Société

Le RH des JO, portrait d’une ascension fulgurante

Durant 6 années, il a œuvré en coulisses pour offrir au monde entier des jeux à la hauteur d’un cadre à nul autre pareil : Paris, et la France plus globalement. À tout juste 36 ans au début de l’aventure, Alexandre Morenon-Condé a, entre autres, piloté le programme des quelque 45 000 volontaires. Un parcours savamment pensé qu’il nous raconte avec un enthousiasme certain.

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Depuis le début de ma carrière, je rêvais d’un job qui n’existait pas, dans une entreprise qui n’existait pas”, nous lance-t-il, un large sourire aux lèvres. Alexandre Morenon-Condé est un quarantenaire au CV impeccable (il est aujourd’hui Directeur Organisation & Talent Management chez Chanel pour la zone Europe et Moyen-Orient).

En 2019, il commence à œuvrer pour la préparation des JOP avec sa casquette de RH. “Il est difficile de trouver les bons mots pour relater une telle expérience. C’est quelque chose qu’il faut vivre pour le comprendre. Aucun autre événement ne possède cette envergure”, poursuit-il.

Une carrière construite pas à pas

Pourtant, en matière d’organisation de compétitions de premier plan, l’homme n’en est pas à son coup d’essai puisque déjà, en 2007, il travaille pour la Coupe du monde de Rugby. “Avant cela, en 2004, j’ai moi-même été volontaire pour les Jeux d’Athènes. C’était une manière d’acquérir une première expérience en vue de réaliser mon rêve : celui de travailler à l’organisation des JO de Paris”.

Si son souhait est momentanément repoussé avec le rejet de la candidature de Paris aux JO de 2012, Alexandre conserve une détermination sans faille. Après des études de droit et un troisième cycle en management du sport dans la ville olympique de Lausanne, il choisit volontairement d’alterner ses expériences entre l'événementiel sportif et le monde des RH (chez l’Oréal, Eurosport ou TF1 notamment).

“Les bénévoles sont le visage des jeux”

Une double compétence qui lui permet peu à peu de gravir les échelons au sein du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Outre la gestion de sujets opérationnels comme les uniformes (un sacré morceau) ou encore la gestion de la workforce sur chaque site, sa principale mission consistait à piloter le programme des volontaires, soit une armada de 45 000 bénévoles qu’Alexandre a toujours considérée comme étant “le visage des jeux”... et qui ont littéralement surpassé tout ce que l’on pouvait attendre d’eux.

“Je suis convaincu que si les Jeux ont été à la hauteur, c’est notamment grâce à leur engagement sans faille. Pour ce faire, il fallait que nous leur offrions la meilleure expérience possible pour que cela se reflète dans leurs relations avec les spectateurs, les athlètes et les médias”, lance-t-il. Pari réussi puisqu’à la suite des Jeux, 97% des volontaires ont déclaré être satisfaits ou très satisfaits par leur expérience.

Une motivation intrinsèque hors normes

Des volontaires mus par une myriade de motifs : la fierté de montrer leur pays au monde entier, la volonté de participer à un événement unique, l’envie de créer du lien avec les autres, de développer des compétences ou même de se former en vue d’une prochaine expérience olympique comme ce fut le cas d’Alexandre. Leur point commun ? “Tous sont mobilisés par une forme de motivation intrinsèque et non des facteurs extérieurs comme la quête d’un salaire ou d’un statut social”.

L’appréhension de ces leviers de motivation s’est d’ailleurs avérée être l’un des principaux enseignements de cette aventure. “J’ai aussi grandi dans ma posture de manager puisque je suis passé de 0 à 100 collaborateurs dans mon équipe”, nous explique-t-il. Bien sûr, la capacité à gérer un projet d’une telle ampleur demeure le parachèvement de cette expérience hors normes.

“Je ne suis pas stressé de nature”

Mais d’ailleurs, comment appréhende-t-on un événement qui ne saurait tolérer l’échec ? Alexandre peut déjà compter sur quelques atouts personnels. “Je ne suis pas stressé de nature”, nous confie-t-il. Et puis, notre super RH a pris le soin de disséquer le projet marche après marche. Comment souvent, la stratégie des petits pas s’est donc révélée gagnante.

Il y a le temps de la planification, puis celui de la livraison. Quand la seconde période est enclenchée, il faut accepter que certains dysfonctionnements fassent partie du jeu. Et puis, nous savions parfaitement quel était le cap à suivre, nous l’avons répété pendant 6 ans, ce qui a facilité les arbitrages au dernier moment”.

Car des imprévus, les équipes en ont connu des centaines, à commencer par la pluie qui s’est invitée durant toute la cérémonie. “Pour la petite anecdote, nous avions prévu des ponchos de secours pour les volontaires sur tous les sites, mais nous n’en avions pas suffisamment pour le site de la cérémonie. Une partie de l’équipe a donc dû les rapatrier le jour J”!.

“Pas de blues post JO”

Autre question qui vous brûle les lèvres : comment atterrit-on après avoir vécu un tel moment ? De son côté, Alexandre nous assure ne pas avoir essuyé de blues post-événement. “On n’est jamais triste quand on réalise son rêve. Personnellement, j’ai la satisfaction du devoir accompli”, lance-t-il, osant une comparaison avec la série Friends dont le réalisateur disait ne pas avoir voulu lancer de 11ème saison pour laisser dans son cocon une série qui a frôlé la perfection pour nombre de ses fans.

Et puis, comme pour les athlètes, le chemin qui conduit aux médailles est souvent aussi beau que les trois dernières marches du podium. “Cela a beau durer 6 ans, chaque jour est différent. Et finalement, l’organisation commence très tôt. Dès 2019, j’ai dû travailler sur la charte des volontaires par exemple”.

En d'autres termes, les jeux sont le résultat d’un processus passionnant qui s’accélère à mesure que l’échéance approche. “Ce qui est incroyable, c’est que l’on travaille tous pour une même période. Nous sommes mobilisés collectivement derrière un seul et même objectif, ce qui est rare en entreprise”.

Restent maintenant les souvenirs olympiques que l’on rapporte à la maison, et dont la famille dit qu’il y en a parfois “trop”, plaisante Alexandre qui n’a décidément pas perdu la flamme.

Paulina Jonquères d'Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias [...]

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