société

Travail en 2050 : moi, senior et sexy comme jamais au boulot

Vous ne le savez peut-être pas, mais en 2050, on s’arrachera pour bosser avec les seniors. Petit bond en avant d’un quart de siècle…


5 min
30 décembre 2024par Yannick Merciris

6 ans. C’est le temps qu’il me reste avant de pouvoir prendre officiellement ma retraite. J’aurai 68 ans, et j’aurai assez bossé, je crois. Après les réformes Attal, Bardella et Hanouna, c’est sous l’administration Mbappé que j’ai su à quel âge j’allais pouvoir partir à la retraite. Sur le papier, ça peut faire beaucoup mais… n’oublions pas que nous sommes en 2050. Et qu’en 2050, être senior, n’a jamais été aussi sexy sur le marché du travail.

6h15 : Comme quasiment tous les jours, ma journée débute tôt (pour la France) par une visio mentale avec l’Inde. Le pays le plus peuplé du monde est devenu un acteur clé dans l’économie mondiale. Étant membre d’un panel d’experts, j’accompagne les équipes marketing de plusieurs start-ups indiennes pour mieux appréhender le marché européen. Du consulting pour apprendre à mieux nous connaitre.

Et quand je dis “nous”, je parle de “nous les vieux”. Car si la population croit partout dans le monde, en Europe, on vieillit… mais on a encore du pognon. Et ça, ça intéresse beaucoup. En gros, il me paie pour que je les aide à mieux acheter leurs produits derrière, une sorte de gagné-dépensé qui satisfait tout le monde.

1 Français sur 3 a plus de 60 ans

En France, ce constat est particulièrement vrai. On n’a jamais été aussi nombreux, donc forcément, on s’intéresse à nous. On est à la fois le coeur du business, et le coeur de l’activité. Aujourd’hui, 1 Français sur 3 a plus de 60 ans, une augmentation dingue, prévisible (mais pas toujours bien anticipée) de 80% en 45 ans.

Mais tout ça, c’est un débat qui n’a plus lieu d’être. Le président Mbappé l’a bien dit lorsqu’il a fait campagne pour son second mandat en 2047 : Il ne faut plus parler d’âge, mais de compétences. Je me suis toujours battu pour que la fiche d’état civil n’empiète pas sur le CV. Si vous êtes bon, vous travaillez, peu importe votre âge, point final”.

Avez-vous votre diplôme en intergénérationnalité ?

9h30 : C’est l’heure pour moi d’arriver… à l’école. Pas pour reprendre des cours et passer un diplôme honorifique, mais bel et bien pour endosser celui de professeur. Résident permanent à l’Université, j’enseigne la communication professionnelle intergénérationnelle. Un cursus de 35h qui pose les jalons pour que la Gen Alpha-Bêta arrive à s’accorder avec la GenZ. Et quoi de mieux qu’un bon vieux Millenial pour mettre un peu d’huile dans les rouages. Je crois que notre sagesse apaise.

Ça aide aussi énormément à débiaiser un monde du travail qui a encore quelques relents d’âgisme, malgré tout. Il y a encore un quart de siècle, un rapport (de l’ONU et de l’OMS) estimait “qu'une personne sur deux dans le monde a des « attitudes modérément ou fortement âgistes »”. Sauf qu’aujourd’hui, discriminer les seniors, c’est se priver tout simplement de sa force de travail principal. Au dernier recensement de l’INSEE, nous étions environ 38 millions de personnes entre 20 et 64 ans, soit 1 Français sur 2 en âge d’être actif. Enfin, ça, c'était avant qu’on doive bosser 4 ans de plus.

Je suis Seniopreneur, et j’adore ça

14h30 : Je m’installe dans mon co-work favori : la maison de l’intergénérationnalité, en plein cœur de Saint-Malo (oui, j’ai cédé aux sirènes des plages bretonnes et ses 35° l’été me comblent parfaitement). C’est le moment de la journée où je gère toutes les missions et les demandes que je reçois. Mon solide background dans le monde des médias et du monde RH me permet d’accompagner bons nombres d’entreprises, de dirigeants et de services marketing sur leur strat de communication. Dans les années 2020, on parlait beaucoup de freelancing. C’est si ringard quand j’y pense.

C’est pas pour me vanter… mais clairement je n’ai jamais été aussi sexy qu’à 62 ans : professionnellement parlant, bien entendu. Depuis mes 60 ans, j’ai pu ouvrir mon statut de silverpreneur (seniopreneur en VF). Un statut privilégié (merci les cadeaux fiscaux) issu du programme des “3000 derniers jours : pour “se retirer sans s’épuiser”” calqué sur le modèle des 1000 premiers jours. Vous l’aurez compris, je suis passé à la semaine de 4 jobs.

16h30 : Je file ensuite “donner” 1h de mon temps dans différentes associations. Je dis “donner” mais ce travail n’est pas vraiment gratuit, du moins pas pour tout le monde. Je pointe des heures qui sont ensuite cumulées sur mon CCR (Compte Crédit Retraire). 1h équivaut à 4h de temps de travail classique. Un dispositif mis en place par l’état pour rendre le travail associatif plus attractif. Grâce à ça, et aux trimestres pimpés acquis, je réunis sens et efficacité. Je partirai peut-être un peu avant 2056…

Mais mon job préféré, ça reste…

17h30 : Fin de journée pour moi. Enfin… pas vraiment. J’ai mon 5e job qui m’appelle. Celui qui me prend du temps, le plus d’énergie, mais qui m’apporte le plus de bonheur, je crois : m’occuper de mes petits-enfants. 1h30, trois fois par semaine. Mais ça, je ne veux jamais envisager de retraite…

Yannick Merciris

Head of Editorial The Daily Swile

Journaliste qui aime autant les mots que le ballon rond. Vu que je gère mieux le premier que le second, j’ai décidé […]

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