Emploi : quelle est cette malédiction des 35 ans qui sévit en Chine ?
En Chine, le marché du travail s’est énormément crispé depuis la pandémie de Covid. Dans un contexte économique délicat, les trentenaires en recherche d’emploi rencontrent de grandes difficultés face à des recruteurs qui privilégient les jeunes diplômés dynamiques. Une tendance qualifiée de “malédiction des 35 ans”…
C’est une malédiction qui sévit dans l’Empire du Milieu, une malédiction qui n’épargne personne, une malédiction dont on n’ose prononcer le nom : la malédiction des 35 ans. Elle s’abattrait sur tous‧tes les salarié‧es approchant cet âge, et les enfermerait dans un piège infernal : celui d’une insécurité d’emploi inévitable…
Des critères de recrutement âgistes
Si en France, on est considéré‧es comme seniors aux alentours de la cinquantaine, en Chine, les salarié‧es ont une date de péremption bien plus précoce. Mais cette rumeur n’est pas qu’une légende urbaine, elle a de vrais fondements.
De nombreux employeurs refusent ainsi de recruter les 35 ans et plus, et cette restriction est parfois mentionnée dès l’offre d’emploi. Une attitude âgiste qui ne s’arrête pas au secteur privé, mais concerne aussi la fonction publique qui ne recrute tout simplement plus après 35 ans.
Mais alors, comment les trentenaires obtiennent-ils leur job ? Surtout par recommandation ou grâce à des chasseurs de tête. Pour les autres, il faudra avoir un CV exceptionnel pour se démarquer. Ce phénomène a même pris la forme d’un slogan devenu viral sur les réseaux sociaux chinois : “À 35 ans, trop vieux pour travailler et trop jeunes pour partir à la retraite”.
Pourquoi les travailleurs de 35 ans sont-ils autant sur la sellette ?
On est d’accord pour dire que 35 ans, ce n'est pas bien vieux quand même… Et pourtant, aux yeux des employeurs, ces salarié‧es seraient moins énergiques, moins investi‧es et moins dociles, plus cher‧es que les jeunes diplômés et moins enclin‧es à faire des heures sup.
Mais la malédiction des 35 ans s’inscrit aussi dans un contexte économique post-pandémie compliqué en Chine, avec un marché du travail complexe touché par une concurrence croissante.
Rien qu’en 2020, le taux de chômeurs de plus de 35 ans ayant déposé un CV sur la plateforme de recrutement Zhaopin avait augmenté de près de 15%, par rapport à 2019.
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Un contexte d’emploi qui affecte la vie perso de ces trentenaires
Comme ces trentenaires visent à tout prix une stabilité professionnelle, ils retardent leur mariage (d’ailleurs le nombre de mariages a chuté de 10,5% en 2022 d’après le New York Times).
Et là, c’est la double peine pour ces salarié‧es confronté‧es à une injonction paradoxale très forte en Chine : à savoir être performant‧e au travail, mais aussi fonder une famille. "J'ai 35 ans et pas d'enfants, quand je dis cela aux recruteurs, je sens qu'ils perdent tout intérêt pour ma candidature" raconte une jeune femme.
Donc, pour résumer : il faut un emploi stable pour fonder une famille, mais il faut une famille pour être employable. Un véritable casse-tête chinois…
