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Comment devenir un bon managé (et en quoi c’est vous rendre service) ?

On voit déjà certains d’entre vous bondir de leur chaise à la lecture de ce titre. Tout comme on dit qu’il n’existe pas de mauvais chevaux mais que des mauvais cavaliers, on applique souvent la même analogie à la relation manager-managé. Pourtant, doit-on continuer à accuser les managers de tous les maux ? Les managés n’ont-ils pas aussi leur part de responsabilité ?


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On rejoint une entreprise et on quitte un manager : le proverbe a été maintes fois prouvé par les études. Les managers et leurs méthodes influencent effectivement jusqu’à 70% le taux d’engagement des collaborateurs (institut Gallup). Alors, pas étonnant que les articles-conseils sur le management pullulent sur la toile. Mais ce que l’on voit beaucoup moins souvent, ce sont des papiers nous expliquant comment devenir de bons managés.

Finalement, cela n’a rien de très étonnant. Une personne qui se demanderait comment devenir un bon managé aurait rapidement l’air d’un mouton, carpette devant son manager. Car c’est vrai, il existe bien une asymétrie de pouvoir. C’est bien le manager qui donne la direction, les objectifs et tutti quanti. “Mais ce à quoi l’on pense moins, c’est qu’il y a à l’inverse une asymétrie d’enjeux. Avoir une bonne relation est finalement plus déterminant pour le managé”, souligne Michael Obadia, fondateur du cabinet de recrutement Upward. Promotion, augmentation, prise de référence, contenu du poste… le manager est omnipotent sur l’avenir de son managé. Sans compter que la qualité de la relation est déterminante pour le bien-être du managé au quotidien.

Le manager est-il un client comme les autres ?

Alors le constat est simple, si l’on veut réussir dans une entreprise, il n’y a pas quatre chemins : on ne peut être qu’un bon managé. D’ailleurs, plus un manager est mauvais, plus un managé doit exceller. Cela ne signifie pas donner dans la complaisance ou s’écraser. Mais plutôt faire preuve de proactivité, demander du feedback, soigner sa communication, être dans une posture d’écoute. “Finalement, c’est comme s’occuper d’un client dans un 5 étoiles. Il faut comprendre ses propres enjeux, se mettre à sa place. Il est essentiel de combler, voire devancer ses attentes, ce qui ne signifie pas qu’il a le droit de se comporter comme il veut. Lui aussi est soumis à des règles”, illustre le fondateur d’Upward.

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💡 Le témoignage de Fanny, ex-Directrice de magasin
“J’ai moi-même été une mauvaise manager par le passé, je n’ai pas fait assez preuve de reconnaissance. Mais après avoir été réellement formée pour ce rôle, j’ai ensuite dû gérer de mauvais managés, notamment une collaboratrice qui arrivait alcoolisée au travail dans une tenue absolument pas adaptée, et qui, après avoir fait une grosse erreur de caisse, a tenté de me faire porter le chapeau en me dénonçant pour non-respect des process”.
”À chaque fois que je lui exposais des éléments factuels, elle balayait ce que je lui disais d’un simple “c’est ton ressenti”. Donc j’avais beau essayer de faire au mieux, il était impossible de la manager. Après mon départ, cela a été compliqué avec tous mes successeurs. Malgré tout, je me suis beaucoup remise en question et après plusieurs expériences difficiles, j’ai fini par changer de métier pour me tourner vers le recrutement”.
”Sans tomber dans des cas extrêmes comme ce que j’ai pu vivre, je suis convaincue que tout managé a aussi son rôle à jouer pour que la relation se passe bien. Le plus important selon moi est que la relation soit placée sous le signe de la confiance et transparence. Cela signifie exprimer ses besoins régulièrement (ne pas attendre l’entretien de fin d’année), être capable d’argumenter et d’être force de proposition. Bref, adopter une posture d’adulte !”

Mais alors, comment devient-on un bon managé ?

1. Soigner la première impression

La première impression, ça compte ! La science a maintes fois prouvé qu’il ne s’agit pas d’un mythe. “Il est donc essentiel de gagner la confiance de son manager dès le démarrage si l’on veut optimiser ses chances de bien progresser par la suite”, recommande Michael Obadia. En outre, le manager est tenu responsable de la qualité du travail de son managé, même s’il ne maîtrise pas ce qu’il fait au quotidien (d’où une propension chez certains au micro management, mais passons). Alors, les premiers temps, il faut souvent cravacher pour combler ses potentielles lacunes, accepter quelques sacrifices, rester plus tard, se coltiner des tâches peu passionnantes, et même veiller au bon déroulement de son propre onboarding.

2. Accepter que son manager soit un humain comme les autres

Même si un managé apprécie son manager au démarrage, il va avoir tendance, par la suite, à s’habituer à ses qualités puis à se focaliser sur ce qui est moins satisfaisant”, regrette le fondateur d’Upward. Pourtant, tout manager va forcément commettre des erreurs et avoir besoin de son managé pour progresser en chemin. Alors, il est essentiel d’avoir une posture de bienveillance et d’empathie envers lui. Quelque part, l’exercice est un peu contre-intuitif car c’est ce que l’on attend d’ordinaire d’un manager. Mais comme dans toute relation, le managé a lui-aussi son rôle à jouer pour préserver la qualité de la relation. Surtout, cela lui permet d’être acteur de celle-ci et ne pas la subir.

3. Oser demander plus de précisions

La plupart des managés n’osent pas faire répéter les instructions, ou demander plus de précisions. “Pourtant, ne pas rendre le travail attendu est souvent la source des conflits. Certes, un excellent manager fournira lui-même les informations nécessaires à la bonne conduite d’un projet, mais si tel n’est pas le cas, le managé doit être proactif. Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que c’est avant tout dans son intérêt de l’être”, observe Michael Obadia. En effet, 90% des managers attendent de leurs managés qu’ils leur fassent gagner du temps (on ne parle donc pas des managers toxiques et tordus en tout genre).

4. Expliquer son propre mode de fonctionnement

Certains managés ont besoin de beaucoup d’autonomie, de challenges,  d’autres attendent des directives, ont besoin d’écoute… Bref, nous avons tous nos propres besoins. Et le manager, surtout durant les préliminaires de la relation, ne les connaît pas. Alors n’hésitez pas à lui donner les clefs pour qu’il puisse mieux comprendre comment vous manager.

5. Éviter de se plaindre de lui

Même si au départ, la relation avec son manager était bonne, un managé a vite fait de basculer en entendant d’autres collègues gossiper. Il s’agit d’une manière de s’intégrer au groupe en racontant des anecdotes parfois drôles, et puis, se plaindre, il faut le reconnaître, ça soulage sur le moment. “Le problème, c’est qu’en faisant cela, on entre dans une posture parfois inconsciente d’opposant à son manager. Et cela grève toute possibilité d’amélioration de la situation au travail”, relève notre interlocuteur qui estime qu’une fois de plus, c’est bien le managé qui se tire une balle dans le pied.

6. Dire quand on a un problème personnel

Sans entrer dans les détails, il est important de dire à son manager quand on rencontre des problèmes personnels qui peuvent affecter la motivation, l’engagement, le respect des deadlines.

7. Ne pas chercher à se faire aimer en tant que personne

On pense souvent qu’il faut que notre manager nous apprécie en tant qu’être humain, et vice versa, pour que la relation se passe bien. Dans la réalité, c’est faux. “On peut avoir une super relation de travail avec une personne que l’on n'apprécie pas, parce que l’on est capable de voir la qualité de son travail”, poursuit Michael Obadia. Bref, l’enjeu de votre manager n’est pas de vous trouver suffisamment sympa pour aller partager un apéro. Il attend de vous que vous soyez compétent, parce que c’est grâce à vous qu’il pourra atteindre ses propres objectifs.

Bref, ne laissez pas aux seuls ambitieux la possibilité de faire carrière. Prenez soin de votre relation avec votre manager : c’est encore et toujours la voie directe pour continuer à progresser dans l’entreprise.

Paulina Jonquères d’Oriola

Journaliste

Journaliste et experte Future of work (ça claque non ?), je mitonne des articles pour la crème de la crème des médias […]

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