Accidents du travail : 2 personnes meurent chaque jour dans le cadre de l’entreprise
En France, 2 personnes meurent au travail chaque jour, un chiffre qui fait de nous le 4ème pays où on meurt le plus dans le cadre de l’entreprise. Pour sensibiliser à l’urgence de cette problématique, le gouvernement a lancé depuis septembre une grande campagne de sensibilisation.
Si notre lieu de travail est supposé être une safe place, un endroit où l’on ne devrait pas se poser la question de notre sécurité ni même de la préservation de notre santé, la réalité est tout autre : chaque jour, en France, 2 personnes meurent au travail et plus de 100 personnes sont blessées, selon les chiffres du Ministère du Travail. Les résultats du 8ème Baromètre de la gestion des Accidents du Travail et des Maladies professionnelles mené en juin 2023 par OpinionWay alertent sur le manque de prévention en entreprise, contribuant au maintien d’une sinistralité qui demeure trop importante et ne baisse pas depuis 2020.
La France, mauvaise élève des accidents du travail
Au sein de l’Union Européenne, la France est le 4ᵉ pays où l’on meurt le plus au travail, d’après les derniers chiffres de 2021 relayés par France Info. Un léger progrès depuis 2019 où l’on occupait la première place. À titre d’exemple, en 2021, ce sont près de 640 000 accidents du travail qui ont été déclarés pour les salariés du régime général et du régime agricole. Parmi eux, 39 000 accidents du travail, avec des séquelles durables pour la victime, et près de 700 décès, rappelle le site du Ministère du Travail.
Parmi les secteurs les plus accidentogènes aujourd’hui, on compte l’industrie (45%), le transport (20%), le BTP (17%) et l’agriculture (12%), selon les chiffres du Baromètre 2023. Vu leur surreprésentation dans ces secteurs, les hommes sont les plus concernés par ces accidents avec 81% d’hommes contre 19% de femmes. Un écart qui se retrouve également concernant les maladies professionnelles, avec 68% d’hommes concernés contre 32% de femmes.
Les entreprises dans le viseur, entre ignorance et laxisme
Les conclusions du 8ème Baromètre de la gestion des Accidents du Travail et des Maladies professionnelles alertent sur la difficulté des entreprises à faire baisser la sinistralité globale, et pointe deux motifs : la méconnaissance des entreprises en matière de responsabilité et leur laxisme.
Pour réaliser cette nouvelle édition, ce sont 301 entreprises du secteur privé qui ont été sondées, avec un panel de répondants à large majorité de personnes décisionnaires (48% de PDG, directeurs, responsables, et 36% de RH). Un chiffre suffit à témoigner de cet état de déresponsabilisation : plus de la moitié des entreprises sondées (58%) déclarent ne pas disposer d’accord de prévention des risques professionnels.
Pour rappel, depuis le 1er janvier 2019, les employeurs d’au moins 50 salariés ont l’obligation de négocier un accord en faveur de la prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels dits “facteurs de pénibilité” si 25% des salarié‧es sont exposé‧es au-delà des seuils réglementaires, ou si l’indice de sinistralité est supérieur à 0,25.
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Prévention vs répression ?
L’employeur est responsable de la santé et de la sécurité des travailleurs‧euses, et a l’obligation légale de mener des actions de prévention des risques professionnels et de formation, ainsi que la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés, rappelle le site du Ministère du Travail.
Face au fléau des accidents du travail, la dimension répressive du système français reste inefficace : l'impact financier sur les employeurs n'a pas d'incidence sur le taux d'accidents du travail en entreprise, contrairement au cas des accidents de la route, estime Xavier Bontoux, avocat associé BDO, spécialiste en droit du travail et de la sécurité sociale, en constatant l’échec des politiques publiques lors de la conférence de restitution des résultats du Baromètre 2023.
C’est dans une démarche de sensibilisation des entreprises, mais aussi de réaffirmation des mesures légales, que le gouvernement vient de lancer depuis septembre une campagne de communication, sur le modèle des campagnes de la Sécurité routière. Un spot publicitaire de 30 secondes dont le slogan – “Sécurité au travail : responsabilité de l’entreprise, vigilance de tous” – adresse bien l’urgence de cette problématique non seulement aux employeurs et personnel en charge de la prévention en entreprise, mais aussi aux travailleurs et au grand public, pour une prise de conscience générale.