvelles. “On se réjouit de la naissance d’un enfant et on met en place de nombreuses mesures pendant et juste après la grossesse. C’est important, mais si on y pense, les difficultés sont plus éphémères que ce que peuvent vivre les familles monoparentales sur la durée”, affirme-t-elle.
De plus, la monoparentalité est un sujet qui touche pleinement l’entreprise, puisqu’il s’agit d’un facteur de fragilité dans l’accès et le maintien à l’emploi. De fait, l’employeur peut donc être un maillon vertueux, tout autant qu’il peut contribuer à précariser encore davantage cette population.
Alors, place aux meilleures mesures pour soutenir les familles monoparentales !
#1 - En parler, tout simplement
En tant qu’employeur, la première façon de montrer que l’on s’intéresse au sujet, c’est d’oser l’aborder, à travers des conférences de sensibilisation par exemple. “Organiser ne serait-ce qu’un webinar sur ce thème, c’est déjà montrer qu’on est à l’écoute de ces collaborateurs”, relève Noémie Khenkine-Sonigo. Exemple du genre, BNP Paribas, qui organise chaque année “Les rendez-vous de la parentalité”. Quatre jours de talks permettant aux collaborateurs de bénéficier, entre autres, de contenus dédiés à la monoparentalité. “Nous avons également un podcast, In my Shoes, qui traite de cette thématique dans un épisode et peut être consulté par tout un chacun”, rapporte Caroline Courtin, Responsable Diversité, Équité et Inclusion chez BNP Paribas.
#2 - Offrir des séances de coaching ou de psy
Ouvrir le dialogue, c’est aussi permettre aux employés de s’exprimer sur leurs difficultés. Outre l’écoute active pratiquée au sein de l’entreprise, il peut s’agir d’offrir du soutien à l’extérieur de celle-ci pour garantir l’anonymat et la confidentialité sur ces sujets privés. Par exemple, la néobanque Qonto offre à tous ses employés 4 séances annuelles avec un psy ou coach sur la plateforme moka.care “Il y a des coachs spécialisés en parentalité, et le but est de permettre aux collaborateurs de se délester un peu de leur charge mentale”, explique Inès d’Halluin, L&D Manager chez Qonto.
#3 - Lutter contre la paupérisation
L’une des difficultés majeures des familles monoparentales, et plus particulièrement des mamans solos, relève de leurs finances. D’après l’INSEE, 45% des familles avec une mère seule étaient considérées comme pauvres en 2020, contre 22% pour les familles monoparentales avec un père. Ceux-ci ont d'ailleurs un emploi dans 81% des cas, contre 67% chez les femmes, et sont 10% à être fréquemment au chômage, contre 18% chez les mères.
Chez BNP Paribas, la lutte contre la précarité financière est un sujet pris très au sérieux : avance sur salaire, conseils d’assistants sociaux… ces mesures sont précieuses pour les familles monoparentales. Une série de vidéos s’évertue également à dénoncer les violences économiques qui peuvent toucher les mamans solos, et auxquelles sont formés la quasi totalité des conseillers. De plus, une plateforme B2B comme Team’Parents recense également des professionnels compétents à consulter dans ces situations, à commencer par les avocats. “C’est important car beaucoup de femmes n’osent pas passer le cap de l’avocat de peur que leur conjoint les accuse d’initier la guerre. Or, c’est essentiel pour faire valoir ses droits, et éviter de se retrouver dans des situations financières très compliquées”, renchérit Noémie Khenkine-Sonigo.
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#4 - Ne pas avoir peur de les promouvoir
“Alors que toutes les couches sociales sont concernées par la monoparentalité, les mamans solos sont particulièrement stigmatisées, considérées de facto comme fragiles, comme si leur situation les empêchait de performer au travail en raison de leurs contraintes personnelles”, regrette la fondatrice de Team’Parents. Son souhait ? Qu’on leur offre davantage d’opportunités, sans présumer de leur indisponibilité.
Outre la refonte des politiques de mobilité interne, on peut aussi envisager des programmes d’empowerment pour les aider à dépasser leurs propres peurs. Autres signaux pour soutenir les mamans solos ? Les politiques universelles en faveur de la maternité au travail, tout simplement. “Chez nous, toute femme qui a manqué une période d'entretiens de mi-année pendant son congé maternité voit sa situation et son salaire considérés en fonction de ses paires pour promouvoir l’équité”, explique Inès d’Halluin.
#5 - Offrir du temps
Comme dans les cas des aidants, les familles monoparentales manquent cruellement de temps. C’est pourquoi toutes les mesures qui permettent un aménagement du temps de travail vont dans le bon sens, à condition cependant de ne pas paupériser davantage les familles monoparentales avec des temps partiels peu rémunérateurs. À ce titre, BNP Paribas propose justement à ses salariés d’acheter du temps de travail. “C’est-à-dire qu’un collaborateur peut s’absenter jusqu’à 20 jours par an. Certes, il ne sera pas rémunéré, en revanche, l’entreprise cotisera pour lui à 100% pour le chômage, la sécurité sociale et la retraite”, explique Caroline Courtin.
#6 - Assouplir le télétravail
En quête de souplesse, les familles monoparentales plébiscitent le télétravail pour économiser les temps de trajet. Qonto propose carrément à ses collaborateurs devenus parents de passer en full remote s’ils le souhaitent. “Nous sommes assez flexibles de manière générale, ce qui compte, c’est d’être responsable et de faire son job”, résume simplement Inès d’Halluin. Seule mise en garde de Noémie Khenkine-Sonigo sur le télétravail : s’assurer que le collaborateur dispose d’un lieu correctement aménagé pour bien télétravailler, sachant que les familles monoparenales souffrent souvent du mal logement. “En télétravail, il faut aussi faire attention au risque d'hyper connexion chez cette population qui peut se retrouver à rebrancher l’ordinateur tard le soir”, souligne-t-elle.
#7 - Soutenir la garde d’enfant
La garde d’enfants est une organisation complexe pour un couple, et encore plus pour un parent solo isolé. “À noter qu’on peut aussi être seul à gérer les enfants même quand on est en couple, ce qui peut être pénalisant”, souligne Caroline Courtin. Pour aider les jeunes parents, BNP Paribas finance la garde d’enfant jusqu’à 7,40 euros par jour, mais surtout, le groupe est allé loin dans la rémunération des congés pour enfants malades en proposant jusqu’à 12 jours rémunérés pour une famille de trois enfants.
Les parents peuvent aussi bénéficier de 2H d’absence rémunérées le matin de la rentrée des classes, collège inclus. De son côté, Qonto propose 25 places en crèche privée dont les critères d’attribution permettent aux parents solos de remonter dans la liste. “Nous offrons aussi une solution de garde d’urgence à disposition de tous les parents, il suffit de prévenir 48H à l’avance”, poursuit Inès d’Halluin.
#8 - Une culture d’entreprise inclusive
Last but not least, aider les parents solos à avancer dans leur carrière tout en assumant leurs responsabilités parentales exige des employeurs qu’ils proposent une culture d’entreprise vraiment inclusive, c’est-à-dire qui interdit les réunions tôt et tard le soir, et n’organise pas uniquement des événements en soirée, ce qui a tendance à exclure les parents solos. “Chez Qonto, une grosse partie de nos effectifs est en full remote ce qui ne l’empêche pas d’avancer sur l’échiquier. De même, nous avons des événements très appréciés des parents dédiés aux enfants, environ 4 fois par an”, explique notre interlocutrice. Montrer que l’on peut évoluer dans l’entreprise tout en ayant sa vie perso à côté, voilà qui aidera les familles monoparentales, tout en contribuant au bien-être global des collaborateurs !