Porte-parapluie (Cocody, Ivory Coast)
Working Class est une exposition photo qui met à l’honneur les métiers essentiels à travers le monde. Samuel Durand, auteur-réalisateur, et Guillaume Mougin, photographe, ont parcouru le monde pour rapporter des instantanés de vie et de boulot.
Cette photo, ce n’est pas n’importe quelle photo : c’est l’affiche de l’exposition. Une photo qui vient saisir l’essence-même de l’installation, en capturant l’image d’un travailleur dont le job questionne : à Cocody, en plein dans ce quartier d’Abidjan qui bouge pas mal, on découvre cet homme qui tient un parapluie XXL, objet surréaliste qui lui donne des airs de grand papillon rougeoyant. “Métier improbable, métier hallucinant aujourd’hui, en 2023” s’étonne Guillaume Mougin, photographe de l’expo.
“J’arrive en voiture, il y a des trombes d’eau alors qu’il fait 35°. On sort de la voiture, et il y a ce mec qui vient nous protéger avec ce parapluie gigantesque qui est tellement grand que tu peux être quatre en dessous” se souvient-il. Son rôle ? Abriter des gens sur-sapés qui ont passé 1h30 à se coiffer et se maquiller pour qu’ils restent au sec jusqu’à leur entrée dans le bar de nuit, situé à deux pas.
“Pour que ces gens-là puissent faire la fête en étant les plus stylés, il faut des mecs qui portent le parapluie en se prenant des trombes d’eau pendant 8h d’affilée” observe avec une pointe d’ironie Samuel Durand, documentariste et organisateur de l’exposition. Pour lui, cette photo “représente bien le terme de working class” et porte en elle le questionnement de l’exposition sur les métiers essentiels.
“Il y a ce côté serviciel qu’on va beaucoup retrouver dans le reste de l’expo. Mais on peut se demander : est-ce vraiment un métier ? Tu as beau critiquer en disant ‘ce métier ne sert à rien’. Mais si tu réfléchis comme ça, il y a plein de métiers qui ne servent plus à rien, mais qu’on aime faire parce qu’ils ont de la valeur sociale, parce que ce sont des gagne-pains, et parce qu’ils créent de l’interaction humaine aussi” analyse-t-il.