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Ergophobie : j’ai peur d’aller au travail, c’est grave docteur ?

Ergophobie : comment reconnaître (et vaincre) sa peur du travail ?

Si les araignées ou les espaces confinés suscitent une terreur monstre chez certains, pour d’autres, c’est le travail qui est au cœur de leur angoisse. Son petit nom : l’ergophobie. Comment la reconnaître, et surtout apprendre à s’en détacher ? Par ici les explications.


4 min
9 août 2023par Roxane Chabrat

Ergophobie : j’ai peur, donc je fuis

Qui n’a jamais ressenti un ras-le-bol ou une forte appréhension en se rendant au travail ? Si vous multipliez ce sentiment par 1000, y ajoutez une dose de paralysie et une emprise sur le long terme, alors vous êtes certainement ergophobe.

Mais demandons l’avis d’une experte : Nathalie Maréchal, psychologue du réseau Geo-Psy, définit l’ergophobie comme “la crainte irrationnelle et exagérée du travail”. Une angoisse si profonde et incontrôlable qu’elle empêche les personnes de se rendre au boulot, ou les contraint à s’arrêter en milieu de journée pour rentrer chez elles.

Peu d’études ont fait surface sur le sujet, si bien qu’on ignore le nombre de personnes réellement impactées par le phénomène. À cela s’ajoute la complexité pour le diagnostiquer.

Comment le reconnaître, donc ?

Sur le papier, les symptômes de la phobie du travail sont similaires, voire identiques, aux symptômes de toute autre phobie :

  • Le patient peut être atteint de vertiges, d’évanouissement ou de malaise,
  • Des bouffées de chaleur, frissons, sueurs froides, etc. peuvent survenir,
  • La peur provoque des palpitations ou des nausées pouvant aller jusqu’aux vomissements et douleurs abdominales…

En bref, l’ergophobie va bien au-delà du shot d’adrénaline ressenti avant une grosse réunion ou un rendez-vous client.

Mais au même titre que les autres phobies, elle se manifeste différemment d’un individu à l’autre. Pour certains, les symptômes se déclencheront une fois arrivé sur le lieu de travail - pour d’autres, lors de situations précises comme un échange avec son supérieur. Autre point : l’ergophobie ne doit pas être confondue à une crise d’angoisse, qui s’étend au-delà du cadre pro.

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💡 Un profil type ?

Bien qu’il n’existe pas de portrait robot, certaines personnes auront plus de tendances ergophobiques. En tête, on pense notamment à ceux souffrant du syndrome de l’imposteur, ou ayant une faible estime de soi en général.

Déjouer les stigmates… et les faux amis

Comme toute phobie “insolite”, les raccourcis et les stigmates vont bon train. Car non, cette peur du travail ne signifie pas “que l’on n’aime pas travailler” ! À l’ère des sujets de santé mentale et de QVCT, il faut donc jouer des coudes pour se défaire des idées reçues :

  • Stress ou burn-out : La charge mentale que l’on nous donne au travail (et que l’on se donne parfois) est un terrain propice à l’ergophobie, mais ne représente pas en soi la même peur paralysante.
  • Peur de son/sa boss : La crainte de votre supérieur.e est-elle rationnelle ou, au contraire, irrationnelle ? Vous pouvez craindre votre N+1 parce qu'il a, plus ou moins, un "droit de vie ou de mort" sur vous dans votre quotidien, donc avoir peur d’un licenciement. Mais là encore, cette peur à elle seule ne symbolise pas une angoisse généralisée.
  • Peur de sortir de chez soi : Dernier point mais pas des moindres, l’ergophobie n’est pas à confondre avec la peur de sortir - ou l’agoraphobie, une angoisse déclenchée lorsqu’on se trouve dans un espace public ou dont on ne peut pas se libérer facilement.

Bien que toutes ces conditions puissent alimenter le problème, c’est souvent le caractère irrationnel et prolongé qui va distinguer l’ergophobie de ces situations précises.

💡 Apaiser les maux

Si vous souffrez d’ergophobie, sachez que vous pouvez demander un arrêt de travail. Seule condition : cet arrêt de travail doit être octroyé par un psychiatre, le seul professionnel à date habilité à statuer sur l'existence d'un trouble psychique.

Quelles sont les voies de guérison à l’horizon ?

Existe-t-il un remède contre la peur du travail ? Faudrait-il, au même titre que pour les araignées, s’y exposer progressivement ? Pas si simple… Le plus important avant de s’attaquer au cœur du réacteur, c’est de retracer les origines du problème :

  • La phobie provient-elle d’une expérience passée marquante, comme un burn-out ou un harcèlement moral ?
  • Ou bien un handicap d’accès au cadre pro ?
  • Serait-elle liée à votre métier ou votre entreprise actuelle ? Auquel cas le statut d’indépendant ou un changement de carrière pourrait aussi débloquer la situation.
  • Ou encore une idée préconçue du monde du travail, transmise par ses parents ou ses proches ?
  • S’agit-il, au contraire, d’une peur irrationnelle ?

Le second critère, en fonction de l’ampleur de la phobie (et du diagnostic établi plus haut), est de pouvoir exprimer son ressenti sans avoir la crainte d’être stigmatisé ou isolé. Auprès d’un.e professionnelle, d’un proche de confiance… Car selon la psychologue Johanna Rozenblum, l’écoute attentive serait fondamentale dans le processus de guérison.

Enfin, suivre une thérapie centrée sur l’analyse des comportements peut permettre de soulager, voire surmonter sa peur. Au programme : une méthode qui associe l’exposition aux conditions de travail, l’isolation de ses pensées ou encore l’affirmation de soi.

À cela s’ajoute la prise en compte de traitements relaxants tels que le yoga, la sophrologie ou la méditation pour soulager ces craintes.

💡 Employeurs et managers ont aussi leur carte à jouer

La lutte contre l’ergophobie ne se mène pas seul… Les RH et les managers peuvent aussi agir pour lever les freins et libérer la parole : en s’informant sur la situation (lire cet article, c’est déjà un excellent début !) et en ouvrant la discussion autour de la santé mentale et des peurs liées au travail.

Roxane Chabrat

Content Manager

Créatrice de contenu chez Swile, Roxane décrypte les tendances et les mutations de la vie au travail en fond, en large et […]

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