Inégalités femmes-hommes : 5 chiffres qui montrent qu’on a encore du taf
On pourrait se prêter à rêver d’égalité et de parité, mais pour y parvenir, mieux vaut ne pas faire l’autruche et se confronter à la dure réalité. Voici 5 chiffres qui en disent long sur le chemin qu’il reste à parcourir…
🎵 Un jour, l’égalité viendra,
Un jour, on rigolera,
De cette époque absurde et révolue
Où la parité n’était pas absolue 🎵
Oui, comme Blanche-Neige, on peut se prêter à rêver un peu (bon, notre goal a un peu plus de gueule que le sien puisqu’il ne se réduit pas à trouver le prince charmant, on aurait même plutôt tendance à dire qu’on se débrouillera mieux sans lui). Rêver, donc, d’un monde meilleur, où l’égalité et la parité seraient reines, où l’on n’aurait pas à se battre jour après jour pour faire valoir nos droits et ne plus être soumises au grand méchant Patriarcat.
En attendant cet âge d’or, vous reprendrez bien un peu de réalité ? Allez, on va se confronter à 5 chiffres qui nous montrent bien que pour l’instant, c’est pas gagné-gagné…
#1 - Les femmes gagnent entre 4,3% et 24,4% de moins
Ce chiffre, c’est celui de l’écart total de salaire entre les hommes et les femmes, tout temps de travail confondus, temps partiels et temps complets rassemblés. À temps de travail égal, il tombe à 15,5%. Et à temps de travail et métiers équivalents, il descend à 4,3%. Ce dernier chiffre serait celui de l’écart inexpliqué auquel, donc, se fier davantage.
Mais il n’en est rien. Car nous ne sommes pas dupes : “les raisons qui expliquent et justifient les écarts salariaux sont truffées de discriminations implicites, de normes qui défavorisent certains sociogroupes, de croyances qui figent la perception de la valeur du travail des uns et des autres” pointe l’autrice Marie Donzel dans son essai Les Inégalités justifiées.
Eh oui, cette manière de chiffrer les inégalités salariales “a l’inconvénient de masquer des inégalités qui se situent en amont : le temps partiel subi, l’orientation des filles à l’école, le fait que les secteurs dits « féminins » paient moins bien. À raisonner à poste équivalent, on oublie aussi que les hommes ont tendance à choisir d’autres hommes pour les postes de pouvoir et que les femmes sont donc moins souvent nommées aux responsabilités (même si cela évolue) et touchent ainsi des salaires moins élevés” explique l’Observatoire des inégalités.
#2 - Les femmes sont 3 fois plus nombreuses en temps partiel
La parentalité et, à travers elle, la répartition de la charge des enfants, reste un facteur aggravant les inégalités salariales, et cela s’exprime notamment par le prisme du temps partiel. Selon les derniers chiffres de la Dares, le temps partiel concerne plus d'une femme sur quatre (26,6%) contre moins d'un homme sur dix (7,8%).
Mais ce n’est pas tout : le taux d’activité des femmes baisse avec la hausse du nombre d’enfants, et le salaire est, lui aussi, impacté pour plusieurs raisons. En équivalent temps plein, l’écart salarial atteint près de 43% à partir du troisième enfant, pointe une étude de l’Insee de mars 2024.
Si ces inégalités s’enracinent avec la parentalité, c’est parce que les femmes sortent ponctuellement du marché du travail, passent plus à temps partiel, mais aussi parce que la charge mentale et le travail invisible lié à la vie de famille freinent leur évolution professionnelle, là où les carrières des hommes ne sont presque pas affectées (avec un taux d’activité qui varie peu et dépasse 90%).
#3- 2/3 du temps de travail des femmes est consacré au travail domestique
Avez-vous déjà entendu parler de ce qu’on appelle “le travail invisible” ? Il s’agit de toutes les activités non rémunérées ou sous-payées, et donc non valorisées dans l’économie du pays. Pour vous donner une idée, les tâches domestiques, le soin aux personnes, la proche-aidance, le bénévolat ou encore le soutien apporté à une entreprise familiale, c’est du travail invisible.
Et c’est là qu’arrive l’info que vous n’aviez pas du tout vu venir : le travail invisible concerne beaucoup plus les femmes que les hommes. Selon l’ONG Oxfam, les Françaises consacrent aux tâches domestiques 3h26 par jour, contre 2h pour les hommes. Un travail domestique gratuit qui représente 2/3 du temps de travail des femmes, contre 1/3 pour les hommes. Et dans le monde, 42% des femmes n’occupent pas d’emploi rémunéré à cause de ce travail domestique, contre 6% des hommes.
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#4- 60% des aidant‧e‧s sont des femmes
À part les tâches domestiques, une autre modalité d’expression du travail invisible, c’est l’aidance. Être aidant‧e, ça consiste à aider de manière régulière, et sans rémunération, un proche handicapé, âgé ou en perte d’autonomie.
En moyenne, ces salarié‧es consacrent 9,8h par semaine pour aider leurs proches et, surprise : 60% des aidant‧e‧s sont des femmes (ce chiffre, issu du rapport de la Fondation des femmes, étant très certainement sous-évalué puisque beaucoup ignorent leur statut).
Un dévouement qui affecte directement leur carrière : les aidantes sont 25% à être à temps partiel par obligation, contre 10% des salarié‧es, sans compter le stress et l’épuisement professionnel induits par cette activité.
#5- Les femmes représentent 12% des dirigeant‧es de PME ou d’ETI
Selon l'INSEE, sur les 264 000 dirigeant‧es salarié‧es en France, seulement 21% sont des femmes. Un chiffre qui monte à 39% parmi les 3 millions de dirigeant‧es à la tête de leur propre entreprise.
Autre point notable : la sous-représentation des femmes à des postes de direction semble proportionnelle à la taille de l’entreprise. Plus cette dernière est grosse, moins elles sont nombreuses.
Ainsi, 4 entreprises sur 10 ont été créées par une femme en 2021, mais elles demeurent minoritaires (12%) parmi les dirigeant‧es de PME (petite et moyenne entreprise) ou d’ETI (entreprise de taille intermédiaire) selon une étude de 2022 de la BPI.