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Pourquoi dit-on “travailler au noir” ?

Vous savez ce que ça veut dire, vous savez que c’est pas très légal (voire pas légal du tout), mais vous ne savez certainement pas d’où vient l’expression. C’est le moment de prendre un petit cours d’histoire (rapide, promis).


3 min
28 octobre 2024par Yannick Merciris

Le travail au noir “est un terme employé pour définir le fait de ne pas déclarer tout ou partie de son travail ou de son activité”. Voilà ce que dit Wikipédia sur le sujet. Mais vous êtes déjà posé cette étrange question : au fait pourquoi on parle de travail “au noir” ? Si oui, bravo, vous êtes curieux. Si non, pas grave, on va tout vous révéler. Dans les deux cas, installez-vous et profitez de cette drôle d’histoire qui mêle bougie, chevaliers… et Dieu.

Une seule et simple règle à suivre

Je vous propose de faire un bond dans le temps, et d’aller visiter le Moyen Âge. Pendant cette charmante période où princesses, chevaliers et dragons semblaient cohabiter presque en paix (si on en croit la littérature de l’époque), il parait qu’une vie bien plus réelle, terre à terre et pragmatique existait aussi. Les gens se levaient pour aller bosser.

Mais, on ne travaillait pas dans n’importe quelle condition. Pas de normes écolos, ni d’Union européenne ou de contrôle qualité, il y avait une règle très simple à suivre : ne pas travailler de nuit. Et là, effroi, vous devez vous dire : “Pourquoi diantre ne pouvions-nous pas bûcher une fois le soleil couché ?”.

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Pour deux raisons principales. La première : Dieu a créé le jour pour bosser et la nuit pour se reposer. Il faut savoir qu’au Moyen Âge, la religion chrétienne est très présente, il est donc inconcevable de vivre dans le péché. C’est d’ailleurs pour la même raison qu’on ne travaille pas le dimanche. (”Dieu acheva au septième jour son œuvre, qu'il avait faite : et il se reposa au septième jour de toute son œuvre, qu'il avait faite”. Genèse 2:2)

Seconde raison : on veut éviter les arnaques et autres entourloupes. Ce qui se fait à la lumière peut être plus facilement surveillé, alors que dans la pénombre, on peut potentiellement truquer. Genre mettre un peu moins de viande dans son sandwich, un peu moins de mayo sur les frites, et un peu moins de bière dans le godet. Et ça, c’est pas cool.

N’est pas Dark Knight qui veut

Tout ça est donc très réglementé. Et ce n'est pas que pour les commerçants… les chevaliers, eux non plus, n’ont pas le droit de croiser le fer dans le noir. Selon l’Université d’Aix-Marseille qui a écrit sur le sujet, “il est interdit de travailler la nuit, comme il est interdit aux chevaliers de se battre après la tombée de la nuit. Les créatures nocturnes, qui rodent la nuit, sont jugées négatives, voire diaboliques, à l’instar du chat ou du hibou”. Un hibou, je peux comprendre, mais un chat, c’est mignon, non ?

Ok, super, mais tout ça ne nous dit pas vraiment comment on en est arrivé à ce que le travail illégal soit lié au noir. Ça arrive…

Certains esprits malicieux se disent alors : “OK, on n’a pas le droit de bosser dans le noir… mais si j’allume une bougie, on n’est plus dans le noir ?” Malynx… mais toujours illégal. Et c’est comme ça que le travail au noir est né. Le travail illégal, c’était juste le travail dans le noir.

D’ailleurs, si on utilise l’une des expressions anglaises pour le dire, c’est encore plus parlant. "To moonlight", ce qui signifie littéralement travailler à la lumière de la Lune (donc la nuit).

Allez bonne nuit, l’histoire est finie…

Yannick Merciris

Head of Editorial The Daily Swile

Journaliste qui aime autant les mots que le ballon rond. Vu que je gère mieux le premier que le second, j’ai décidé […]

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