3 choses à savoir sur le CDDU, ce contrat un peu particulier
Vous êtes sur le point d’accepter un job en CDDU, mais vous n’avez jamais entendu parler de ce type de contrat un peu dérogatoire ? Pas de panique ! On vous explique tout en 3 points, avec témoignage à l’appui.
Chercher un emploi, c’est se confronter à des acronymes qui peuvent donner mal à la tête. Et le Contrat à Durée Déterminée d’Usage, ou CDDU, en fait partie. Créé en 1982, il ressemble au CDD classique, mais n’en est pas tout à fait un puisqu’il est exempté de certaines dispositions. Ce qui peut tout changer pour vous.
Il concerne certains boulots seulement
Le CDDU, ce n’est pas si marginal. En 2019, on parlait même de 9,2 millions de contrats signés dans le dernier rapport publié sur le sujet. Sa grande particularité, (au-delà de la lettre en plus), c’est qu’on ne le croise pas dans tous les domaines professionnels.
Hôtellerie et restauration (où on l’appelle aussi un “extra”), centres de loisirs, enseignement, audiovisuel… Les 15 secteurs qui l’autorisent sont définis par décret et ont l’habitude d’y avoir recours.
Plus encore : pour recruter avec ce type de contrat, il faut que les missions confiées concernent l’activité principale d’une entreprise.
Il (n’)est (pas) fait pour durer
Pour qu’un CDDU soit légal, il doit aussi être temporaire, et ne peut absolument pas remplacer un CDI. Vous pouvez signer pour quelques heures, quelques semaines, ou 18 mois maximum. Pour bosser 12 heures par jour et 52 heures par semaine tout au plus.
Lorsque le contrat prend fin, votre employeur a, par contre, tout à fait le droit de le renouveler de manière illimitée dans le temps, en le justifiant, et sans période de carence. Un concept qui l’oblige à laisser le salarié souffler plusieurs jours, semaines ou mois entre deux CDD classiques.
Pour illustrer ces règles un peu paradoxales, prenons l’exemple de Nathan*, 23 ans, animateur radio dans le sud de la France. Lui, n’a connu que ça. “J’ai découvert les CDDU après mes études, car c’est très courant dans le secteur de l’audiovisuel. En fait, c’est simple, il n’y a pas de CDD tout court chez les animateurs.”
En s'engageant dans son poste, Nathan savait aussi que ce serait plus ou moins temporaire. “Je signe des contrats d’un an, pour une saison radio. En général, mon groupe ne renouvelle pas le contrat plus de trois fois. On peut toujours espérer un CDI pendant ce temps-là.”
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Il envoie valser congés et prime de précarité
Ce qui chiffonne le plus le jeune homme, c’est d’avoir dû dire adieu aux vacances. Du moins à celles payées par l’employeur puisqu’un CDDU ne comprend pas de congés payés mais seulement une prime, équivalente à 10% de leur rémunération totale. “J’aurai une indemnité en fin de contrat car c’est la loi, mais je ne peux pas poser un jour sans perdre de l’argent. Le repos, c’est le week-end et certains jours fériés. Et puis, si je veux prendre un congé, je peux le faire quand je le veux même si je ne suis pas payé derrière. C’est un avantage.”
Adieu aussi à la prime de précarité, versée à la fin d’un CDD classique et qui là aussi équivaut à 10% de la rémunération totale. Sauf cas particuliers. Un autre coup dur pour Nathan, qui s’en accommode pour le moment. “Je suis jeune, je viens d’entrer dans le monde du travail donc tout ça ne me dérange pas. Mais je ne souhaite pas passer toute ma vie avec ce type de contrat.”
À la fin du mois d’août 2024, il a clôturé son premier CDDU. Il lui en reste donc deux avant d’être sans emploi. Même si, comme pour un CDD, il touchera les allocations chômage.
- Même si vous ne travaillez qu’une soirée, dans la restauration par exemple, signez un contrat et demandez une fiche de paie.
- Vérifiez que votre poste fait partie de l’un des secteurs qui autorisent les CDDU. Vous pouvez consulter la liste sur travail-emploi.gouv.fr
- Certaines conditions (rémunération, renouvellement…) sont spécifiques à votre domaine d’activité. En cas de doute, parlez-en à votre manager ou votre (D)RH.
- Veillez à ce que votre salaire ne soit pas inférieur au minimum conventionnel de votre secteur.
- Si vous constatez un abus une fois en poste, sollicitez le Conseil de prud’hommes pour permettre la requalification de votre CDDU en CDI (oui, c’est tout à fait possible).
*Le prénom a été modifié