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Connaissez-vous la “quinzaine en 9 jours” ? La semaine de 4 jours en version soft

Alors que 77% des actifs s’y disent favorables selon l’IFOP, la semaine de 4 jours ne semble plus être un simple gadget RH, mais une révolution du temps de travail qui s’impose en profondeur. Mais même si les managers et dirigeants sont 67% à se montrer favorables au modèle, seule une infime poignée d’entre eux se jettent à l’eau. Et si un autre modèle était plus simple à mettre en place ? Découvrez le “9 days fortnight”.


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Le “9 days fortnight”, cela ne vous parle pas ? On vous rassure tout de suite, toute ressemblance avec le jeu “Fortnite” serait purement fortuite. C’est juste que traduit littéralement en français, cela perd illico presto de sa superbe : “la quinzaine en 9 jours”. Concrètement, il s’agit d’une forme plus soft de semaine de 4 jours, puisque celle-ci n’est effective qu’une semaine sur deux.

Pourquoi on la trouve intéressante ? Car elle représente une alternative solide à la semaine de 4 jours.Pour les entreprises qui ne seraient pas encore prêtes à sauter le pas (mais aussi une partie des collaborateurs car certains ont des craintes), il s’agit d’une bonne première étape pour préparer les équipes”, affirme Indya Pereira, consultante RH et spécialiste de la semaine de 4 jours.

Lever les réticences pas-à-pas

Malgré les peurs inhérentes au modèle, l’appétence des dirigeants pour la semaine de 4 jours est loin d’être anecdotique. Indya Pereira en a même fait son produit phare en lançant un programme d’accompagnement dédié afin d’aider chaque entreprise à trouver le modèle qui lui convient.

La semaine de 4 jours est clairement un win-win pour les entreprises. Elle permet de recruter, fidéliser et d’avoir un impact positif sur la RSE. Au bout du compte, contrairement aux idées reçues, elle permet de gagner de l’argent”, affirme-t-elle. Pour autant, elle suscite bien des craintes, à commencer par celle d’une perte sèche côté business (surtout pour les activités en “client facing”), et d’un allongement des journées de travail qui ne serait finalement pas bénéfique pour le collaborateur.

Face à ces questions, la “quinzaine en 9 jours” permettrait de résoudre une partie de l’équation. En ne faisant la semaine de 4 jours qu’une fois sur deux, l’impact sur la charge de travail est absorbé plus facilement. C’est la même chose pour la question de la productivité : en pratiquant ce modèle, l’impact est deux fois moins élevé, même si les études ont prouvé que la semaine de 4 jours était justement bénéfique pour le business”, poursuit Indya Pereira.

💡 Les 4 bénéfices de la semaine de 4 jours selon Indya Pereira (étude source)
  • Réduction du turnover allant jusqu'à 57%, améliorant la rétention du personnel et réduisant les coûts associés au recrutement et à la formation.
  • Augmentation des candidatures de 45%, ce qui signifie un accès à un bassin plus large de talents de qualité.
  • Amélioration de la productivité jusqu'à 25% grâce à des employés plus reposés et motivés, qui peuvent accomplir plus en moins de temps.
  • Croissance financière avec une hausse jusqu'à 35 %, démontrant que la semaine de 4 jours ne profite pas seulement aux employés mais est également une stratégie rentable pour l'entreprise. </aside>

“Figures” d’exemple

Dans l’Hexagone, peu d’entreprises ont mis en place le “9 days fortnight”. À notre connaissance, l’entreprise Figures, plateforme spécialiste de la gestion de la rémunération, est la pionnière du genre. C’est après avoir tenté durant 6 mois la semaine de 4 jours entre juin et décembre 2022 que l’entreprise a finalement pivoté vers un modèle un peu moins impactant.

“La semaine de 4 jours avait eu globalement un effet positif sur le bien-être des équipes, mais il était assez contrasté entre les équipes. La tech avait plus de facilités à s’organiser en 4 jours par rapport aux équipes sales, d’autant que nous étions dans une phase de forte croissance. Du coup, leur taux de satisfaction était moins bon, comme si ceux qui n’arrivaient pas à s’organiser en 4 jours culpabilisaient de ne pas y parvenir”, analyse Virgile Raingeard.

Alors, pour ménager la chèvre et le chou, ou plutôt tirer le meilleur des deux mondes, Figures a basculé vers un modèle hybride : la semaine de 4 jours, une semaine sur deux. Le résultat en 18 mois ? Un succès : le taux de satisfaction des employés est remonté au global, et le modèle semble compatible avec les objectifs de croissance de la start-up. Chaque collaborateur peut choisir de travailler le mercredi ou le vendredi, sachant qu’au moins une personne de l’équipe doit être présente, mais finalement, les demandes des salariés s’harmonisent naturellement.

Il n’y a pas d’impact sur le temps de travail, d’autant que nous fonctionnons sur la base d’un forfait jour donc c’est plus simple. En réalité, nous avons juste supprimé les RTT et ajouté deux jours de congés par mois. Notre philosophie est simple : il ne s’agit pas de travailler davantage, mais juste de conserver les mêmes résultats, sans baisse de salaire bien entendu”, résume le CEO de Figures qui se dit très satisfait de ce nouveau tournant organisationnel. “Finalement, c’est un modèle moins contraignant et engageant, idéal pour ceux qui sont attirés par la semaine de 4 jours, mais sans prendre trop de risques”, conclut-il.

Les 1001 visages de la semaine de 4 jours

Sachez enfin qu’il existe de multiples façons de mener à bien la semaine de 4 jours au sein des entreprises. Dans son ouvrage “32h ! La semaine de 4 jours, c'est possible”, le député européen Pierre Larrouturou rappelle les différentes manières de pratiquer la semaine de 4 jours :

  • Le classico : 4 jours sur 5
  • 1 semaine libre sur 5
  • 1 année sabbatique tous les 5 ans
  • Une alternance de semaines de 3 jours et de semaines de 5 jours (déjà effectif pour les chauffeurs routiers par exemple)
  • 1 mois sur 5 (pour certains chercheurs…)
  • 4 jours sur 7 (dans les hôpitaux, les transports…)
  • 4 jours sur 5 et demi, 4 jours sur 6 (dans la distribution)
  • Un week-end de 4 jours toutes les 2 semaines (le 9 days fortnight)

Un large éventail des possibles pour s’assurer de faire bonne pioche !

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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