La misophonie, ce trouble psychique qui peut faire du travail un enfer

Cliquetis de clavier, bruits de mastication, sonneries de téléphone stridentes… Ces bruits vous insupportent au travail ? Alors vous souffrez peut-être de misophonie, une aversion intense et irrationnelle de certains sons.

Les nuisances sonores au travail affectent le bien-être des salarié‧es de manière globale, et la généralisation des open spaces y contribue sans aucun doute. La question de la santé auditive est devenue un vrai enjeu dans le monde du travail, et le 7ème baromètre Ifop-JNA d’octobre 2023 tirait déjà la sonnette d’alarme.

D’après ses conclusions, près de la moitié des actifs·ves en poste (45%) déclarent que le bruit au travail a au moins une répercussion pour leurs oreilles sur leur quotidien ; 33% rapportent des gênes de compréhension de la parole et 30% des sifflements ou bourdonnements en raison des expositions sonores.

Enfin, 60% des interviewé·es mentionnent de la “fatigue, lassitude et irritabilité”, tandis que 50% signalent du stress en raison des expositions sonores au travail. Les télétravailleur·ses sont également concerné·es par ces effets auditifs.

Selon le premier rapport mondial sur l’audition rendu par l’OMS en 2021, près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffriront de déficience auditive à des degrés divers d'ici 2050.

Si évoluer dans un environnement de travail bruyant peut affecter notre santé, sachez que pour les misophones, c’est un cran au-dessus. Ces bruits les plongent dans un état physique et émotionnel très désagréable : irritabilité, anxiété, dégoût, colère et sentiment de perte de contrôle. Il leur est aussi difficile de se reconcentrer sur leur travail, le corps se crispe, et cela peut aller jusqu’à une envie de crier, de pleurer, ou même de vomir.

D’après la Fondation pour l’audition, la misophonie, qui consiste en une aversion intense et irrationnelle envers certains sons, s’apparente à un trouble psychique. Des études ont montré qu’il s’agit d’une maladie neuro-psychiatrique associée à des anomalies cérébrales : elle serait provoquée par une hyperactivation du cortex insulaire inférieur, la zone du cerveau qui permet d’orienter notre attention.

On ne connaît pas la prévalence de la misophonie dans la population, mais on sait que 10% des personnes ayant des acouphènes sont aussi misophones. Un facteur génétique pourrait aussi être en jeu : 55% des personnes atteintes de misophonie ont ainsi des antécédents familiaux. Il a aussi été démontré que ce trouble pouvait être associé à d’autres syndromes comme les TOC, les TCA, les troubles anxieux ou dépressifs, etc.

Pouvant aller de la simple irritabilité à l’isolement social, ce trouble psychique peut s’avérer très handicapant. Voici quelques conseils à mettre en place au travail pour apaiser vos symptômes :

Pour faire redescendre le stress, faites une pause, allez marcher ou mettez-vous dans votre bulle avec une musique relaxante ou des bruits blancs.

C’est un trouble méconnu, alors n’hésitez pas à briser le tabou. Il n’y a pas de honte à avoir, et les gens peuvent ne pas savoir à quel point cela vous affecte.

Il existe des spécialistes de la misophonie (médecins, ORL, psychanalystes, hypnothérapeutes…) qui vous donneront des méthodes pour mieux gérer ce trouble et sauront proposer une prise en charge adaptée à votre situation.